Kalfa Sanogo, PDG éphémère à la tête de la CMDT, ancien directeur de l’IPR de Katibougou, ancien fonctionnaire des Nations Unies, membre fondateur et cadre du parti ADEM-PASJ membre de la majorité présidentielle, serait-il l’arme de vengeance des « frustrés » du premier quinquennat du président IBK ?Voilà la question qui taraude l’esprit de beaucoup de maliennes et maliens de l’intérieur et de la diaspora.
Sa candidature aux primaires voire à la prochaine élection présidentielle en République du Mali, au nom de l’ADEMA PASJ, est présentée par sa région, Sikasso. Pour ses partisans, il est le mieux placé pour défendre les intérêts d’une région qui a toujours été le « bétail électoral » de nombreux candidats à l’élection du président de la république qu’on utilise pour ensuite jeter. Dans son parti, l’ADEMA PASJ, on y voit une opportunité pour contrecarrer les plans de ceux, à l’intérieur du parti, qui œuvrent pour un soutien à la candidature du président sortant, IBK, dès le premier tour.
Kalfa Sanogo a été porté à la tête de la CMDT, mais il y restera pour peu de temps. Un départ mal reçu par les partisans de l’homme et même au sein du parti, selon qui, le licenciement de Kalfa Sanogo à la tête de la plus grande compagnie des textiles, est un « mépris » porté à l’endroit d’un parti allié.
Nous sommes à la veille de l’ouverture des campagnes pour les élections présidentielles 2018 et l’occasion est bonne pour ceux, au sein du parti, qui pensent et croient que leur soutien au président « IBK » n’a pas été récompensé à hauteur de souhait, de rappeler à « IBK », de manifester leur déception. Et le meilleur moyen serait de présenter un candidat contre lui.
La question que l’on se pose, c’est quelles conséquences sur la cohésion du parti ce, d’autant plus que le président « IBK », probable candidat à sa propre succession, peut compter sur des partisans à l’intérieur de la Ruche. Il faut noter que l’actuel président du parti ADEMA, Tièmoko Sangaré, Abdel Karime Konaté, Amadou B Tiémoko Diarra sont ministres dans le gouvernement « IBK » tout comme d’autres cadres du parti l’ont été et/ou continuent de l’être.
On peut comprendre la frustration de la région de Sikasso. L’« enfant » du terroir, Kalfa Sanogo a été écarté de ses fonctions de PDG de la CMDT et la responsabilité a été attribuée au Président « IBK ». Une décision difficile à accepter pour les partisans de l’homme et certains membres de l’ADEMA. La région de Sikasso est considérée zone CMDT par excellence. La nomination de Sanogo à la tête de la filière, a été une grande fierté pour ses ressortissants et considérée même comme une récompense pour le soutien de la région de Sikasso à la candidature de « IBK » en 2013, jusqu’à la décision qui relève Sanogo de ses fonctions. Aussitôt, sa candidature aux élections communales, a été sollicitée et portée par les ressortissants de la localité. La Liste Kalfa Sanogo a remporté les élections et Kalfa est élu maire de Sikasso. Du coup, la réflexion a été portée plus loin et on voit désormais l’homme, porte-étendard de son parti aux prochaines élections présidentielles. De là à croire à une instrumentalisation de l’homme pour assouvir des désirs de vengeance, il n y a qu’un pas qu’on pourrait allègrement franchir.
On a toujours pensé que Kalfa Sanogo pouvait mieux s’occuper du développement de sa localité, en tant que maire, et non d’être l’arme de vengeance de certains cadres de son parti, frustrés de n’avoir eu droit aux dividendes qu’ils espéraient au lendemain de la victoire de « IBK ». L’argument de défense comme quoi la raison d’être d’un parti, c’est la conquête et l’exercice du pouvoir par lui-même, présenté pour cacher les réelles motivations pour une candidature du parti contre IBK, ne tient pas la route si on analyse la posture de ce parti depuis qu’il a perdu les élections en 2002. Un parti qui aime s’aligner en fonction de la direction du vent ; un parti dont les cadres ont appris à se « prostituer » politiquement au détriment des valeurs de leur parti et qui sont prêts à vendre leur âme pour jouir des avantages d’un porte- feuille ministériel. C’est un parti où tous s’imaginent droit à être ministre. Ceux qui n’ont pas été conviés au banquet ministériel, créent une « rébellion » interne pour se faire entendre. C’est cela qui explique la situation explosive actuelle du parti, à la veille de l’ouverture des campagnes présidentielles et au moment où le parti doit choisir sa ligne de conduite vis-à-vis de ces élections. Cela s’apparente à de la surenchère politique, mais ça peut marcher. D’ailleurs pour ses initiateurs, ça marche ou ça casse.
Une élection de proximité diffère de beaucoup d’une élection présidentielle. A Sikasso les gens ont voté Kalfa et non pour le parti ADEMA. Nous étions sur le terrain et savons de quoi nous parlons. L’ADEMA PASJ est en perte de vitesse à Sikasso. Cela est une réalité dans la capitale verte. Que l’on nous apporte la preuve du contraire.
Kalfa Sanogo est le dindon de cette farce politique et le risque pour lui, c’est de se retrouver seul face à son destin au moment il sera abandonné par ceux qui l’encouragent aujourd’hui à être candidat contre « IBK ».