« La patience, la modestie, la ténacité, la combattivité, le don de soi, etc. », sont entre autres qualités qu’il faille avoir pour devenir un bon entrepreneur. Ces recettes sont du fondateur du Group Bank Of Afrika, Paul Derremaux. Il l’a fait savoir aux jeunes entrepreneurs le samedi dernier dans la salle de conférences de l’Hôtel Salam. C’était à la faveur d’une conférence-débats organisée par le Réseau des Entreprises en Afrique de l’Ouest (REAO-Mali).
L’évènement était placé sous la présidence du ministre du Développement Industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim. La thématique développée au cours de ces échanges était : « Oser entreprendre ». Elle s’adressait aux jeunes qui veulent se lancer dans cette aventure.
Le vieux routier Paul Derremaux qui avait été désigné par ses pairs du REAO-Mali pour animer la rencontre a introduit son exposé par une définition simple de l’entrepreneur avant de tracer les contours de son périmètre d’évolution. Selon lui, l’entrepreneur est d’abord un travailleur indépendant qui ne se contente pas de l’existant. Cela fait de lui, un innovateur infatigable.
C’est-à-dire qu’il doit agir en permanence sur la matière qu’il transforme pour créer de la valeur ajoutée et pouvoir aspirer à grandir un jour. Cette exigence est d’autant plus valable qu’il est condamné à innover en permanence, sinon l’environnement concurrentiel en perpétuel mouvement dans lequel il évolue, risque de le bouffer s’il n’est pas inventif. L’entrepreneur se doit donc être créatif pour exister. Il doit permanemment être en avance sur ses concurrents.
Paul Derremaux a également insisté sur le financement personnel afin de soutenir son projet. Car, selon lui, l’auto-financement est la preuve que le porteur croit en son idée. Etant entendu qu’au préalable, il faut une idée claire du projet et les moyens pour sa mise en œuvre. Celle-ci fait appel nécessairement à la stratégie. L’entrepreneur doit également être un fin stratège et un visionnaire averti. Pour cela dit-il, il faut de la patience pour conduire petit à petit, le projet jusqu’à sa maturation. C’est en ce moment que la banque intervient pour porter plus les ambitions de développement de l’entreprise. Sinon avant, aucune banque ne prend le risque de financer un projet qui n’est pas sûr.
Pour corroborer cette argumentation, il a donné l’exemple de sa propre entreprise qui est le Group Bank Of Afrika. Qu’il a créé avec une poignée d’amis dont Mossadek Bally, chez lui à l’Hippodrome avec un fonds très modeste comme capital : 30 millions de FCFA Malien, soit 15 millions FCFA. C’est en 1982. 35 ans après, la Bank Of Afrika est devenue une multinationale dans le microcosme bancaire africain avec près de 2600 collaborateurs.
Le Groupe compte de nos jours 12 banques commerciales, une société financière en France, trois sociétés de crédit-bail, deux sociétés d’investissement, une société de bourse, un bureau de représentation à Paris et une filiale informatique. Son réseau s’étend sur 20 pays africains avec près de 560 agences.
C’est donc au regard du parcours de son entreprise qui était d’une taille très modeste en 1982, mais qui compte aujourd’hui parmi les plus gros réseaux bancaires en Afrique au Sud du Sahara que Paul Derremaux conseille aux jeunes entrepreneurs la patience, la modestie, le courage, la détermination et l’envie de pousser toujours plus haut son ambition pour devenir grand. Mais pour lui, cela ne va pas sans un minimum de dose de patience et de don de soi.
Et rien de tout cela ne peut se réaliser sans un environnement favorable à l’éclosion des talents. C’est dans ce cadre que s’inscrit ladite conférence-débats, a rappelé le président du Réseau des Entreprises en Afrique de l’Ouest (REAO-Mali), Houd Baby. Selon lui, la fonction publique ayant montré ses limites en matière d’opportunité et de création d’emplois dans notre pays, il revient au secteur privé d’absorber les jeunes de plus en plus nombreux sur le marché de l’emploi.
Surtout que beaucoup d’entre eux ont la tête qui fourmille de projets bancables qui n’attendent que d’être cochés pour prendre le train de l’entreprenariat privé. Car, au REAO dit-il, « nous sommes convaincus que l’auto-emploi peut contribuer à réduire de façon considérable le chômage des jeunes. Les entreprises, qu’elles soient grandes ou petites et même dans l’informel, sont les véritables créatrices d’emplois donc de richesses. C’est pourquoi, nous pensons que la problématique de l’entreprenariat jeune devrait être au centre des préoccupations de tous les décideurs politiques et économiques… ».
Un point de vue partagé par le ministre du Développement Industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim, qui s’est félicité de l’initiative d’organiser ces échanges d’idées sur la problématique de l’emploi des jeunes. Qui n’est d’ailleurs pas une première a-t-il rappelé. Notons que le REAO avait consacré le thème de sa conférence de rentrée annuelle de 2017 sur le même sujet.
S’agissant du sujet, Mohamed Aly Ag Ibrahim dira que l’emploi est un domaine transversal dans lequel, son département a une part de rôle à jouer, notamment en appuyant le développement du secteur industriel qui est le seul rempart contre le chômage, en particulier des jeunes. Il a justifié sa présence à la conférence par la volonté des plus hautes autorités d’accompagner toutes les initiatives allant dans le sens de l’amélioration de la vie des concitoyens et surtout de la jeunesse qui constitue l’avenir du pays. « L’occasion est donc bonne pour moi de saluer et encourager de telles initiatives qui créent un cadre d’échanges et de partage d’expériences. », a-t-il conclu.
En termes de partage d’expériences, Houd Baby est revenu son propre parcours (voir l’article de Jeune Afrique consacré sur son parcours).