L’Autorité Routière (AR) n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres, en vue de sa privatisation. Du moins, pas à notre connaissance. Mais tout porte à croire qu’elle est victime, depuis un certain temps, d’une Offre Publique d’Achat (OPA) qui ne dit pas son nom : elle est au service exclusif du Directeur Général, Moulaye Ahmed Boubacar dit Baba Moulaye et de ses parrains: gestion clanique des ressources humaine et financière ; achat de conscience et de silence ; magouille et affairisme à ciel ouvert… Tout y passe sans que cela n’offusque personne. Décidemment, l’AR porte les germes de sa propre destruction. Et les derniers recrutements en date en dit long sur la gabegie ambiante de la direction du service.
Le recrutement en question, ce n’était pas dix, c’était bien plus. Et c’est par voix de presse que les travailleurs de l’Autorité Routière l’on apprit. À la stupéfaction de tous.
À en croire la Décision N°048 du 2 mai dernier, ce sont trente (30) agents de péage qui viennent d’être recrutés. Le cabinet Synergie Conseil a évidemment émis un rapport de mission relatif à la procédure de recrutement, datant seulement du mois d’avril. Histoire de jouer la transparence. Mais, actuellement, c’est le tollé général parmi les agents en service. Ce premier recrutement ne s’est-il pas encore passé dans l’opacité ? Quels ont été les critères de sélection ? N’aurait-on pas privilégié le fait partisan ? Autant de questions qui taraudent les méninges.
Sur les trente nouveaux agents, l’on retrouve six (6) femmes. D’aucuns proviennent de Tombouctou, Ségou. D’autres sont de Bamako, Kati, Koulikoro. Les intéressés observeront une période d’essai renouvelable une fois. Ils sont classés dans la 8ème catégorie, échelon A de la convention collective fédérale du commerce …. En la matière, la politique nationale d’emploi privilégie les jeunes. Mais, sur la Décision N°048, l’on constate que le benjamin est un certain Zoumana Djiré, né en mars 1993 à Sébougou. Le doyen, le plus âgé des recrues, a pour nom Mahamadou Assoum, né en juin 1960 à Ségou. 1960 – 2017, cela fait 57 printemps. Normalement, avec la catégorie concernée, c’est la retraite. L’intéressé répondrait-il aux conditions physiques indispensables à l’exercice de la tâche ? Sur la même Décision, les 30 recrues sont classés dans la 8ème Catégorie, Échelon A de la Convention Collective du Commerce et bénéficient à ce titre d’une rémunération brute mensuelle de 123 872 FCFA (lisez les facs simulés). Le doute n’est-il pas alors permis? Si ce ne sont pas de proches parents que l’on recrute ça et là, ce sont des militants RPM de la commune V.
Toutefois, le dirlo de l’Autorité Routière, un responsable du RPM, le parti au pouvoir, croit que c’est ainsi que l’objectif présidentiel de 200.000 emplois serait atteint. Qu’il se détrompe.
Actuellement, des retards de salaires sont accusés au sein de la boîte. Des agents imputent cela au dysfonctionnement administratif sur place. Ils fustigent les recrutements du genre qui ont tendance à gonfler les dépenses alors que les recettes de l’AR ne suivent pas le même rythme. Sans oublier les multiples voyages à l’étranger des cadres et secrétaires, sans motifs de services.
L’Autorité Routière ou les « Entreprises Baba Moulaye »
Face à la gabegie ambiante à l’Autorité Roturière et à l’affairisme du clan qui la dirige, doit-on s’emmurer dans un silence pour éviter les foudres de sa colère ? Heureux, ceux qui se posent, encore, ces questions. Car, il y a longtemps que l’oligarchie de l’AR a anesthésiée les convictions. Avec espèces qui sonnent en trébuchant. Et partout, le même constat, l’amer constat : motus et bouche cousus. Personne pour dénoncer ces magouilles et affairisme à la pelle. On reste de marbre, face à la gestion clanique de l’AR, face à cette gabegie ambiante qui hypothèque l’avenir des maliens.
