C’est leur droit de rêver. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République en France, comme un effet de mode, ils sont plusieurs jeunes politiques maliens à vouloir se prendre pour ce jeune homme de 39 ans. Ils s’inventent déjà un destin présidentiel. Ce qu’ils oublient c’est que n’est pas Macron qui veut.
Parmi ces « Macron Maliens », en tête d’affiche, on retrouve l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, qui expliquait récemment sur une chaine privée que les Maliens devaient s’inspirer des Français en confiant le pouvoir en 2018 à un jeune et l’ancien candidat de l’ADEMA à la présidentielle de 2013, Dramane Dembélé.
Si le premier est adoubé par une certaine partie de la population, le second fait partie aujourd’hui des personnalités politiques les plus décriées par les Maliens, en raison de son passage catastrophique au ministère de l’urbanisme et de l’habitat. Aucun des deux n’a eu l’audace macronien pour quitter ses fonctions de Premier ministre ou de ministre pour proposer une alternance. Il a fallu qu’ils soient tous débarqués pour qu’ils commencent à prendre leur distance avec le régime d’IBK. Ce qui n’est pas le cas pour le plus jeune Président français. Lequel a eu l’audace et le courage de démissionner pour créer son mouvement « En Marche » qui l’a conduit à l’Elysée. Macron a su convaincre les français sur sa démarche et son programme de reformer la France.
C’est vrai : l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, a de bonnes idées. Il est un des meilleurs de sa génération. S’il ne s’était pas compromis avec ce régime, il aurait pu incarner une alternative réelle. En cas d’échec du régime d’IBK, Moussa Mara en serait comptable au même titre que Dramane Dembélé pour avoir occupé le fauteuil de Premier ministre pendant huit mois. C’est lui qui est également responsable de la perte de la souveraineté du Mali sur la région de Kidal. S’il n’avait pas participé à la gestion de ce pouvoir, il aurait pu être le « Macron Malien » fort de son bon bilan à la tête de la mairie de la commune IV et de son expertise avérée sur des questions économiques et de gouvernance.
Le second, Dramane Dembélé a eu la chance de sa vie. Il n’a pas su en profiter. Il a eu le privilège d’être le candidat du plus parti au Mali à 46 ans seulement comme un certain Alpha Oumar Konaré. Malheureusement, ce boubou a été trop grand pour lui. Il a manqué de personnalité pour rassembler les abeilles. L’ADEMA s’est classé 3e à la présidentielle de 2013, une première dans l’histoire du parti de l’abeille. Après cet échec, on lui a encore donné la chance pour se rattraper en lui confiant le très stratégique département de l’urbanisme et de l’habitat, en charge de la gestion des logements sociaux. C’était l’occasion pour lui d’entrer dans le cœur des Maliens à jamais, en faisant une bonne gestion programme présidentiel. Au contraire, il s’est illustré par une gestion catastrophique dans la distribution des logements sociaux. Est-ce un tel homme politique peut incarner Emmanuel Macron au Mali ? Que nenni ! C’est vrai que tout le monde peut nourrir l’ambition légitime de vouloir gouverner son pays, mais au Mali il en faut plus pour drainer les Maliens vers soit comme l’a su le faire Macron en France, avec des idées nouvelles.
Youssouf Bamey