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Exactions contre les peuls dans la lutte contre le terrorisme / • Une trentaine de peuls, arrêtés en début de mois, libérés / • L’Association Kisal dénonce ces « délits de faciès »
Publié le mardi 23 mai 2017  |  Le Républicain
3eme
© aBamako.com par as
3eme édition de l’Opération Ramadan: visite du Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche Moussa Léo SIDIBE au marché de bétail.
14/10/2012. Bamako. Vente promotionelle de bovins.
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Au Mali, 34 peuls arrêtés par les forces de défense et de sécurité au Centre du pays et détenus au camp 1 de Bamako, ont été libérés dans la soirée du vendredi 19 mai 2017. Selon les responsables de l’Association Kisal, ils ont été arrêtés dans des conditions extrajudiciaires et auraient, aussi, subi des techniques interrogatoires assez musclées. L’Association Kisal dénonce « ces délits de faciès et vexations qui commencent à être une problématique pour la cohésion sociale ».

Arrêtés par les forces de défense du Mali, le 9 mai à Sofara, ville de la région de Mopti, dans le cadre de la lutte antiterroriste, 34 peuls ont pu recouvrer la liberté, le vendredi dernier, à Bamako où ils étaient détenus. Selon Malick Sow, un responsable de l’Association Kisal, contacté par le Républicain, il y a eu beaucoup de problèmes dans les conditions de détention des 34 ex détenus qui ont été ratissés à Sofara, dans le centre du pays. « Actuellement il faut savoir que dans la zone il y a des méthodes d’interpellation assez brutales, surtout il y a beaucoup d’amalgames.

Quand tu as des traits peuls ou quand tu ressembles à un peul souvent il y a des délits de facies. Il y a des arrestations dans des conditions extra judiciaires. Il y a des techniques d’interrogatoires assez musclées », explique Malick Sow. « Arrivés au camp, ils ont reçu quelques intimidations et quelques menaces. Ils avaient les pieds et les mains liées, les yeux bandés. Et tout ça au détriment de toute procédure judiciaire normale», dénonce le responsable de Kisal. Au centre du Mali, ajoute Malick Sow, il y a des vexations qui commencent à être une problématique pour la cohésion sociale.

Les organisations de défense des droits de l’homme tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur les exactions des groupes armés et des militaires maliens dans le centre et le Nord du pays. « … la riposte de l’armée malienne face à l’insécurité grandissante s’accompagne de graves violations des droits humains. Notamment de nombreuses arrestations, des détentions arbitraires, et des actes de torture perpétrés dans le cadre d’opérations anti-terroristes.

Pour rétablir le lien de confiance entre les populations civiles et l’État, crucial dans la lutte contre le terrorisme, il est urgent d’encadrer davantage la réponse militaire afin de mettre fin à ces exactions et de tout mettre en œuvre pour permettre le retour des services publics de base », notait, le 11 mai dernier, dans un rapport, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme(FIDH) et son organisation membre l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH). Corinne Dufka, la Directrice adjointe Afrique de l’Ouest de Human Rights Watch, aussi, dans une contribution au journal Jeune Afrique déclare : « Depuis la fin 2016, j’ai documenté les allégations d’exécutions extrajudiciaires de 12 détenus par des militaires, la plus récente remontant à début mai, ainsi que la disparition forcée de plusieurs autres. Des villageois m’ont rappelé les circonstances dans lesquelles des militaires ont détenu et abattu trois membres de la même famille en janvier. »

Les autorités maliennes, quand à eux, assurent qu’il n’y a pas d’amalgame dans la lutte contre le terrorisme au Mali. Le Ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo a indiqué, le 17 mai passé, que « le gouvernement du Mali n’a pas de leçons à recevoir sur les Droits de l’Homme de la part de qui que ce soit ».

