De plus en plus, certains observateurs de la scène politique nationale évoquent un éventuel report des élections de 2018 à cause du gros retard constaté dans la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. La dégradation de la situation sécuritaire sur toute l’étendue du territoire nationale, plus précisément au Nord et au Centre de Mali inquiète à plus d’un titre. Elle risque de mettre en péril le fragile équilibre. Pire, elle risque de jouer dangereusement sur le processus des élections de 2018. Ainsi, cela peut être le prétexte pour certains hommes politiques tapis dans l’ombre pour demander un report de la présidentielle de 2018 au motif que la situation d’insécurité pouvant empêcher l’organisation des scrutins sur toute l’étendue du territoire national.
Tableau sécuritaire chaotique
Si l’on jette un regard sur le tableau sécuritaire, en effet, à presqu’un an de la présidentielle, ne serait-il pas difficile de circonscrire cette insécurité galopante qui a eu pour corollaire de mettre quasiment presque toutes les localités du Nord et du Centre du pays hors du contrôle de l’administration. L’Etat est absent partout.
On se rappelle, qu’en novembre 2016, les communales et régionales n’ont pu être organisées dans certaines localités du Nord et Centre à cause l’absence de l’administration, en plus des menaces des éléments de certains groupes armés. On se souvient aussi du refus de la classe politique et d’une grande partie du peuple de participer à des élections qui ne seraient pas organisées sur l’ensemble du territoire national.
C’est l’Accord de Ouagadougou signé le 18 juin 2013 dans la capitale du Burkina Faso entre le gouvernement malien, le MNLA et le HCUA, qui avait finalement permis la tenue de l’élection présidentielle à Kidal, dans les conditions pitoyables avec un taux de participation très faible, donc dans tout le pays. Aujourd’hui, le Mali est loin du bout du tunnel. La situation de Kidal, par exemple, est pire. L’Etat est absent. Ce sont des semblants autorités intérimaires qui gèrent les affaires. Des autorités intérimaires conduites par des ennemis du Mali, tel que Hassan Ag Fagaga qui pactise avec le diable. Il n’est pas sincère. On note que sur les cinq régions du Nord du Mali, à part certaines localités de la région de Gao, il est impossible d’organiser à l’heure où nous sommes des élections dans toutes les collectivités. Une situation quasiment similaire au Centre et au Centre-Nord du Mali.
Ce tableau sombre arrange qui ?
L’idée prend de plus en plus corps. Elle est entrain d’être matérialisée avec l’appropriation par des hommes politiques. Et pour cause, en fin de semaine dernière, les responsables de la Convention de la Majorité Présidentielle (CMP) ont reçu en visite de courtoisie le Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, l’inspecteur général Mahamadou Diagouraga.
A l’issue la rencontre, le président de la CMP, non moins secrétaire général du RPM, Bocary Tréta a fait une déclaration troublante à la presse. Une déclaration qui est passée inaperçue mais elle en dit long sur la volonté des autorités actuelles de jouer la montre afin de reporter les élections de 2018.
« Pour la première fois la Convention de la Majorité Présidentielle reçoit en visite de courtoisie le Haut représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Je pense que c’est un honneur et une marque de grande considération pour nous. Nous lui avons salué et félicité pour ce faire. Aussi nous lui avons salué et félicité pour la confiance portée en sa personne pour accompagner le président dans la mise en œuvre d’une mission aussi délicate. C’était une rencontre d’information, nous avons profité pour exprimer au haut représentant notre soft d’être mieux informé du chronogramme de mise en œuvre de l’Accord. Nous avons convenu avec le haut représentant que nous allons préparer une séance d’approfondissement de nos échanges sur l’Accord notamment revisiter le chronogramme des élections qui ne peut être conçu que sur la base du chronogramme de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger. »
Ces propos du premier responsable de la majorité présidentielle de surcroit SG du parti au pouvoir est claire comme l’eau de roche. En les décryptant, on s’aperçoit qu’il veut insinuer que le calendrier des élections est intimement lié à celui de la mise en œuvre de l’Accord. Or la mauvaise nouvelle est que l’Accord est piétiné dans sa mise en œuvre. Il est quasiment impossible de finir l’application de l’Accord dans certains de ses aspects avant les élections. Puisque les élections elles ne sont pas pour bientôt. Donc, les électeurs maliens doivent prendre leur mal en patience. S’achemine-t-on vers une autre transition qui n’est pas bonne pour un pays très fragile comme le nôtre ? La classe politique va-t-elle accepter ce bouleversement du calendrier électoral ? Quid de la société civile ? Attendons de voir.
