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Diafarabé se meurt !
Publié le mercredi 17 mai 2017  |  Le Reporter
Inondation
© aBamako.com par Rédaction
Inondation à Nara
De fortes pluies se sont abattues du 12 au 15 Aout dernier sur la ville de Nara. Ces précipitations ont provoqué des dégâts matériels sur 78 concessions et entrainant 647 sinistrés, sans abris.
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S’il y a aujourd’hui une localité du centre du Mali dont la situation sécuritaire a dépassé le seuil du tolérable, c’est bien la commune de Diafarabé dans le cercle de Tenenkou.

Depuis l’assassinat de l’agent des eaux et forêts au mois de mai 2016 par trois djihadistes en plein centre ville, un jour de foire, les villages de la commune de Diafarabé ne dorment plus. Les populations subissent en permanence toutes sortes de menaces et d’actions ” djihado-terroristes”. Tristesse, désolation, désespoir, peur, frustrations, psychose généralisée, etc., rythment le quotidien des résidents et non résidents de Diafarabé.



Il est de notoriété que Diafarabé est devenu presque le fief des djihado-terroristes. Ils y mènent allégrement des attaques et des menaces de toutes sortes non seulement contre l’armée et l’administration, mais aussi contre des leaders locaux (politiques et religieux), des cadres ressortissants et de simples citoyens.

Récemment dans un post, nous nous réjouissons que les peuhls et les bambaras aient enterré la hache de guerre. Eh bien, nous avons vite déchanté lorsque nous avions eu la précision que c’est plutôt les habitants du village de Sene Marka (essentiellement composé de bozos et markas) qui venaient de faire la paix avec leurs frères peuhls. Or, le problème c’est plutôt avec le village de Sene Bamanan. Les bambaras (grands agriculteurs) ne peuvent plus venir à la foire hebdomadaire à Diafarabé depuis le conflit meurtrier entre peuhls et bambaras de Ké-Macina. Leur chef dozo, un certain Mama Dembélé, s’est muré dans une forteresse et ne veut plus entendre parler de négociation, car prêt à en découdre avec ses frères peuhls.

Dans la même veine, près de 300 peuhls venant de Ké-Macina sont installés à Diafarabé depuis des semaines, créant une autre situation humanitaire intenable. Certains parmi eux sont soupçonnés d’être de ceux qui sèment la terreur dans la zone. La dernière décente des djihadistes à Diafarabé remonte à la semaine dernière. Le samedi 6 mai 2017 entre 18h et 19h, six terroristes habillés en treillis sur trois motos sont venus brûler toutes les affaires d’un jeune vendeur d’alcool du nom de Adama Diarra dit Dama.

Ce jeune natif du village est un ancien aventurier du Nigeria qui est revenu s’installer dans la vente d’alcool et le banditisme. Il faisait son commerce au vu et au su de tout le monde, hypothéquant ainsi l’avenir de beaucoup de jeunes. Il a pu s’échapper et s’enfuir, car les assaillants s’étaient d’abord trompés d’adresse et ont mis le feu chez les voisins avant qu’on ne les mette sur la bonne piste. La toute dernière action des terroristes date du jeudi soir 11 mai où ils ont chargé un responsable de jeunesse d’informer les jeunes de l’interdiction de jouer au football à partir du vendredi 12 mai 2017. Comme si cela ne suffisait pas, ils auraient interdit également les cérémonies festives à l’occasion des mariages.

Aujourd’hui, la situation socio-économique et sécuritaire de Diafarabé est critique. Toutes les activités génératrices de revenus se sont effondrées plongeant la commune et ses environs dans un marasme économique inqualifiable et une détresse sociale profonde.

Diafarabé est une commune bénéficiaire de l’électrification rurale du projet AMADER. Mais depuis plus d’un an et demi, le prestataire adjudicateur KAMA-SA ne fournit plus d’électricité et les populations n’ont eu droit à aucune explication à ce jour. Cette situation insupportable interpelle sérieusement les pouvoirs publics, notamment le ministère de l’Energie et de l’Eau dont relève l’AMADER. Diafarabé ne mérite pas de rester dans le noir au moment où les pouvoirs publics prônent l’accès de tous à l’électricité.

Il convient de rappeler que depuis l’éclatement de la crise djihadiste, les écoles de Diafarabé sont fermées. Cette autre obscurité qui hypothèque évidemment l’avenir des enfants, tue toute chance pour eux d’être au même niveau que leurs semblables vivant dans des zones plus stables. Diafarabé a bénéficié d’un projet de protection de ses berges contre les eaux du fleuve Niger dont les travaux ont été lancés en 2009, avec un budget initial de 4 milliards. À ce jour, les travaux sont arrêtés depuis presque deux mois et près de 13 milliards de francs Cfa (l’équivalent du budget de la route Kemacina -Diafarabé en cours) ont déjà été dépensés.

La menace d’inondation reste d’actualité chaque hivernage. Le ministère de l’Environnement et l’AGETIP (maître d’œuvre du projet) sont fortement interpellés. Il est temps d’en finir avec ce gouffre financier au relent de mauvaise gestion, pire, de malversations. Un audit sera le bienvenu à la fin des travaux. Au regard de cette triste situation que vivent les populations de la commune de Diafarabé, marquée par une absence totale de l’administration, où les résidents sont terrorisés et où les cadres ressortissants sont empêchés de séjour, que pourrait-on dire d’autre si ce n’est que Diafarabé se meurt ?

Lassine DIALLO
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