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Moustaphe Maïga : «Quand Radio Sikoro ou le Journal Le Ségovien livre une information, les Ségoviens y croient à 200 %»
Publié le dimanche 28 mai 2017  |  Le Reporter
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Dans le cadre des festivités des 12 ans de Radio Sikoro, Le Reporter MAG a eu un entretien avec le Directeur de cette station FM basée à Ségou. Il a été question de son parcours, de la création de Sikoro FM, des difficultés rencontrées, des moments forts et des perspectives. Par ailleurs, en sa qualité de premier responsable du club de football Office du Niger, nous lui avons demandé sa recette pour la résolution de la crise que traverse le football malien.
Moustaphe Maïga, qui se dit être plus à l’aise dans cet exercice à votre place que de répondre à des questions, est un natif du signe Lion. Né un 4 août 1967 à Bourem, il est passé par le Lycée, l’Ecole Normale Secondaire (Série Lettres Histoires Géographie). Depuis 25 ans, il est dans le domaine de la communication et du journalisme, nanti d’une maîtrise en communication d’entreprise. Il vient par ailleurs de boucler son cycle à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille pour un Master International en Management de Médias, promotion 2016-2018, grâce à l’Agence Universitaire de la Francophonie. Qui mieux que lui-même peut-il parler de son parcours !
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai fait deux fois l’Institut Forhom à la Rochelle en France (2009-2013) pour un certificat en communication au service de la stratégie d’organisation. C’est dire que depuis un quart de siècle, je suis dans le domaine des médias. Cela a commencé avec le journal scolaire de l’AEEM en 1991 et un an plus tard, j’intégrais la Coopérative Jamana, antenne de Ségou, avec le journal Yeko et la Radio Foko. J’ai été nommé Directeur de la Radio Jamana de Djenné en 1998 avant de revenir diriger en 2001 la Radio Foko de Ségou. J’ai démissionné en 2003 du poste de Directeur pour lancer «Le Ségovien», le journal de Ségou, car l’espace médiatique en presse écrite, à l’époque à Ségou, était vierge.
Sur conseil du ministre Gaoussou Drabo, l’Office du Niger, qui cherchait un communicateur, m’a recruté comme Chargé de Communication, jusqu’en 2016 où on m’a affecté à la division formation. Entre-temps, la radio est venue se greffer au journal en 2005, pour devenir un Groupe de Presse qui a le mérite de servir d’abord une information de proximité, et de faire rayonner le nom de Ségou à travers le monde. Le Soroké d’Or Prix de l’Intégration UEMOA obtenu en 2008 et le Bizz Awards obtenu en 2009 à Dakar Catégorie Presse Africaine par la Confédération Mondiale des affaires basées à Houston, nous convainquent régulièrement que nous sommes sur la bonne voie, en plus d’être régulièrement appelé par RFI dans sa rubrique «Allô Presse Africaine». Comme beaucoup d’autres, nous avons attrapé le virus de la presse depuis l’école. Je me rappelle mes devoirs de Géographie où l’actuel Commissaire à la Sécurité Alimentaire, qui fut mon Professeur, appréciait toujours ainsi avec une moyenne entre 13 et 12 : «Ce n’est ni de la littérature ni du journalisme…».
Comment avez-vous eu l'idée de créer Sikoro FM ?
Je le disais tout à l’heure. Nous avions entamé notre parcours professionnel par un Groupe de Presse qui avait conquis le cœur des Ségoviens : Yeko et Foko. Après notre départ à Djenné en 1998, le flambeau a été éteint 3 ou 4 ans après pour ce qui est du journal. Et lorsque je démissionnais de la Direction de la Radio Foko en septembre 2003, c’était la même chose. L’espace médiatique en presse écrite était vide. Je lançais «Le Ségovien» et deux ans plus tard, l’envie m’était revenue de revivre la même sensation que j’avais à mes débuts, c’est-à-dire radio et journal, et nous nous sommes lancés dedans en installant Radio Sikoro sur les 106.1 MHz. Nous avions déjà une expérience pour ce faire et notre crédibilité a joué un rôle important pour la facilitation de certains appuis.
