Régulièrement victimes d’assassinat et souvent d’enlèvement, fonctionnaires et autorités traditionnelles sont devenus, du jour au lendemain, les cibles privilégiés des terroristes dans le centre du Mali.
« Il n’est plus question de donner des informations à qui que ce soit. Ici, c’est désormais nous qui nous cachons et les terroristes, eux, se promènent sans gêne », affirme ce fonctionnaire d’une voix placide, joint au téléphone 24 heures après l’assassinat d’Amadou Diallo, premier conseiller du chef de village de Mougnakana, dans la commune de Mondoro. L’homme a été froidement abattu à son domicile, dimanche 28 mai par des terroristes. Ses bourreaux, assurent des sources locales, « étaient venus à visage découvert et sont repartis tranquillement. »
De telles scènes, il y en a eu plusieurs dans le centre du Mali, quasiment abandonné par les autorités maliennes au profit de la Kaatibat d’Amadou Kouffa. « Depuis 2015, les islamistes ont exécuté 40 hommes en détention y compris des chefs de village et des responsables locaux », a assuré cette semaine la directrice Afrique de l’Ouest de Human Right Watch,…. Ajoutant que « certains ont été assassinés devant leurs propres familles. »
Les personnes susceptibles ou soupçonnées d’être proches de l’État sont identifiées et assassinées, les « symboles de l’Occident » comme l’école détruits. « Ici, il ne reste que les enseignants et les infirmiers. Le préfet et les sous-préfets sont partis il y a longtemps », témoigne un enseignant à Youwarou qui ne « peut prendre le risque d’être cité. » Il ajoute que toutes les écoles de la zone sont fermées sauf dans la seule ville de Youwarou.
Mais là aussi, des enseignants avouent qu’ils restent encore avec une grosse frayeur au ventre. Selon le plan de sécurisation intégrée des régions du centre élaboré en février dernier par le ministère malien de la sécurité, seulement deux unités du peloton de la garde nationale et de la brigade territoriale sont sur place, à Youwarou.
Aujourd’hui, la plupart des administrateurs se trouvant dans des zones reculées ont abandonné leurs postes. « On ne peut compter sur personne. Nous sommes entourés », indique cet administrateur. Il y a cinq jours, l’école de Sah, à 45km de Youwarou, a été incendiée par les nouveaux maîtres des lieux. Dans la zone, les transporteurs sont régulièrement stoppés pour vérifier s’il y a des fonctionnaires à bord des véhicules, assurent de nombreux habitants.
C’est ainsi qu’un agent de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), Amadou Ndjoum, a été enlevé le 26 avril dernier et est toujours entre les mains de ses ravisseurs. C’est cette situation qu’a craint cet élu qui a regagné Bamako depuis l’assassinat, en l’espace de deux semaines, des maires de Mondoro et de Boni en janvier dernier: « c’est complètement une purge contre fonctionnaires. »