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Après 100 jours… Une journée de travail avec le maire de Ségou
Publié le lundi 22 mai 2017  |  le segouvien
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Le nouveau Maire de la Commune Urbaine de Ségou vient de passer le cap de 100 jours à l’Hôtel de Ville. Relativement très jeune pour être plébiscité dans une agglomération aux relents très particuliers comme Ségou, nous avons décidé de filer Nouhoum Diarra, élu RPM, dans sa fonction de Maire, une journée de travail durant ! Moisson.





Mardi 25 Avril. La Ville de Ségou se réveille après une nuit torride de chaleur. Le temps est très maussade. Même à 6 H 10 du matin où, déjà, les rayons solaires présagent d’une nouvelle météo inquiétante. A cette heure, nous sommes déjà au Quartier Missira à la Rue 446 où loge le nouveau Maire de la Commune Urbaine de Ségou. Qui vient de fêter 100 jours de bail dans un Hôtel de Ville où aucun édile ne s’était succédé à lui-même, depuis l’ère de la démocratie. Dans le bâtiment ocre, qui rappelle d’ailleurs la couleur de la terre de Ségou, Nouhoum Diarra est déjà sur pied de travail. Drapé dans un ensemble boubou bleu et une chéchia de la même couleur, le Maire attend son petit déjeuner dans un salon où la chaîne de TV, France 24 défile l’information à la boucle. Dame Diarra, née Aminata Traore était de nuit. Un petit mur lui sert de frontière d’avec sa « grande sœur » qu’on ne verra pas à cette heure de la journée ! Le petit déjeuner est frugal. Les dossiers de la journée, qui seront consultés entre temps, attendent sur une table à manger qui n’en sera pas utilisée pour l’occasion. On en profite pour demander, avec quel agenda officiel notre maire s’était endormi, la nuit du lundi 24 au mardi 25 Avril. Pas moins d’une demi-douzaine au menu. Pêle-mêle, il faut sur place, à l’hôtel de ville, tenir une séance de travail avec les entreprises adjudicatrices des travaux des marchés de Médine et Darsalam en réhabilitation, un financement du PACUM (Projet d’Appui aux Communes Urbaines). Son prédécesseur avait lancé lesdits marchés, mais c’est sous mon mandat que les résultats furent rendus publics. De même, il faut penser discuter ce mardi là avec le bureau de contrôle qui sans lui, les travaux ne pouvaient commencer ; or une maladresse a fait que son processus a connu un retard. Il faut aussi rencontrer certains adjoints et les services techniques de la mairie, sur des préoccupations qui entourent la finition du Complexe Commercial de Ségou, contigu au Stade Municipal, ainsi que l’Entreprise Danaya, prestataire pour les travaux de voirie et d’assainissement de la ville. Ça, c’est à l’Hôtel de Ville. Mais, un Maire n’est pas fait que pour s’asseoir seulement entre quatre murs d’un bureau. L’agenda de ce mardi prévoit donc de rencontrer les responsables de quatre structures déconcentrées, dont certaines jouent le rôle d’appui conseil : la Préfecture et le Trésor Public, notamment, pour finir le processus de passation et d’acceptation du livre foncier et des registres domaniaux qui furent signés sous réserve ; et la participation de la Mairie de Ségou à la Journée de Ségou à Paris qu’une coordination d’associations en France souhaite tenir en mi-mai afin d’offrir un cadre d’opportunités et d’investissement à certaines collectivités de la région de Ségou ; visiter EDM.SA et l’APEJ, notamment, pour finaliser la fourniture d’électricité au nouveau CSCOM de Sido Soninkoura et Bougounina pour le premier service et le curage des caniveaux pour le second.