Qui sont les premiers animateurs de cette radio à Ségou, quelle était sa force ?
Quand Radio Sikoro se lançait, elle était la 7ème radio de Ségou Ville. Aujourd’hui, il y en a le double. Tous ceux qui avaient démarré le projet étaient déjà aguerris en matière de radio : Feu Cherif Haïdara qui était le premier directeur par exemple, Madou Ndiaye qui lui a succédé, Fatoumata Badji Diallo, etc. Je suis aussi fier de dire que c’est Radio Sikoro qui a obligé l’actuel Président de l’URTEL, Bandiougou Danté (il était rédacteur au journal Le Ségovien), à faire de la radio en lui donnant une émission de débat hebdomadaire : l’invité de la semaine. Plus tard, il ouvrira sa propre radio. Notre force était que nous étions déjà aguerris à la fonction. Ensuite, il y avait la crédibilité. Quand Radio Sikoro ou le Journal Le Ségovien livre une information, les Ségoviens y croient à 200%.
12 ans après, quel bilan tirez-vous de cette aventure, quelles ont été les difficultés majeures ?
Les difficultés sont toutes inhérentes aux autres radios du Mali à cause de la prolifération sans cesse des stations qui font que le marché de la publicité est biaisé. Ce qui fait que les travailleurs répondent à l’appel des sirènes ; ils vont travailler dans des organismes ou services où ils savent que leur avenir est certain. Ceux qui viennent, n’ayant pas passé par le même moule, il va sans dire que les prestations sont en deçà des attentes. Mais il faut toujours retenir les bons moments de toute aventure. Et Sikoro en a eu et nous tenons incontestablement la dragée haute dans l’espace radiophonique de Ségou. Je viens de parler du cas du Président de l’URTEL qui est un de nos produits.
Quels ont été les moments forts et les grands souvenirs des 12 ans ?
Incontestablement, c’est le décès du 1er Directeur Amadou Cherif Haïdara, un jour de Noël 2008. Entre 6 h et 8 H, notre audience était remarquable avec ses émissions matinales. Il est décédé au moment où le frère jumeau «Le Ségovien» éditait son N°100 en 100 pages. (Nous présentions les 100 personnalités de Ségou qui ont marqué le millénaire ; nous l’avions réédité et réédité, mais je n’en garde qu’un seul exemplaire aujourd’hui). Un évènement exceptionnel, jamais réalisé dans le pays et auquel il n’a pas participé, rongé par la maladie.
Quelles sont les perspectives de Sikoro FM ?
Radio Sikoro marche comme le font la plupart des radios libres du Mali. L’environnement précaire pour les radios influe sur notre dynamisme, mais nous tenons. Nous nous sommes fixé depuis le début un objectif, tant avec le journal et la radio : nous ne ferons que de l’information de proximité avec la promotion de nos cultures et de nos langues. Nous donnons par exemple obligation à tous de jouer 80% de musique malienne. Nous accompagnons les arts, le cinéma en aidant à trouver leurs marques. Après plus de 10 ans, il faut avoir la perspective maintenant d’être une radio écoutée à travers le monde. Il faut donc être sur le net. Nous nous attelons à relever ce challenge.
Est-ce qu'en dehors de Sikoro FM, vous avez d'autres stations dans la région ?
Oui, il y a Radio Sikoro 2 à Niono, mais on ne peut pas dire qu’elle a la même vigueur que celle de Ségou, car Niono est un cas particulier dans ce domaine.
12 ans, ça mérite une petite fête, qu'est-ce qui est prévu ?
