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Toute la république à Gao : Aux petits soins bottes du président Macron
Publié le mardi 23 mai 2017  |  le Temoin
Arrivée
© AFP par CHRISTOPHE PETIT TESSON
Arrivée du Président Français, Emmanuel Macron à Gao
Le Président de la République Française, Emmanuel Macron est arrivé à Gao le 19 Mai 2017 pour une visite à la force Barkhane.
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Le président français tout fraîchement élu a commencé sa première sortie africaine par une ville malienne du Septentrion, en occurrence Gao où, il a passé quelques heures de communion avec les 1 600 hommes de la force Barkhan. Présentes dans le Nord-Mali en remplacement de Serval, les troupes françaises ont ainsi reçu la visite du chef suprême des armées de leur patrie, qui s’acquitte ainsi de l’engagement pris lors de la campagne électorale de se rendre à leurs côtés après son élection.

Quoi de plus normal que de redonner confiance à ses compatriotes qui paient constamment un tribut pour le coup de main qu’ils prêtent à un pays qui reconquiert laborieusement ses marques, depuis que les forces armées maliennes ont été réduites en lambeaux par l’irrésistible invasion djihadiste de 2012. Et, c’est bien ce malencontreux destin qui justifie la condescende caractéristique de nos rapports avec la France et qui s’est cristallisée dans chacune des péripéties ayant jalonné le bref passage d’Emmanuel Macron à Gao.

Ce séjour au pas de charge certes -pour un nouveau président à peine installé- mais qui aurait pu se dérouler dans des conditions moins humiliantes pour le pays hôte et pour ses plus hautes autorités.

La question fait polémique en effet et chacun y va de son explication et ses arguments. Quoi qu’il en soit, la triste évidence est que le pays d’accueil n’avait nulle prise sur l’endroit où, le puissant visiteur devait être accueilli avant d’exécuter son programme de visite. C’est bien lui qui avait la préférence de son point de chute chez-nous comme en territoire conquis. Et, il a opté d’atterrir à Gao, en foulant aux pieds la courtoisie qui consiste à fouler d’abord le solde la capitale avant de se regagner les siens. Ce faisant, le jeune président français a pour le moins contraint son vieil homologue malien à un pénible déplacement dans la cité des Askia, une localité qui n’a jusqu’ici mérité sa présence physique que très occasionnellement.

Il faut dire que la plus haute autorité de notre pays avait aussi le choix de ne pas s’y rendre, soit pour accueillir son illustre hôte par le Premier ministre ou une autre autorité. Sauf que prendre ses libertés dans ce sens peut engendrer des conséquences imprévisibles sur les rapports du pouvoir avec l’ancienne métropole, qui ne rate aucune occasion d’affirmer sa suprématie.

En choisissant de courber l’échine devant une situation aussi embarrassante, IBK s’est résigné, bon cœur contre mauvaise fortune, d’admettre la tutelle à peine voilée que la France exerce sur son pays. Autre illustration de la verticalité de ces liens : la tonalité et le contenu des propos du nouveau président français lors du point de presse qu’il a animée en compagnie de son homologue. En annonçant, par exemple, la participation de son pays au développement du Nord-Mali pour plus de 400 millions d’Euro par le truchement de l’Afd.

Le successeur de François Hollande entend ainsi compléter la mission militaire de son pays par une accentuation des actions de développement sans aucune assurance que celles-ci ne passeront pas par-dessus la tête des autorités maliennes qui brillent par leur absence sur le territoire concerné par lesdits investissements au motif que le développement est une autre alternative de la résolution de la crise au nord. Dans ce registre, au demeurant, de fermes instructions aux allures de mises en demeure colonialistes ont été données à son homologue malien pratiquement sommé de mettre en œuvre intégralement l’Accord issu du processus d’Alger. Sans doute avec tout ce que le document comporte de perte de souveraineté nationale, d’affection de l’intégrité territoriale et de risque de scission du pays.

Les rapports avec la France n’ont pas toujours évolué sur une ligne aussi verticale pour qui se rappelle la courageuse décision de l’ancien président Konaré de renoncer à l’invitation mitigée de Jacques Chirac à Dakar, dans le cadre de la France-Afrique.

Toutefois, il est surtout regrettable que notre affirmation de souveraineté nous joue des tours au moment même où, le régime en place nous a fait rêver de reconquérir notre grandeur : “Pour l’honneur du Mali”.

L’honorable Karim Keïta bouscule l’ordre protocolaire

Aux petits soins bottes du président Macron
Karim Keita
La présence du député et non moins fils aîné du chef de l’Etat, Karim Keita, aux différentes étapes du passage d’Emmanuel Macron à Gao aura été si dense qu’elle continue de défrayer la chronique au Mali et ailleurs. Et pour cause, l’élu parlementaire, au détour de son statut de président de la commission «Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale», a tenté partout de surplomber le décor en faisant même ombrage par moment à son père, le président de la République. Première incongruité «synarchique» : le père, en passant en revue les corps constitués avec son illustre homologue, était tenu de présenter le fils au même titre que toute sa suite et avec sa double casquette d’officiel et d’hériter. Les caméras de media internationaux ont beau jeu de vouloir survoler la présentation de Karim Kéïta au passage des deux chefs d’Etat, leurs efforts d’autocensure n’a réussi à mettre sous l’éteignoir un épisode, dont la trivialité pouvait se jauger à l’anxiété du chef de file des députés à Gao.

Autre incongruité «synarchique» : la mise en scène à laquelle le président de la Commission parlementaire défense et sécurité s’est prêté lors de la rencontre des deux chefs d’Etat avec le staff dirigeant de la force Barkhan au Mali. On a pu l’apercevoir aux premières loges aux côtés du chef dudit commandement à une place que n’aurait jamais occupée un autre élu de même rang même si la rencontre relevait de son domaine. Là également, l’image a fait le tour de la planète et mis en exergue les proportions d’ancrage familial dans l’ordre protocolaire ainsi que la conception familiale de la gestion des affaires publiques.

A. KEITA
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