Madiassa Kaba Diakité

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Rapport de Kisal sur les conditions de détention des peuls détenus au camp 1 de Bamako
Kisal a pu visiter le camp 1 de l’armée, afin de s’enquérir de l’état des détenus originaires du centre.
La section Droits Humains de la MINUSMA a organisé ceci, et bénéficié de l’interprétariat en Fulfulde de l’un de nos membres.
Le récit qui suit est accablant quant aux méthodes d’investigations utilisées par l’armée. Nous ne pouvons qu’encourager qu’une enquête soit menée, et qu’en parallèle les soldats menant leurs missions soient informés et sensibilisés quant à la barbarie de tels actes. Nous craignons également que des bavures ne soient fabriquées lorsque de tels actes sont exécutés, afin de couvrir les faits. Ainsi, il est nécessaire d’avoir un mécanisme de régulation des actions, et d’observation interne à l’armée.

Il s’agissait pour cette visite d’observer les conditions de vie des détenus, connaitre leur nombre et origine, les aider a contacter leurs parents pour dire s’ils sont vivants, et en même temps recueillir les besoins des blessés et les aider à voir des médecins, s’assurer de leur nourriture. Certains ont signalé qu’on leur donne pas de petit-déjeuner.

Les détenus sont originaires et des aires inondées du centre, et de la zone de Boni et Mondoro. Dans la zone de Boni, plusieurs personnes disent avoir été arrêtées tôt un matin, à MBebi (à quelques kilomètres de Boni). D’après tous, un convoi de FAMA (Forces Armées du Mali) est allé se stationner près du village avant de commencer à contrôler les pièces d’identité. Ils disent avoir montré les leurs, avant de constater que c’est là que s’est aggravée l’opération. Les FAMA auraient alors saisi ces personnes, et les ont emmenés vers Boni.

À l’arrivée dans le camp, ils ont été surpris de voir un grand trou d’un mètre et demi de profondeur, et d’un diamètre d’à peu près deux mètres. Les militaires les auraient ensuite jeté dedans, et auraient demandé de se coucher à plat ventre les uns à côté des autres, à part le dernier d’entre eux qu’on a fait se coucher sur les autres. Après cela, ils ont été aspergés d’eau, en les menaçant de les brûler. Cependant, ils ont remarqué qu’il n’y avait pas d’odeur d’essence. Après cela, un soldat aurait annoncé qu’il allait faire apporter une pelle, et qu’ils seraient enterrés vivants. Un autre aurait qu’il faudrait plutôt les fusiller. Ces intimidations auraient duré une bonne heure, en pleine journée.

Par la suite, les militaires auraient commencé à frapper physiquement, à coups de crosses, jusqu’à ce que qu’ils aient tous des tuméfactions à la tête.
Sur place, nous avons constaté que les détenus n’ont eu ni à manger ni à boire pendant deux jours. Ils ont eu les yeux bandés, les pieds et les mains ligotée.
Nous avons constaté personnellement des cicatrices aux mains de tous, des mains et pieds enflés chez certains. D’autres ne peuvent s’assoir parce- que leurs postérieurs ont été trop violemment frappés.

Les insultes par les militaires, en langue bambara, sont récurrentes. Ces insultes humiliantes et infamentes sont à l’endroit et des mères des détenus, et de leur identité communautaire.
Il semble qu’arrivé à Sévaré, en chemin, avant d’être emprisonné, un détenu a perdu la vie car les militaires ont écrasé violemment sa colonne vertébrale.
Cette visite était important car les prisonniers ont été écoutés un a un. Certains on a pu informer leurs parents de la brousse qu’ils sont en vie. Cela est très important, du fait de la misère humaine et des tensions psychologiques sur le terrain.

Certains on reçu des soins. Ils étaient comblés et ont longuement remercié la mission.
Plusieurs détenus sont psychologiquement très fragilisés. Nous avons des craintes importantes les concernant. Il leur faut une prise en charge psychologique au plus vite.
Nous encourageons les autorités à assurer les jugements au plus vite, afin d’être au clair sur les torts des détenus, et assurer la stabilité dans leurs hameaux.
Même en cas de culpabilité, les prisonniers méritent la dignité.
Nous encourageons l’armée malienne à assurer sa mission dans le respect des codes républicains.
Nous remercions la MINUSMA pour sa vigilance et ses efforts.

Kisal.
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