Grâce à une bonne utilisation des TIC, l’agriculture peut jouer le rôle de moteur de l’ économie nationale tout en garantissant la sécurité alimentaire
De nos jours, la révolution technologique a façonné notre quotidien. L’utilisation des technologies de l’information et de la communication a facilité les tâches dans de nombreux domaines. Que ce soit en termes d’efficacité, de réduction de temps ou de communication, les TIC ont envahi presque tous les secteurs d’activités : l’éducation, la santé, l’économie. Elles sont présentes partout. Aujourd’hui, l’usage de ces TIC dans le développement agricole est très important. Ainsi, un téléphone mobile bien équipé ou un Smartphone doté des applications avec la couverture réseau et la connectivité à Internet peut servir à mener des analyses du sol, à utiliser des engrais, à recevoir des conseils de vulgarisation et des prévisions météorologiques, à surveiller les nuisibles et les maladies, à prendre des décisions de commercialisation, à envoyer et recevoir des paiements, à surveiller la production pendant le transport et le stockage, à améliorer le transport et la logistique du commerce de gros et de détail, et l’efficacité générale de la gestion. Cependant, selon les spécialistes, l’usage de ces outils a aussi des inconvénients ou des lacunes à corriger. En effet, toutes les zones agricoles ne sont pas couvertes par le réseau téléphonique ou la connexion Internet. Par conséquent, la grande majorité des agriculteurs, surtout ceux des villages, ne disposent pas de ces outils et leur usage concerne en l’occurrence des jeunes qui sont les bras valides, mais qui ne sont pas les seuls à exercer dans le domaine. Booster le secteur. Tous les experts sont par ailleurs,unanimes sur le fait qu’avec une bonne intégration des TIC dans l’agriculture et la formation des paysans à leur utilisation, ces outils peuvent, véritablement booster le secteur dans les pays qui disposent d’un fort potentiel agricole, avec de milliers de kilomètres carrés cultivables non exploités ou mal utilisés. Au Mali par exemple, certaines organisations évoluant dans le domaine agricole ont intégré les TIC dans leur travail. C’est le cas du FOSCAR-Mali (Forum des Services et Conseil Agricole et Rural du Mali), une plateforme nationale des acteurs maliens du conseil agricole et rural qui s’emploie essentiellement dans le développement d’une agriculture durable et moderne à travers notamment, la diffusion de l’information agricole, le test et l’adaptation pratique des nouvelles technologies, l’élaboration et la diffusion d’outils de gestion commerciale pour les agriculteurs et les entrepreneurs locaux ainsi que la promotion de l’utilisation dans l’agriculture. FOSCAR-Mali intervient dans l’usage des TIC en agriculture depuis les années 2000 à travers l’initiative « Radio Action Impact », précédemment appelée, Alliance des Radios Communautaires du Mali (ARCM). Selon Modibo G. Coulibaly, spécialiste en communication d’impact axé sur la radio, en service à FOSCAR-Mali, l’ARCM, créée en 2004, tire son origine de l’expérience de collaboration entre la Radio Fanakan de Fana, l’ONG KILABO et l’ONG Internationale canadienne Carrefour Canadien International à travers la mise en œuvre du projet Radio Communautaire. « Dans une approche de radio participative de 2000 à 2003, ce projet a démontré l’impact de la radio lorsque ses programmes sont conçus, diffusés et suivis selon les besoins et la participation des agriculteurs et agricultrices », a-t-il expliqué. Dans cette logique, il a rappelé que FOSCAR-Mali a développé deux stratégies de promotion des TIC dans l’agriculture. La première porte sur la dissémination à large échelle des innovations, des bonnes pratiques des résultats de recherche et la valorisation des connaissances endogènes, tandis que la deuxième concerne le réseautage, le partage de connaissances, d’informations au Mali, en Afrique et à travers le monde. La première stratégie a pour but d’aider les communautés rurales par la valorisation du savoir endogène, soutenu, amélioré, adapté aux innovations scientifiques résultant de la recherche agricole et adopté à large échelle. Il s’agit, en définitive, d’aider les communautés rurales à recueillir les données, à évaluer et prioriser leurs besoins spécifiques, et à analyser la faisabilité d’un projet adapté aux besoins ainsi que la pérennisation des bonnes pratiques résultant de sa mise en œuvre. En ce qui concerne le réseautage, le partage de connaissances, d’informations au Mali, en Afrique et à travers le monde, l’organisation dispose de pages Facebook :https://www.facebook.com/profile.php?id=100010655320939, et https://www.facebook.com/Forum-des-Services-de-Conseil-Agricole-et-Rural-du-Mali-421363461393296/. Aussi la plateforme VSPN de AFAAS http://networking.afaas-africa.org/#link, constitue un véritable outil de partage de connaissances, d’informations et de réseautage. Faire face au déficit d’agentS de vulgarisation. Par ailleurs, Modibo G. Coulibaly trouve que l’utilisation des TIC favorise le partage d’informations, de communication et de connaissances en un temps record très réduit. L’usage des TIC dans le cadre du conseil agricole, de son point de vue, contribue à faire face au déficit d’agents de vulgarisation dont le ratio actuel au Mali est relativement déséquilibré selon un rapport du vérificateur général. Parlant des inconvénients, le spécialiste en communication d’impact axé sur la radio reconnaît que ces technologies sont disponibles, mais pour lui, « nous avons besoin de leur appropriation par les acteurs. Malheureusement, très peu d’acteurs dans le domaine de l’agriculture ont une meilleure connaissance sur les méthodes, les outils, les approches, les stratégies d’utilisation des TIC au service de l’agriculture », a- t-il regretté avant de déplorer la faible couverture ou la qualité de couverture de l’ensemble du territoire par les réseaux téléphoniques qui rendent difficiles l’effectivité de certaines activités « et peuvent décourager des acteurs sceptiques ». Pour pallier tous ces problèmes, notre interlocuteur propose le développement d’une synergie virtuelle entre l’AGETIC (Agence des technologies de l’information et de la communication) et l’ensemble des acteurs du domaine afin que dans le futur, grâce à une bonne utilisation des TIC, le secteur agricole puisse jouer le rôle de moteur de notre économie nationale tout en garantissant la sécurité alimentaire. Seydou TANGARA