Anciennes habitudes

Cependant, une journée d’un élu ne se millimètre pas. Même si on a eu la chance, ce jour-là, que dès le lever du soleil, un militant ou sympathisant n’était pas venu attendre dans la cour pour exposer des problèmes sociaux. S’il y en a eu, ce sera en retard, car chauffeur et aide de camp n’attendront pas longtemps pour démarrer, vers 7 h, la Prado noire AT 0296 M4 en direction de l’Hôtel de Ville. Mais il y en a ceux qui, grâce à la magie du téléphone, n’ont pas besoin de se déplacer. Ils en usent matinalement ainsi. Promesses et rendez-vous sont donc pris au téléphone à des moments convenus. Le trajet est fait de salamalecs, pour ceux qui connaissent le véhicule, et pour le Maire qui connait certains points stratégiques afin de se conformer à cette tradition coutumière. Dans la cour de l’Hôtel de Ville, le même scenario ! Qui sera vite perturbé par un appel téléphonique du Directeur Régional de l’IGM (Institut Géographique du Mali). La longue conversation a trait au dépôt final d’ordures d’un bon nombre de communes du cercle de Ségou, dans le village de Kounè (Sakoiba). Les deux responsables s’entendent et le Maire peut signer le moment de son arrivée dans le registre de présence ! C’est Brema Thiero né Traoré (homonyme à un ancien travailleur de l’Office du Niger) qui tient ce registre, en rapport avec le Secrétaire Général de la Mairie. Ce registre est-il tenu à jour alors que nous n’avions pas remarqué certains le signer ? Le responsable jure le contraire et se défend que notre attention eût été déroutée. Certainement oui, car les visiteurs attendent déjà pour cette journée du travail du Maire. Nous n’avions pas cherché l’autorisation pour contrôler l’effectivité des signatures, car le secrétariat général n’avait pas l’information du sujet pour lequel nous étions dans leur local, et nous aussi, nous le préférions ainsi, pour éviter qu’avec notre présence et notre mission à nous, on change certaines habitudes. Comme avec la nouvelle Directrice Régionale de la Femme, de l’Enfant et de la Famille de Ségou qui veut régler son problème matinal, au niveau même des escaliers de la Mairie ; le Maire lui fait remarquer, que même pressée, il faut qu’ils en discutent dans le bureau. Mme Sissao ne sortira, pourtant, du bureau que vers 8 H 35, soit une bonne trentaine de minutes à échanger avec le Maire. Auparavant, le chauffeur d’un camion benne n’attend pas de rentrer dans le bureau du Maire pour exposer ses ennuis. Le démarreur du véhicule ne répond plus. On lui promet de réserver une suite à la panne, dès l’arrivée de certains adjoints. Ces derniers arriveront, vers 10 h pour le 1er adjoint et 30 minutes après pour le 3eme Adjoint ; ce n’est pas dans leurs habitudes, m’expliquent les assistants du Segal. On comprendra après qu’ils étaient occupés à d’autres cérémonies en ville. Pendant ce temps, le Maire peut, lui, commencer sa journée avec le Bureau de contrôle des travaux des marchés de Médine et de Darsalam. La séance de travail va être extrêmement longue, si bien que la salle d’attente ne va pas désemplir. Il faut attendre 3 quarts d’heure pour que la secrétaire particulière tienne compagnie aux visiteurs. Nous lui demandons pourquoi elle est venue en retard. Traoré Kadiatou Sacko explique d’abord qu’elle est juste détachée à ce rôle, momentanément, en raison de la mise en congés de la titulaire, Mme Gabdo Bocoum avant de soutenir qu’elle était retenue à des occupations personnelles en famille, mais insiste tout de même à se justifier : « pourtant je viens toujours à l’heure, souvent même avant le Maire ! ».





