Un sale vent souffle sur la police malienne. Elle était déjà divisée entre le Syndicat national de la police dirigé par Siméon Kéita et un syndicat dissident dirigé par Tidjani Coulibaly. A présent, un nouveau mouvement de policiers en colère sort bruyamment des bois : le Mouvement du Renouveau de la section syndicale de la police nationale.
Ce Mouvement est dirigé par le sergent Jean Antoine Samaké. Sans se donner une identité de syndicat, le Mouvement vient d’adresser au ministre de la sécurité, le général Tiefing Konaté, une lettre du 5 février 2013 où il accuse le Syndicat national de la police des faits suivants:
- confiscation des armes et du matériel roulant de la police;
- création illégale d’une brigade de recherche et d’unités opérationnelles qui agissent sans ordre de l’administration;
- patrouilles et perquisitions sans mandat des autorités légales.
Le Mouvement dit condamner ces agissements et exige, entre autres, la réintégration des armes dans les magasins de la police nationale. Joint par nos soins, le secrétaire à la communication du Syndicat national de la police, M. Tounkara, accuse des hommes politiques, notamment un ex-candidat à la présidentielle, de manipuler du nouveau Mouvement. Il nie que son syndicat ait fait main basse sur les armes et le matériel roulant de la police.
Il reste que la police nationale encourt, dans son ensemble, de sérieux reproches. En effet, elle a été interdite de garder les locaux de toutes les institutions qui relèvent de l’ambassade ou du consulat de France. C’est, par exemple, le cas de l’ambassade elle-même, du Centre culturel français, de l’école française Liberté A. Pourquoi ce divorce de la police d’avec les représentants d’un pays engagé dans la guerre de libération du nord?
Nos sources font état de ce que la police aurait refusé de garder l’ambassade de France le 11 janvier 2013, jour du déclenchement de l’opération Serval contre les colonnes jihadistes à Konna. Selon le chargé de communication du Syndicat national de la police, il n’y a jamais eu de refus de la police de garder l’ambassade le 11 janvier; notre interlocuteur reconnaît, en revanche, que la police ne garde plus les institutions françaises au Mali.Il rappelle que cette situation est due à deux événements malheureux :
- l’ambassade de France s’est, du temps où Niamey Kéita dirigeait la police, donc sous ATT, plainte de ce qu’au lieu de garder avec vigilance les locaux dont ils ont la charge, les policiers prenaient du thé ou se distrayaient en violation des règlements;
- le 29 septembre 2012, des éléments incontrôlés de la police, manipulés, selon le chargé de communication, par des politiciens, ont effectué des tirs en l’air devant l’ambassade de France.
Ces motifs combinés ont poussé l’ambassadeur actuel, Christian Rouyer, à écrire au ministre de la sécurité pour demander le remplacement des unités de la police par celles de la garde nationale pour toute mission de protection des institutions françaises au Mali. Le ministre n’a pu que s’incliner devant la demande d’un ambassadeur devenu extrêmement puissant depuis que son pays a déployé 4000 hommes et une armada d’engins de guerre sur notre sol.
En tous les cas, le temps nous paraît venu que la police se réconcilie avec elle-même car le peuple a déjà fort à faire de la division et les affrontements meurtriers entre bérets rouges et bérets verts.