Faire le marché à Bamako, est tout sauf une promenade de santé. Ce ne sont pas les ménagères qui diront le contraire. Elles qui ont vu le prix des denrées s’engouffrer dans l’ascenseur ces six derniers mois.
Il n’est pas donné au premier venu de faire le marché dans la cité des trois caïmans. Il est loin, très loin, le temps où les femmes revenaient du marché, avec le panier plein de condiments, de viande ou de poisson. Elles concoctaient des sauces, dont elles seules avaient le secret. En ce mois de mars, qui leur est dédié, nos mères n’ont pas vraiment la tête à la fête. L’argent qu’elles reçoivent pour faire bouillir la marmite est de loin suffire. Et, c’est leurs maigres économies, tirées de leurs petits commerces, qui en pâtissent.
Le kilo de viande est vendu à 2000 cfa contre 1800 il y a peu. Le sucre, le haricot, le riz, l’huile et même les légumes – qu’ils soient importés ou produits localement – ne sont plus à la portée du Malien moyen.
Selon Mme Fofana Aminata Fofana, femme au foyer, le problème c’est que, ce ne sont pas les hommes qui font le marché. « Pour résoudre ce problème, il ne faut pas aller par quatre chemins. Il faut amener les hommes à faire eux-mêmes le marché. Soit, ils reverront à la hausse l’argent de la « popote »; soit, ils arrêteront d’augmenter le prix des denrées sur le marché. Parce que, derrière les hausses des prix se cachent, j’en suis sûre, des hommes animés uniquement par le profit », dit-elle.
Quant à Mme Kadiatou Coulibaly, femme au foyer depuis une trentaine d’années, elle s’indigne de voir, à quelle vitesse les prix des denrées augmentent sur le marché. « Chaque année, pendant le mois de ramadan, les commerçants augmentent les prix de certains produits en promettant qu’une fois, cette période de forte demande passée, les prix reviendraient à la normale. Mais il n’en est rien. Une fois ces prix augmentés, ils ne baissent plus. Par exemple, le prix de la viande a été augmenté parce que, disait-on, le bœuf était cher. Aujourd’hui le prix du bœuf a baissé partout; mais le prix du kilo de la viande poursuit son ascension», déplore-t- elle. Avant de s’interroger sur le silence, pour le moins assourdissant, des associations de défense des droits des consommateurs.
En tout cas, au rythme où vont les choses, certaines femmes ont déjà adopté le »système du sachet noir ». Ce système qui consiste à mettre ses condiments, non pas dans un panier, mais dans un sachet noir. Pour qu’il soit à l’abri des regards indiscrets.