S’il est vrai que l’information et la sensibilisation mobilisent les citoyens contre la corruption, la dénonciation d’actes avérés de corruption peut aussi être un moyen efficace de lutte contre ce fléau.
Les dénonciateurs doivent être mieux outillés à cet effet. C’est dans cette vision globale que le Réseau plaidoyer et lobbying (RPL) a organisé, les 25 et 26 mai derniers au Centre Aoua Keïta, une formation à l’intention des journalistes et autres professionnels des médias mais aussi des acteurs de la société civile sur les textes, portant prévention et lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite au Mali.
Financée par l’ONG suédoise Diakonia dans le cadre du Projet : « appui à l’amélioration de la gouvernance et la lutte contre la corruption au Mali », cette formation a été marquée par le lancement de la campagne de sensibilisation « poches cousues 2016-2020».
L’objectif de l’atelier étant de renforcer les capacités des journalistes d’investigation, des organisations de la société civiles afin de leur permettre de jouer pleinement leur rôle de veille et de dénonciation. Pour y arriver, les formateurs (deux magistrats) ont entretenu la trentaine de participants sur les missions et le contenu des rapports, souvent accablant des institutions comme le Contrôle général des services publics, le Bureau du Vérificateur général et la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA).
Par ailleurs, les participants ont aussi été éclairés sur la loi relative à la prévention et la répression de l’enrichissement illicite, les processus et règles de passations des marchés publics en République du Mali, et les sanctions prévues, dans le Code pénal du 20 août 2001 contre les présumés auteurs de mauvaise gouvernance et des faits de corruption. Ce fléau est en vérité le fond de tous les problèmes que traverse actuellement notre pays, a déploré Fambougouri Diarra, dans son discours d’ouverture du séminaire.
Parlant du secteur de la justice qui, selon lui, devrait être un pilier dans une telle lutte, M. Diarra soulignera que « les enquêtes ‘’Afro-baromètre’’ ressortent que le sentiment d’inégalité de traitement devant la loi reste fort. A ce propos, la moitié des personnes interrogées pensent que la plupart des juges sont impliqués dans les affaires de corruption ».
Il a aussi ajouté que « l’impunité est un autre sentiment fort », avant de faire sienne une citation du Vérificateur général en guise de proposition de solutions : « La solution contre la corruption est individuelle et collective, avec bien sûr comme signe d’encouragement l’exemplarité des décideurs politiques et publics. Derrière chaque corrompu se cache au moins un corrupteur ».
Pour appuyer l’argumentaire développé par le formateur principal, le trésorier du RPL a révélé que « les enquêtes ‘’Afro-baromètre’’ de 2013, estiment à près de 45 % les Maliens qui pensent que la plupart ou l’ensemble des institutions sont impliquées dans des affaires de corruption ».
A en croire notre interlocuteur, le rapport de l’Observatoire des pratiques anormales de l’UEMOA dont il ne donne aucune précision sur la date de publication, considère que les prélèvements illicites sont élevés au Mali.