C’est une première pour l’Eglise malienne : Mgr Jean Zerbo vient d’être créé cardinal il y a une dizaine de jours par le Pape François. L’archevêque de Bamako sera élevé à la pourpre cardinalice le 28 juin prochain Saint siège à Rome.
Par cette promotion surprise venue du Vatican, au-delà du Mali, c’est l’Afrique toute entière qui est honorée. En effet, au terme de la prière du Regina Coeli, le dimanche 21 mai dernier, le Pape François a révélé la création de cinq nouveaux cardinaux parmi lesquels figure l’archevêque de Bamako. Tous seront élevés à la pourpre cardinalice le 28 juin prochain, à la veille de la fête des saints Pierre et Paul, le 29 juin, durant laquelle les nouveaux cardinaux concélèbreront la messe avec le Pape François et les nouveaux archevêques nommés en 2016.
Qui sont ces futurs nouveaux cardinaux ? D’où viennent-ils ?
Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako (Mali), très engagé dans le dialogue islamo-chrétien est né le 27 décembre 1943 à Ségou, située dans l’actuelle région éponyme, au Mali. Le 10 juillet 1971, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Ségou par Pierre Louis Leclerc, son évêque. En décembre 1975, il est étudiant à Lyon. C’est en 1982 qu’il retourne au Mali où il est affecté à la paroisse de Markala.
Le 21 juin 1988, il est nommé évêque auxiliaire de Bamako, avec le titre d’évêque titulaire d’Accia. Il est consacré le 20 novembre suivant par le cardinal Jozef Tomko, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.
Le 19 décembre 1994, il est transféré au diocèse de Mopti. Le 27 juin 1998, il devient archevêque métropolitain de Bamako.
Le 21 mai 2017, à la fin du Regina Cœli, le pape François annonce sa création comme cardinal dans le consistoire du 28 juin suivant.
Depuis le début de la crise malienne, il a beaucoup œuvré dans le cadre du dialogue, de la réconciliation, et de tolérance religieuse.
Mgr Anders Arborelius, 67 ans, évêque de Stockholm (Suède). Il avait accueilli le Pape dans son pays en 2016, dans le cadre d’une commémoration oecuménique de la Réforme luthérienne.
Anders Arborelius, né de parents suédois le 24 septembre 1949 à Sorengo, en Suisse, est l’évêque catholique du diocèse de Stockholm depuis le 29 décembre 1998.
Il appartient à l’ordre des Carmes déchaux et est l’actuel président de la Conférence épiscopale de Scandinavie (Nordiska biskopskonferensen (sv)).
Anders Arborelius a grandi à Lund. À l’âge de 20 ans, il se convertit au catholicisme et deux ans plus tard, il entre au carmel de Norraby. Il a étudié la philosophie et la théologie à Bruges en Belgique et à Rome (licence en théologie). En 1977, il prononce ses vœux perpétuels et est ordonné prêtre le 8 septembre 1979.
Successeur de Hubertus Brandenburg, il est le premier évêque catholique de Suède d’origine suédoise depuis la Réforme. Il adopte la devise « In Laudem Gloriae ».
Avec le pasteur pentecôtiste Sten-Gunnar Hedin (sv) il a écrit le célèbre Jesusmanifestet (sv), en rappelant notamment que « la naissance virginale de Jésus est un fait biologique » (contrairement à un symbole ou à un mythe).
En 2007, il a exprimé sa gratitude envers les prêtres de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre venus de l’étranger pour célébrer selon l’ancien rite.
Mgr Juan José Ornella, 71 ans, archevêque de Barcelone (Espagne). Il s’agit du seul siège traditionnellement cardinalice parmi les cinq nouveaux cardinaux qui seront créés le 28 juin. Mgr Juan José Ornella est connu pour être très à l’écoute de ses fidèles, et des revendications des uns et des autres, indépendamment des positions de l’Église, et un vrai « sens pastoral ».
Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun, 73 ans, vicaire apostolique de Paksé (Laos). Il devient le premier cardinal originaire de ce petit pays d’Asie du sud-est, dont le régime communiste autoritaire a longtemps bridé la liberté de la petite minorité catholique. Le dimanche 11 décembre 2016, 17 martyrs du Laos, parmi lesquels dix missionnaires français, morts pour la foi entre 1954 et 1970, avaient été béatifiés ensemble à Vientiane, la capitale de ce pays indépendant depuis 1953.