Partout, le même silence assourdissant. Parce que le tout-puissant patron de l’AR, Moulaye Ahmed Boubacar dit Baba Moulaye verse des liasses dans leur escarcelle. Donc, il faut applaudir ses faiblesses, tolérer ses fantasmes.
L’Autorité Routière est devenue, depuis des lustres, un monde à part, avec ses « dieux », ses anges, ses prophètes et ses esclaves. Un monde, avec ses lois, ses règles. Un monde dans lequel prévaut une seule règle : tous ceux, qui ne sont pas avec nous, sont contre nous. Alors, il faut les briser. Coûte que coûte. Et quoiqu’il en coûte. C’est tout le sens de l’affaire dite de la « gestion du personnel ». Une affaire à travers laquelle, le DG de l’AR, Moulaye Ahmed Boubacar dit Baba Moulaye entend régler ses comptes avec certains collègues, dont le tort est d’avoir s’opposé à ses méthodes jugées cavalières. C’est exactement ce qui s’est passé dans une autre affaire : l’affaire du management des péagistes.
Peut-on parler d’homme qu’il faut à la place qu’il faut, lorsque Baba Moulaye règne en maître sur l’Autorité Routière? Peut-on parler du « Mali d’abord », lorsque tout est devenu normal à l’AR : le viol du dénier public, la corruption, le népotisme etc.
Peut-on parler de lutte contre la pauvreté, lorsque certains services, comme l’AR sont victimes d’une OPA (Offre publique d’achat) qui ne dit pas son nom ?
Bref, l’Autorité Routière est en proie à une gestion patrimoniale. Sauf changement, l’État malien risque les jours à venir de faire le deuil de l’AR.
Décidemment, l’AR est malade. Malade de son dirlo qui n’en fait qu’à sa guise. « C’est fini, l’Autorité Routière est morte ! Elle n’existe que pour une poignée de cadres proche du DG », confie un travailleur, l’air visiblement déçu. Avant de conclure : « si des changements ne sont pas apportés au sein de ce service, les prochains jours seront durs pour l’État, les maliens… »
Certes, Baba Moulaye, Directeur général de l’Autorité Routière vaut mieux que rien. Mais il reste le pire des dirlos de cette boîte en ce qui concerne son management.
Le Ministre des Transports va-t-il prendre des mesures pour mettre fin au clanisme et à l’affairisme qui règnent à l’AR? En tout cas, le jeu en vaut la chandelle, rien que de part les pratiques d’outre-tombe qui ont cours dans le service de la Direction de cette structure.
L’Autorité Routière est en proie à une situation sans précédent. En premier lieu, l’éthique et la déontologie sont foulées au pied depuis des lustres. L’arrivée du dirlo Moulaye Ahmed Boubacar a permis une réglementation des pratiques frauduleuses au niveau de l’Autorité Routière. Normalement, la réglementation engendre l’application rigoureuse des normes, mais on assiste, aujourd’hui, à un népotisme et une magouille sans précédent.
Pour recouper nos informations, nous avons joint au bigophone le DG de l’AR, Moulaye Ahmed Boubacar. C’était, le lundi dernier. Mais ce fut peine perdue. Par la suite, nous lui avons laissé un message vocal qu’il n’a toujours pas répondu.
Toutefois, à qui profite ce genre d’activités mafieuses? Et tout le monde s’interroge actuellement si Mme le nouveau ministre de l’Équipement et du Désenclavement ne sera pas roulé dans la farine. (Nous y reviendrons dans nos prochaines éditions. Gardez votre souffle).
En tout cas, voilà une situation qui loin de troubler l’ordre public (comme rapporteraient les maffiosi de la république), sonnerait comme une véritable alerte aux oreilles de Mme le ministre de l’Équipement et du Désenclavement. Si en réalité Mme le ministre veut aller loin, elle ferait mieux de tirer au clair les affaires en cours à l’Autorité Routière. Sa crédibilité en dépend aussi, même si elle peut cacher d’autres affaires managées par des proches. Sauf si elle veut à l’instar de certains de ses prédécesseurs devenir « sinistre » des Transports et des infrastructures routières.
Cyrille Coulibaly