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Les vérités de Macron sur la situation sécuritaire au sahel: Les jours de Iyad Ag Ghali sont-ils comptés ?
Publié le lundi 22 mai 2017  |  lepays.bf
Iyad
© Autre presse
Iyad Ag Ghali
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Emmannuel Macron, le tout nouveau président français, a réservé sa première visite hors d’Europe au Mali et plus précisément à Gao, du nom de cette localité où est basé l’essentiel des soldats de l’opération Barkhane. C’était le 19 mai dernier. A cette occasion, le locataire de l’Elysée a réaffirmé l’engagement de la France dans la lutte antiterroriste.
En cela, et tous les observateurs l’ont déjà relevé, il poursuit l’œuvre entamée et non achevée par son prédécesseur, François Hollande. Mais la différence entre les deux hommes sur la question, c’est que Macron a une idée précise du pourquoi ce n’est pas demain la veille que le terrorisme sera dompté au Mali en particulier et au Sahel africain en général. Et il a développé cette idée en des termes qui pourraient être interprétés comme une maladresse diplomatique.
La flèche la plus létale de Macron a été réservée à l’Algérie
De ce point de vue, la première flèche empoisonnée qu’il a décochée, était en direction du pouvoir malien. A l’endroit de celui-ci, Macron n’est pas passé par quatre chemins pour marteler à Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) que le Mali traîne les pieds dans la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger.
Or, pour le nouveau chef des Blancs, tant que les choses ne vont pas bouger à ce niveau, toute initiative tendant à briser les reins des djihadistes sera vouée à l’échec. Visiblement médusé de voir son pays pointé du doigt, IBK a soigneusement évité, peut-on dire, de porter la contradiction aux propos de son vis-à-vis. Au-delà du Mali, Macron a aussi égratigné l’ensemble des Etats du Sahel. Tous sont compatibles, à ses yeux, du peu d’efficacité que l’on peut observer dans la riposte mise en place depuis l’opération Serval, conduite, on le sait, par la France. Mais la flèche la plus létale de Macron a été réservée à l’Algérie.
Sur ce pays, Macron a craché tout son venin. Morceau choisi : « On ne peut pas manifester quelque faiblesse que ce soit à l’égard de groupements terroristes, quelles que soient les raisons politiques domestiques ». Dans le même registre, Macron a laissé entendre ceci : « j’ai appelé Bouteflika, nous avons parlé. Il faut que l’Algérie joue tout son rôle dans le processus de paix au Nord du Mali ». Ces propos, et c’est le moins que l’on puisse dire, sonnent comme un grand reproche formulé à l’endroit du pays de Boutef.
Et en cela, Macron apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui sont convaincus que l’Algérie joue un rôle trouble dans la crise malienne. Il est régulièrement reproché à ce pays, en effet, d’offrir gîte et couvert à Iyad Ag Ghali, du nom de ce terroriste malien qui a fait le choix de faire une injection létale au Mali, en lui imposant la charia. Et en plus de ce pays, il ne fait plus mystère de son désir de faire flotter le drapeau noir sur l’ensemble du Sahel. A ce que l’on dit, ce « protégé » de l’Algérie serait confortablement installé quelque part entre le Mali et le pays de Ben Bella. A l’analyse, l’on peut être tenté d’apporter du crédit à cette thèse.
En effet, en dépit des gros moyens de détection déployés par la France, l’on peut être intrigué de voir ce terroriste échapper à tous les radars. Mieux, face à cela, il prend du galon au point qu’il vient de fédérer autour de sa personne, une foultitude d’organisations djihadistes qui ont déclaré la guerre à l’ensemble des pays du Sahel. Et l’endroit choisi pour sceller la fusion de ces branches du djihad, laisse croire à un lieu qui tranche avec l’aridité et l’inconfort du désert. Sans être catégorique, l’on pourrait penser que ce cadre lui a été généreusement offert par l’Algérie. Et si ces soupçons s’avéraient, tout le monde devrait avoir le courage de condamner avec la plus grande énergie, l’attitude de l’Algérie.
Car, celle-ci s’apparenterait à du cynisme. Et rien ne pourrait justifier cela. A commencer par ce que Macron appelle « les raisons politiques domestiques ».
Le Nord-Mali est depuis longtemps au centre des rivalités entre Alger et Paris
Derrière cette expression, pourrait se cacher, en effet, la volonté d’Alger d’instrumentaliser Iyad Ag Ghali pour garder la haute main sur l’ensemble du Sahel. De ce point de vue, l’Algérie peut voir d’un mauvais œil, la présence des troupes françaises dans la zone.
C’est pourquoi, à la question de savoir si la sortie courageuse de Macron, qu’il faut saluer au passage, peut contribuer à amener Alger à jouer franc-jeu dans la crise malienne et de manière générale dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, l’on peut être tenté de répondre par la négative.
Autrement dit, les vérités de Macron ne signifient pas pour autant que les jours de Iyad Ag Ghali sont comptés. L’on peut l’affirmer avec force, d’autant plus que la priorité du moment pour Alger, semble ne pas être la neutralisation du terroriste malien. C’est plutôt celle de Belmoktar. Celui-ci, contrairement à Iyad Ag Ghali, n’épargne pas l’Algérie dans ses œuvres meurtrières.
Du même coup, c’est cette cible qui est d’abord dans le viseur d’Alger. La réalité est que le Nord-Mali est depuis longtemps au centre des rivalités entre Alger et Paris dans le sahel. A chacun ses alliés, dans cette confrontation sempiternelle. A la France dont on dit qu’elle roule pour le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), l’Algérie répond en jouant à fond la carte de Iyad Ag Ghali.

Et Macron dont l’élection a été fêtée à Alger, risque de ne pas changer grand-chose dans ce jeu du chat et de la souris. Le drame est que dans ce jeu, qui s’apparente à une lutte d’éléphants, c’est l’herbe qui va en payer le prix fort. Et dans le cas d’espèce, l’herbe, c’est le peuple malien.
Au-delà, c’est l’ensemble des peuples du Sahel, qui, chaque jour que Dieu fait, n’en finissent plus d’enterrer leurs morts du fait de Iyad Ag Ghali et de ses alliés. L’un d’eux, au Burkina, est le tristement célèbre Ibrahim Malam Dicko.

Et chaque pays du Sahel a aujourd’hui son Malam Dicko. Vivement donc que les uns et les autres se ressaisissent à temps, ne serait-ce que par compassion pour ces peuples meurtris, et le plus rapidement possible.
« Le Pays »
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