Nouakchott - Le "Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans", nouvelle alliance entre jihadistes du Sahel liés à Al-Qaïda, a démenti toute implication dans la lapidation présumée d’un couple non marié dans le nord-est du Mali, dans un communiqué diffusé vendredi sur les réseaux sociaux.
Dans ce communiqué en arabe cité par l’agence mauritanienne Al-Akhbar et SITE, centre américain de surveillance des sites jihadistes, le groupe, principale force islamiste armée dans la région, conteste même la réalité des faits, rapportés à l’AFP le 17 mai par des élus locaux.
La mise à mort du couple, accusé d’avoir "violé la loi islamique" s’est déroulée la semaine dernière dans la vallée de Taghlit, entre les localités d’Aguelhok et de Tessalit, près de la frontière algérienne, selon ces élus de la région de Kidal, joints au téléphone par l’AFP de Bamako.
Elle a eu lieu en public et a été filmée, avait affirmé un de ces élus.
La réalité de cette exécution a été mise en doute ces derniers jours sur les réseaux sociaux, mais toute vérification directe était difficile dans une région reculée et écumée par divers groupes armés, narcotrafiquants, contrebandiers et bandes criminelles.
En l’absence de preuve matérielle, la diffusion d’une vidéo montrant cette lapidation était attendue au début du ramadan, qui doit commencer ce weekend, estimaient jusqu’à présent des sources proches du dossier.
Aucune indication n’a pu être obtenue sur l’identité des "islamistes" en question ou le groupe auquel ils appartiendraient.
"Nous démentons en bloc et dans le détail l’information mensongère (...) faisant état de l’exécution d’un homme et d’une femme pour adultère dans le village de Taghlit", affirme le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, dirigé par le jihadiste touareg malien Iyad Ag Ghaly.
"Grâce à notre enquête et nos échanges avec les nôtres dans la région, nous
avons obtenu l’assurance que cet incident ne s’était pas produit et que cette
histoire était dénuée de tout fondement", selon le texte.
Le groupe indique par ailleurs que ce sont ses combattants qui ont retenu quatre employés maliens du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans la région de Mopti (centre) entre le 14 et le 15 mai, démentant tout enlèvement et assurant qu’ils ont été relâchés sans dommage après un interrogatoire sur les raisons de leur présence.
Il a revendiqué la grande majorité des attaques jihadistes au Mali ces dernières semaines, y compris une embuscade mardi près d’Aguelhok qui a coûté la vie à deux Casques bleus tchadiens.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. En juillet 2012, des membres du groupe d’Iyad Ag Ghaly, Ansar Dine, avaient lapidé en public à Aguelhok un homme et une femme auxquels ils reprochaient d’avoir eu des enfants hors mariage.
Les jihadistes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.