Cette année, nous avons voulu coller à la date anniversaire. Radio Sikoro est née un 25 mai 2005, jour de l’Afrique, fête de l’intégration. Nous avions eu la chance tout dernièrement d’être invité par le Ministre des Affaire étrangères et des Burkinabè de l’Extérieur à Ouagadougou pour assister au FESPACO. De passage, nous remercions Alpha Barry pour nous avoir rendu le séjour du Faso agréable et surtout de nous faire aimer le cinéma africain qui fait des progrès énormes. Nous avions été marqué par le Film «FRONTIERES» d’Apolline Traoré qui a ouvert le bal du FESPACO et qui fut primé (Prix de la CEDEAO, Proix Felix Houphouët Boigny, Prix Paul Robinson). La réalisatrice burkinabè pose la problématique de l’intégration des peuples et des Etats africains sur nos routes. Elle devrait commencer la promotion de son film en Afrique, à partir d’Abidjan le 29 mai. Mais elle a accepté que nous projetions ce film en primeur aux Ségoviens le vendredi 26 mai 2017 à 21 heures pour coller à notre anniversaire, et ce sera sous la présidence de Dr. Abdrahaane Sylla, ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine.
En plus de Sikoro FM, vous avez créé l'Office du Niger Sports, comment ça marche ?
Effectivement. D’abord avant Office du Niger Sports, j’étais le président d’un club de football qui existait depuis 2006. Il s’agit de Balanzan AC et c’était entre 2009 et 2011. J’ai fait connaître le club sur le plan national, car en 3 saisons, nous avons été deux ans, successivement, champion régional de Ségou en jouant la montée en D1 et en représentant Ségou à la Coupe du Mali, en jouant même les 1/8me de finale de la Coupe du Mali contre le Stade malien qui venait de remporter la Coupe CAF. Cette visibilité que j’ai donnée, moi seul, à un club de secteur, m’a fait réfléchir en tant que responsable de la communication de l’Office du Niger qui utilisait d’autres supports (radio, journal, dépliants, etc.) pour communiquer. Je m’étais dit que c’est un bon support, le football, car je me rappelais la finale de 2010 contre l’ASB en montée D1. Depuis Londres la BBC m’avait appelé. Surtout qu’il permettrait de socialiser, au niveau de l’entreprise, bien de Ségoviens qui n’avaient pas la chance de travailler à l’Office du Niger. Ne serait-ce qu’avec les primes de victoire, les équipements estampillés Office du Niger Sports, je me disais qu’ils pouvaient défendre l’image et la performance de l’entreprise sans y être recruté.
Après la montée en D1 manquée à Koulikoro par le Balanzan AC en juillet 2011, je proposais au fondateur du club, l’initiative de changer le nom du club en Office du Niger Sports, afin de garder la même ossature, avec des garanties (affiliation et prise en charge du centre de formation pour que le nom Balanzan ne disparaisse pas) au lieu d’une association sportive que je pourrais créer et qui lui ferait la concurrence. Ça n’a pas marché avec lui au début et deux mois après, en septembre 2011, nous créons notre association sportive (Office du Niger Sports) qui sera affiliée à la FEMAFOOT le 11-11-2011.
Cette date symbolique nous dicta de croire que le club ira loin. Effectivement, 9 mois après sa naissance, le club monta en D1 en battant l’US Bougouni, détentrice de la Coupe du Mali, 5 jours après son sacre national, à Bougouni ! Nous sommes montés en D1 avant que nous absorbions le Balanzan AC étant en D1 (nous affilions le Centre de Formation Balanzan à la FEMAFOOT afin que le nom ne disparaisse) ; nous sommes restés deux ans en D1 avant d’en descendre, mais depuis, nous sommes toujours les Champions de la Région de Ségou et n’eut été la violation flagrante du Règlement Spécial de la Montée en D1 en 2015, le club ne serait pas encore en D2.
Comment voyez-vous l'issue de la crise du football, d’autant que vous étiez membre du comité de normalisation (CONOR) ?
La crise du football malien échappe à tous ceux qui analysent et maîtrisent bien les textes de la FEMAFOOT ! On est face à une mauvaise gouvernance et de perpétuelles violations de textes. C’est pourquoi elle ne sera jamais résolue avec des colmatages car le ver est dans le fruit depuis. Avec les derniers développements de la crise et des accords qui en sont issus, assez bien malmenés, je crois que sans le verdict interprété du TAS, les acteurs ne s’entendront jamais.
Propos recueillis par Kassim TRAORE
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