Le régime est entrain de reproduire la tactique de la junte du CNDRE c’est-à-dire faire tout pour laisser la situation se détériorer, se pourrir au Nord et au Centre du pays afin de trouver un prétexte et durer au pouvoir afin de corriger les erreurs au regard du bilan mitigé de leur mentor. C’est ce que les observateurs ne cessent de dire depuis le début. Le régime actuel sait que l’annonce de sa victoire sera synonyme d’appel à la révolte. Alors la solution trouvée est de laisser la situation pourrir et ensuite s’en servir comme prétexte pour s’éterniser sur place. L’armée et plus précisément le peuple souverain veillent au grin. Le peuple suit de près l’évolution de la situation politique. Rien ne sera plus comme avant.
De toutes les façons si c’est sur le calendrier de la mise en œuvre de l’Accord que sera calqué celui des élections de 2018, celle-ci n’auront probablement pas lieu en 2018. Puisque tous les protagonistes reconnaissent impuissamment que l’Accord issu du processus d’Alger peine à produire des effets escomptés deux ans après sa signature.
Les autorités intérimaires ont été mises en place dans la grande douleur. Dans la pratique, elles rencontrent dans certaines régions. Certains responsables des autorités tels que ceux de Kidal plus précisément le président de cette autorité en la personne d’Hassan Ag Fagaga qui récemment dans une sortie médiatique qui sonne comme une atteinte à la constitution du Mali, a soutenu l’application de la charia au Mali. Un pays où la laïcité est inscrite en lettre d’or dans la constitution.
Le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) est un autre point de l’Accord a démarré timidement avec un bilan mi-figue mi-raisin. Ces éléments sont les cibles fréquentes des terroristes en collusion avec certains éléments issus du CMA. Sur le terrain le MOC rencontre de sérieuses difficultés à cause de l’attitude dualiste des éléments du CMA. On se rappelle le 18 janvier 2017, de l’attentat terroriste qui a ciblé un camp du MOC à Gao. Cette attaque a fait une soixantaine de morts et plus d’une centaine de blessés. Tel a été le triste bilan de l’attentat kamikaze à la voiture piégée qui a frappé le camp du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) à Gao dans le nord du Mali. Un camp regroupant militaires et combattants issus de groupes signataires de l’Accord de paix d’Alger de 2015. En son temps, l’attaque a été revendiquée par les jihadistes d’Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar. Une manière de saboter le processus, de mettre un bâton dans les roues.
En plus, les cas de vol de véhicules volés sont fréquents. Le mardi 9 mai dernier, un véhicule de police militaire a été volé après sa sortie du camp. Selon une source, le chauffeur a quitté le camp pour se rendre au Conseil régional où des éléments assuraient la sécurité. Mais, lors du rassemblement, ni le véhicule, ni le chauffeur n’était là. C’est le troisième véhicule enlevé par les mêmes éléments du MOC. Cela soulève des questions quant à l’efficacité des mesures disciplinaires prises il y a quelques temps par les responsables du MOC pour mieux encadrer les éléments. Tous ces actes visent à torpiller le processus de paix. Au nez et à la barde des autorités maliennes et des partenaires internationaux impliqués dans le processus de retour de la paix.
Le processus du DDR, quant à lui, peine à démarrer. Sentant l’odeur de l’argent, il y a un fort chantage et une forte spéculation autour du DDR
En quoi la mise en œuvre de l’Accord d’Alger jugé, en son temps par le président de la République, IBK lui-même, de mauvais peut jouer sur le chronogramme des élections ? s’interrogent les mêmes observateurs cités plus haut.