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Art et Culture

Vieux Farka Touré : "Ma musique ? une respiration, une inspiration"
Publié le mercredi 31 mai 2017  |  Le Point
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Ce fils du légendaire Ali Farka Touré organise un véritable syncrétisme musical à base de blues, funk et reggae, agrémenté de tradition malienne.

Il en fait de la route Vieux Farka Touré, lui qui en est à son septième album avec Samba* sorti depuis la mi-mai. Enregistré dans des conditions du live, cet album sonne aussi et surtout comme une plongée réussie dans les racines africaines du blues. Au moment de notre rencontre, sa voix est fatiguée. Vieux Farka Touré sort en effet d'une trentaine de concerts aux États-Unis. Sa tournée outre-Atlantique a visiblement enthousiasmé la presse américaine qui le surnomme le « Jimi Hendrix du désert ». Le musicien malien de 36 ans s'en amuserait presque : « Oui, ici, ils aiment bien faire des comparaisons. Cela situe plus vite quelle musique je fais. » C'est que l'artiste malien a plusieurs sources d'influences majeures. Outre Jimi Hendrix, il y a James Brown, Michael Jackson et Bob Marley. Autant de styles qu'il essaie d'intégrer à sa propre musique en solos de guitare époustouflants de virtuosité.

Une rencontre entre tradition et modernité
Sa musique est pourtant simple à définir selon lui, « c'est un mélange de musique traditionnelle malienne, avec des instruments du pays. Sur cela, j'ai ajouté des rythmes qui donnent de la modernité au tout. Pour connaître d'autres choses, il faut s'ouvrir aux autres influences. Il ne faut pas rester à un seul style. Ma musique s'enrichit ainsi. C'est une respiration et une inspiration. » Une charge électrique traverse effectivement l'album pourtant résolument enraciné dans le blues malien. Mais sans à-coup ni décharges brusques. Le mot Samba fait d'ailleurs référence non pas à la musique brésilienne, mais plutôt à une idée d'endurance, de dignité : « Samba est celui qui est courageux, celui qui est très fort, mais calme. Dans ma famille, c'est aussi ainsi qu'on m'appelle », explique-t-il.

Un album proche de l'émotion du réel
L'album Samba a été enregistré dans le cadre mythique des Woodstock Sessions à Saugherties New York. « Quand on enregistre un album, selon qu'il y a un public ou pas, ce n'est pas la même sensation. Je voulais ressentir la peur, l'attention, l'énergie. Comme quand je suis sur scène. J'avais déjà enregistré en studio, seul, mais c'est très différent en termes de résultat de ce que je donne en concert. La présence du public, pendant l'enregistrement, change les choses. Le public met une autre pression, de faire bien techniquement, mais aussi artistiquement. Tout cela se retrouve dans l'énergie de la musique », détaille l'artiste.

Samba évoque plusieurs thèmes, très ancrés dans la réalité personnelle du chanteur, mais également abordent de front la situation de son pays, le Mali. « La chanson Mariam est un hommage à ma sœur. Il y a aussi des chansons plus douloureuses comme Ouaga dans lesquelles je parle de la destruction lors d'une attaque terroriste dans la merveilleuse ville de Ouagadougou au Burkina Faso », indique-t-il. Et de poursuivre : « aussi Homafu Wawa dans laquelle je parle des terroristes dans le nord du Mali qui sont si affamés de pouvoir qu'ils ignoreront toute décence et feront un grand mal. Je parle également de la nécessité de protéger notre environnement dans Nature. Quand des choses touchent mon cœur, positivement ou négativement, j'écris une chanson. » Comme son père, il chante en plusieurs langues, bozo, peul, songhaï, bambara, « pour montrer que le Mali est un ».

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