Affaires courantes

Nous profitons pour redécouvrir le rez-de-chaussée où le service Etat Civil et Financier s’y trouve. La salle est propre et tous les agents, assidus et concentrés à une tâche, sont sur place. Dans la salle de délibération, l’ADR (Agence pour le Développement Régional) est en séance de travail avec certains services techniques. Le tableau de placard est bien fourni. On y remarque, notes de service, PV des sessions ordinaires et extraordinaire et différentes citations (partie civile, assignation, prévenu, apposition de placards et publication de résultats des appels d’offre…). Les usagers sont sages et ne démontrent aucun signe d’impatience ni de fébrilité. On sent bien que le personnel employé est rompu à la tâche. Certains visages sont connus depuis le régime de Moussa Traore avec, à l’époque, des Maires nommés par décision. Retour à l’étage dans le bureau du maire. Voici la 5eme Adjoint qui arrive : Djelika Haidara, enseignante à Darsalam. Elle devrait dire bonjour au Maire, car elle ne fera pas plus de deux minutes chrono, son Maire toujours en séance de travail avec le bureau de contrôle des travaux des marchés de Darsalam et Médine. Un visiteur, visiblement excité, veut rentrer après la sortie de Dame Haidara. La secrétaire lui refuse. Il explique avoir une lettre pour le Maire. On lui invite à déposer au secrétariat général. Il refuse, prétextant que ladite lettre devrait être donnée main à main. S’il n’aura pas gain de cause en remettant dans les mains du maire, la lettre trainera quand même sur le bureau de la secrétaire particulière avant d’être gardée dans un tiroir. Certains visiteurs qui ne pourront pas rentrer laisseront des messages particuliers au Maire sur des bouts de papier. Le Segal, lui doit faire des allers et retours intermittents entre le bureau du Maire et le sien. Grâce à ses assistants, le travail du secrétariat général est sans arrêt. On y voit la première (Kadidia Dembélé) s’affairer à la rédaction d’une lettre de la Mairie de Ségou au DG d’Orange Mali. Plus tard, il lui faudrait imprimer une décision du Maire qui, signée plus tard, lui reviendra pour l’apposition d’un numéro, celui du 054 qui nommait un point focal (Yacouba Tamboura) pour l’Unité de Production de Glace et la Conservation des Poissons. Son collègue Soumaila Coulibaly, distrait sur la page web de Malijet s’ingénie à enregistrer les courriers. Il aura, quand même, du mal à mettre dans le registre celui apporté par une syndicaliste du CERFITEX, membre de la centrale régionale UNTM pour les festivités du 1er Mai. Elle ne voulait pas déposer au secrétariat général mais la remettre au maire en personne. Croulant une demie heure dans la salle d’attente sans succès, elle finira par déposer au bon endroit avant de quitter la Mairie. Le Sous-Préfet, lui ne fera pas une minute dans la salle d’attente, en dépit de la séance de travail citée plus haut qui continuait de plus belle, car il était déjà 11 h et quart. Mr Dao fera remarquer qu’il avait porté absent le maire, la veille, et est venu ce jour partager sa compassion, suite au choc que son véhicule a subi contre un bovin sur la route de Bamako. Le geste est allé droit au cœur de l’édile de Ségou. 11 h 25 ! la première séance de travail s’achève. Mais patatras ! Coupure de courant les minutes qui suivent. Suffoquant déjà sous une chaleur accablante qui a fait faire venir un technicien de froid pour la maintenance du climatiseur du 1er adjoint, alors que l’appareil était juste tributaire d’une baisse de tension, les locataires et visiteurs de la mairie de Ségou commencèrent à rouspéter sur le calvaire prochain du reste de la journée, quand EDM. SA, cinq minutes plus tard, rétablissait la lumière ! Vive joie. On comprend pourquoi. La Mairie de Ségou ne dispose pas d’une alternative quand l’électricité d’EDM n’est pas au rendez-vous. Il faut se satisfaire, d’ailleurs, que depuis plus de 5 ans au moins, l’Hôtel de Ville n’est plus dans le noir, des jours durant, à cause d’innombrables factures impayées. Le 4eme Adjoint au Maire Bamoussa Touré, chargé du cadre de vie, de l’urbanisme et de l’assainissement peut donc, sur ces entrefaites, voir le Maire pour une nouvelle séance de travail. Il sera suivi par le Président de la Commission Transports et Sécurité, Mamadou Lamine Diarra. Les sujets portent sur l’application de l’Arrêté Municipal interdisant aux charrettes de circuler sur les artères principales de la ville. Après le stade des réunions, avec les acteurs et autres partenaires, place doit être faire à la sensibilisation. La séance de travail doit trouver les mécanismes opérationnels. Entre temps, le Conseiller Economique à l’Ambassade du Mali en Chine et le représentant des Taxis Bus de Ségou sont venus échanger avec le Maire, sur la mise en œuvre du processus de grande couverture du trafic intra urbain en moyens de locomotion, l’expérience des 4 taxi bus ayant connu un engouement extraordinaire. Les parties ont convenu du « remake » de cette initiative écolo (taxis bus électriques) qui enlève une épine des pieds des communards de Ségou en matière de transport dans la ville.



