Hier à Koulouba, à la suite d’une présentation du Conseil national du patronat du Mali sur les dysfonctionnements constatés dans la gouvernance des organismes dédiés à la création d’emplois, à la formation professionnelle et au marché public, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a instruit à son Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, de revoir la situation. Il lui a fixé un délai de six mois pour relever les défis.
Le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) a organisé ce mardi 23 mai 2017 au palais de Koulouba, la première édition de la rentrée économique.
Suite à un diagnostic profond sur l’état de l’entreprise au Mali, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a donné des instructions fermes à son Premier ministre allant dans le sens d’une véritable réforme du secteur de l’emploi au Mali.
«Je pense que ce qui a été dit, Monsieur le Premier ministre, mérite que nous nous y attelions dans le meilleur délai et qu’une revue soit faite en accord-partie dans les six prochains mois ». C’est en ces termes que le Chef de l’Etat a mis au travail le gouvernement pour des résultats attendus d’ici à la fin de l’année.
Ces instructions du président de la République confortent le président du Patronat, Mamadou Sinsin Coulibaly, dans sa quête d’un engagement politique fort pour la promotion de l’entreprise.
Les deux thématiques développées lors de cette cérémonie par le CNPM à savoir : l’Emploi et la formation professionnelle et la Commande publique, n’ont pas tardé à faire obtenir l’adhésion du chef de l’Etat dans une action urgente. Devant le président de la République et les membres du gouvernement, le Patronat, à travers son 1er vice-président, Seydou Traoré, a passé en revue les contraintes liées à la création d’emploi, à la formation professionnelle et les mesures qui défavorisent les entreprises nationales pour enlever les marchés publics.
La gouvernance des organismes dédiés à l’emploi et à la formation professionnelle au crible
Pour M. Traoré, plusieurs dysfonctionnements pèsent sur la gouvernance des structures dédiées à l’emploi et à la formation professionnelle d’appui. Au Mali, ces structures sont entre autres, le Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (FAFPA), l’Agence nationale pour l’Emploi (ANPE), l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ), au Projet de développement des compétences et l’emploi jeunes (Procej)…
D’abord, le 1er vice-président de la CNPM a évoqué les limites des Conseils d’Administration, en tant qu’instance décisionnelle suprême, et en précisant sa composition et ses modalités de fonctionnement. « Cependant, force est de constater que le Conseil d’administration dévient un organe de figuration destiné juste à mettre la forme à des décisions qui seraient prises à d’autres niveaux. Le Conseil d’administration, dans sa forme actuelle, perd le plus souvent ses prérogatives au profit du ministre de tutelle », a-t-il soutenu.
Ensuite, il a regretté que la gestion de ces structures d’appui soit confiée à un directeur général dont le processus de désignation et de nomination le place sous l’autorité du ministre de tutelle plutôt que de celle du Conseil d’Administration dont il devrait normalement relever. De ce fait, explique M. Traoré, le CA n’a aucun droit de regard et reste, le plus souvent, impuissant face à la gestion de ces structures et face aux défiances qui pourraient être constatées. Il a dénoncé la nomination du DG pour une période non limitée. « Cet état de fait le pousse plus à être préoccupé par son maintien en poste plutôt qu’aux performances globales de sa structure », a souligné le 1er vice-président du patronat.
En proposition, le CMP souhaite que la nomination des DG se fasse à la suite d’un appel à candidatures par voie de presse et que le processus de présélection soit conduit par un cabinet privé indépendant. De même, il demande à ce que leur mandant ne dépasse trois ans et renouvelable qu’une seule fois.
La nécessité d’un marché public moderne
Pour une commande publique plus efficace et favorable aux entreprises nationales, le patronat suggère au président et au gouvernement de multiplier les supports de publication des appels d’offre et décoder les informations indispensables. Aussi, dans son exposé, le 1er vice-président de la CNPM a souligné la nécessité de dématérialiser les procédures des appels d’offre. Pour ce faire, M. Seydou Traoré a plaidé la création d’une plateforme unique pour l’ensemble des procédures afin de lutter contre la corruption. Pour M. Traoré, cette plateforme permettra aux entreprises de s’inscrire en ligne, de consulter les offres, de télécharger les dossiers des appels d’offres et les données essentielles aux marchés et d’effectuer leur dépôt de dossier de candidature.
Taxe et impôt de trop pour les entreprises
A ce niveau, « un constat s’impose à nous lorsque nous nous intéressons aux impôts et taxes auxquelles les entreprises maliennes sont assujetties : la pression fiscale qui pèse sur les entreprises maliennes en matière d’emploi est l’une des plus importantes de l’espace UEMOA », a souligné le 1er vice-président de la CNPM. Il a déploré qu’au moins deux taxes supplémentaires soient payées au Mali à savoir ; la taxe Emploi Jeunes» et la taxe logement ». Pour lui, cet état de fait constitue un frein à la prospérité des entreprises maliennes.
Eu égard à tout ce qui précède, le président de la République a instruit au Premier d’engager un processus de réforme dans les secteurs en question.