Né le 8 avril 1944, Louis-Marie Ling effectue sa formation au sein de l’institut Voluntas Dei à Québec et est ordonné prêtre en 1972. Le 30 octobre 2000, il est le premier vicaire apostolique à être consacré à Pakse depuis l’érection du vicariat apostolique en 1967. Président de la Conférence épiscopale du Laos et du Cambodge (CELAC) de 2009 à 2014, il est nommé administrateur du vicariat apostolique de Vientiane en février 2017.
Mgr José Gregorio Rosa Chavez, 74 ans, évêque auxiliaire de San Salvador (Salvador). Il s’agit du premier cardinal de l’histoire de ce petit pays très catholique d’Amérique centrale, marqué par la figure de Mgr Romero, assassiné en 1980 et béatifié en 2015. À noter qu’il est très inhabituel qu’un simple évêque auxiliaire soit élevé à la pourpre cardinalice, mais ce choix du Pape est certainement lié au très long service de cet évêque, en responsabilité dans ce diocèse depuis 1982, et qui a dû accompagner depuis 25 ans une communauté traumatisée par la mort de Mgr Romero, par la répression de l’ex-dictature d’extrême-droite et par l’insécurité liée notamment au trafic de drogue et à la pauvreté.
D’après la biographie publiée par le Saint-Siège, Mgr Gregorio Rosa Chávez est né à Sociedad le 3 septembre 1942. Il a étudié à l’Université catholique de Louvain, en Belgique (1973-1976) – il parle le français – et a été ordonné prêtre le 24 janvier 1970, à la cathédrale de San Miguel, au Salvador.
Après avoir été secrétaire à l’évêché du diocèse de San Miguel et curé de l’église du Rosaire, ainsi que directeur des médias sociaux du diocèse et assistant spirituel de plusieurs associations et mouvement d’apostolat laïque, entre 1970-1973, il a été recteur du séminaire central de Montaria à San Giuseppe, de San Salvador et professeur de théologie au séminaire central de San José Montafia, à San Salvador (1977-1982).
Il a été membre du conseil de l’organisation des séminaires d’Amérique latine (1979-1982). Il a été nommé évêque auxiliaire de l’archidiocèse de San Salvador, le 3 juillet 1982.
Il s’agira de la quatrième convocation d’un consistoire extraordinaire voué à la création de nouveaux cardinaux depuis le début du pontificat du Pape François. Il en avait créé 56 lors de trois consistoires en 2014, 2015 et 2016, offrant les premiers cardinaux de l’histoire à de nombreuses nations périphériques comme le Lesotho, la Papouasie Nouvelle-Guinée ou encore les Iles Tonga.
Ce “mini-consistoire” de 2017 confirme cette attention portée à des territoires inhabituels, avec la création des premiers cardinaux de l’histoire du Mali, du Laos, du Salvador et de la Suède. Ces récentes nominations répondent à la volonté de l’Argentin Jorge Bergoglio, nommé pape sous le nom de François en avril 2013, de tendre vers une Église moins centrée sur l’Europe et sur l’Italie.
«Leur provenance de diverses parties du monde manifeste la catholicité de l’Église, diffusée sur toute la terre, et l’attribution d’un titre ou d’une diaconie de l’Urbe (de “la Ville”, de Rome, ndlr) exprime l’appartenance des cardinaux au diocèse de Rome, qui, selon la célèbre expression de saint Ignace, “préside à la charité” de toutes les Églises», a expliqué le Pape.
«Confions les nouveaux cardinaux à la protection des saints Pierre et Paul, afin qu’avec l’intercession du Prince des Apôtres, ils soient d’authentiques serviteurs de la Communion ecclésiale, et qu’avec celle de l’Apôtre des gentils, ils soient des annonciateurs joyeux de l’Évangile dans le monde entier, et qu’avec leur témoignage et leur conseil, ils me soutiennent plus intensément dans mon service d’évêque de Rome, pasteur universel de l’Église», a exhorté le Pape François.
La qualification au titre de cardinal permet à ceux qui en sont honorés de participer au conclave, la réunion au cours de laquelle un nouveau pape est désigné.
Avec la nomination de Mgr Jean Zerbo, le Vatican compte désormais 25 cardinaux africains, dont 15 sont électeurs. A large échelle, avec ces nouvelles créations, le collège cardinalice comptera au total 227 membres, dont 121 électeurs (49 créés par le pape François) et 106 non-électeurs, âgés de plus de 80 ans. Le dernier consistoire remonte au 19 novembre 2016, au cours duquel le Pape a créé 17 cardinaux, au terme de l’année de la miséricorde.