Infatigable à la tâche, rigoureux Ismaïla Fané est un jeune qui dispose des atouts pour remplacer les styles de grand nom comme Chris Seydou.
Fils de Sambou Fané, promoteur du Centre d’orientation professionnelle de coupe et couture (COPCC), le jeune Ismaïla Fané, Papus pour les intimes, a suivi les traces de son père en faisant de hautes études de couture.
Né à Bamako, il passe son enfance à Badalabougou où il fréquente l’école fondamentale. A la différence de ses camarades de classe, pendant les grandes vacances, son père l’amène régulièrement sur son lieu de travail à Ouolofobougou.
Cette expérience lui est d’un bon apport. Là il découvre le monde du travail et fait ses premiers pas entouré de nombreux élèves en formation qualifiante. L’univers des machines à coudre n’a plus de secret pour lui. Peu à peu, il prend goût au métier gardant secrètement son projet au fond du cœur.
Pendant l’adolescence, il apprend à manier la machine. Il allie études et passion. Ses parents l’inscrivent au lycée Cheick Anta Diop après l’obtention du DEF à Sogoniko. Là également, ses performances scolaires lui valent de décrocher le baccalauréat en série sciences humaines en 1999-2000.
Après quatre mois à l’ENA (sciences juridiques) sa passion pour se perfectionner en couture revient au grand galop. Il décroche pour enseigner au COPCC en modélisme. En 2002, une opportunité de formation pointe à l’horizon impulsée par le FAFP (Fonds d’appui pour la formation professionnelle et à l’apprentissage).
Ce fut alors le détonateur de sa carrière. Il a droit à une bourse d’études pour se perfectionner dans le stylisme et le modélisme. Ismaïla intègre les rangs de la prestigieuse Ecole de haute couture La Goulette de Tunis. Deux années de formation sans relâche lui permettent de décrocher le Brevet de technicien supérieur (BTS) en stylisme-modélisme dans l’industrie de l’habillement.
Avide d’approfondir ses connaissances il s’inscrit dans une école de haute couture canadienne implantée à Tunis : le Collège "La Salle". Après une année de formation pratique dans le domaine du stylisme et du modélisme, le jeune malien arrache son épingle du jeu et obtient cet autre diplôme affiné par une série de stages dans des entreprises tunisiennes.
Fort de ce bagage universitaire, Ismaïla rentre au bercail pour partager ses connaissances professionnelles et son expérience avec ses compatriotes avec l’espoir de mettre son savoir et savoir-faire au profit des élèves du COPCC.
En 2006, il est nommé directeur du prestigieux COPCC. Aujourd’hui il est à la tête de cet établissement voué à la formation de 892 élèves qu’il dirige d’une main de fer. Grand bosseur devant l’Eternel, chaque jour, il travaille de 9 h à 18 h.
Le jeune directeur ambitionne de révolutionner la haute couture malienne. Depuis quelques temps, il est en train de valoriser le creton du Mali. Dans les mois et les années à venir Ismaïla Fané compte vulgariser ce tissu fabriqué au Mali par le coton produit dans notre pays afin que se compatriotes se l’approprient.
D’après lui : "Feu le président Thomas Sankara a valorisé les habits traditionnels du Burkina Faso. Feu Chris Seydou paix à son âme a mis en valeur le bogolan du Mali. Rien ne m’empêche à mon tour de rehausser l’image du creton malien. C’est un tissu agréable en coton qui colle à merveille avec notre climat. Pour développer notre pays, nous devons inévitablement nous défaire du complexe de l’Occident".
A E Sissoko