Les accrocs à la « pharmacie par terre », et Dieu sait s’ils sont nombreux, ont un nouveau chouchou nommé « Amadou Aya ». En référence, bien entendu, à l’ex patron du CNRDRE, Amadou Aya Sanogo. Selon des connaisseurs du secteur et du nouveau « médicament », finie l’époque des « san pèrè » (tonnerre ou foudre) et autres « béré bla » (‘’abandonner la canne’’) ! « Tout ça, ça ne démarre plus. » selon une expression du milieu des transports. L’heure est désormais à « Amadou Aya » qui « vous requinque comme vous ne l’avez jamais été », explique-t-on. « C’est surtout chez les chauffeurs que le nouveau produit est très prisé.
Si vous voyez le sachet de café qu’on agite près des Sotrama, notamment dans les gares routières, c’est à base d’Amadou Aya. Quelques gorgées de cette solution café et vous dites adieu au sommeil.
Les yeux restent fixes au point qu’on puisse y mettre un pilier (n’gloma en bambara). Plus de fatigue ou de somnolence. C’est pourquoi, quand un chauffeur ou son chauffeur vous dit qu’il va vous écraser si vous ne lui libérez pas la voie, prenez-le au sérieux. Ils en sont tous capables, étant sous l’emprise d’Amadou Aya… » rapporte un taximan.
Cette référence à Amadou Aya Sanogo n’est pas fortuite. Hormis le milieu des soi-disant « intellos » (pires d’ailleurs que les autres), le putschiste reste très célèbre dans tous les milieux populaires. Beaucoup continuent à s’identifier à lui. Ses propos « baga baga » (formules choc), sa canne, ses yeux rougis, etc. ont séduit de nombreux jeunes, analphabètes et semi analphabètes des milieux commerçants (Grand marché notamment), des transports (chauffeurs de Sotrama, de camions bennes, de taxi…).
Pour tous ces gens-là, Amadou Aya Sanogo est une icône. Il est l’incarnation de la force, de « l’antisystème », du changement, de la puissance…Le nouveau produit ‘’Amadou Aya, c’est tout ça’’, selon des explications. Mais comme tout ‘’médicament par terre’’, ‘’Amadou Aya’’ n’est pas recommandable. Il n’est plus ni moins qu’une drogue à laquelle s’adonnent inconsciemment tous ceux dont le travail exige une certaine endurance.
Et les drogues, on le sait, ça finit en général au cabanon. Alors comme en 2012, la ‘’solution Amadou Aya’’ n’est certainement pas la meilleure.
Puisqu’on parle d’Amadou Aya, jetons un coup d’œil vers une victime à lui, en la personne de Dioncounda Traoré, président de la Transition, qui a été copieusement tabassé, semble-t-il avec la bénédiction du même Amadou Aya. Chez les empeseurs, ce tabassage a donné son nom aussi à un « blanchissage traditionnel complet » (‘’bè gochi’’ en bambara).