Histoire de maires

Le Maire de Djenne, lui, est en route pour Tanger au Maroc. Il n’a pas souhaité arriver à Bamako sans faire escale à l’Hôtel de Ville de Ségou. Un échange d’une dizaine de minutes dans le bureau de son homologue a certainement permis aux deux édiles de démontrer les prémices de l’intercommunalité. La pause, selon le code du travail, est prévue pour midi 30. Elle arrive, mais les agents sont encore sur place. Le Segal nous dit, qu’ils ne font même pas attention à ce droit que leur confère le code du travail, la plupart des agents refusant d’en user, attendant une bonne fois la descente pour aller déjeuner à la maison ; évidemment, certains préfèrent grignoter des aliments aux heures de travail pour ne pas être tenaillés par la faim. Pourtant, c’est ce moment qu’ont choisi certains visiteurs de luxe pour s’annoncer à la Mairie de Ségou. Des escaliers de la Mairie, on verra déambuler des grosses têtes d’affiche des collectivités territoriales maliennes : Sadou Harouna Diallo, ancien Maire de Gao, Iba Ndiaye ancien Maire de Bamako, Ousmane Simaga ancien Maire de Ségou, Fatoumata Conté ancien Maire de Bamako 1, Abdel Kader Sidibé ancien Maire de Bamako 3, Mamadou Tangara ancien Maire de Sikasso…. Ils viennent de porter sur les fonts baptismaux à Ségou ce jour même, une association d’Anciens Maires du Mali ! Le comble, ils n’ont ni invité le Maire de Ségou à l’Assemblée Constituante, ni annoncé leur présence dans la ville du Maire et souhaitaient ainsi, par la visite impromptue, réparer une erreur. Ils ne sortiront pas avant 14 heures. Non, sans avoir chamboulé le programme du jeune Maire de Ségou qui s’apprêtait à aller prendre son déjeuner. Car les usagers attendent, qui pour une raison sociale, qui pour des préoccupations en rapport avec la bonne marche de la commune. C’est le cas d’un percepteur d’un poste de contrôle qui viendra informer le Maire de la situation de la grève des transporteurs (gros porteurs) enclenchée le week-end et qui devrait prendre fin la veille. Conséquences de la grève : les prévisions de recettes de fin du mois de la Mairie seront donc revues à la baisse. Nous sommes presque à l’heure de la descente. La salle d’attente commence à être clairsemée, certains usagers toujours présents ; la plupart qui incitent à rencontrer le Maire, personnellement, prouve par leurs échanges que les problèmes fonciers sont légion. Le dernier, à qui le Maire accordera un entretien, s’était fait prémunir de son permis d’occuper, pour attester de sa propriété du lot litigieux. Les références, dans le registre domanial, le confirment, mais paradoxalement, le numéro attribué sur le permis appartient à un de ses voisins. Cet imbroglio foncier est coutumier. Le nouveau Maire promet de démêler cet écheveau, les jours suivants, avec ses services compétents, la journée ayant été harassante pour lui. C’est donc la fin de la journée. Direction, le domicile, après 8 heures d’affilée de boulot, sans répit et sans discontinuer. Les visites prévues chez certaines structures et partenaires, dans l’agenda officiel du mardi 25 avril, sont remises au lendemain. Mais, de passage pour la maison, on peut, quand même, s’arrêter chez le Préfet, en vue de discuter de la passation définitive des dossiers domaniaux qui furent signés, sous réserve. Sur le chemin, le temps, assez lourd, présage d’une pluie, le tonnerre grondant si fort et les éclairs éblouissant même en pleine après-midi…. une fois arrivée dans la cour de la préfecture, de grosses gouttelettes de pluies arrosent la ville de Ségou annonçant une douce nuit pour des communards qui, la veille, se lamentaient de la météo pas si clémente ces derniers jours à Ségou……

Moutta

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