Le tabac tue dans le monde chaque année plus de 7,2 millions de personnes dont plus de 80% dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires
A l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré hier la Journée mondiale sans tabac. L’événement célébré cette année sur le thème : « le tabac, une menace pour le développement », s’attache à sensibiliser sur les risques liés au tabagisme et l’exposition à la fumée du tabac, notamment ses conséquences sur la santé.
La journée a été commémorée hier à l’Institut national de formation en sciences de la santé (INFSS) par le Réseau de lutte contre le tabac et autres stupéfiants (RELUTAS-Mali).
On y notait la présence du conseiller technique au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Mme Coulibaly Seynabou Touré, du représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Abdoulaye Cissé et du président du Réseau Mahamane Cissé et nombre d’invités.
Cette journée donne l’occasion de souligner les liens entre l’utilisation de produits du tabac, la lutte antitabac et le développement durable. Elle vise aussi à encourager les pays à inclure la lutte antitabac dans leurs actions nationales, notamment dans le cadre du programme de développement durable à l’horizon 2030. Et cela pour démontrer que les individus peuvent contribuer à l’avènement d’un monde sans tabac. Dans le message de la directrice régionale de l’OMS, Dr Matshidiso Moeti, présenté par Abdoulaye Cissé, l’organisation onusienne révèle que le tabac tue plus de 7,2 millions de personnes dans le monde chaque année dont plus de 80% dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires.
Dans la région africaine près de 146 000 adultes âgés de 30 ans et plus décèdent chaque année des suites de maladies ou autres complications liées au tabac.
Il ressort également du message relayé par Abdoulaye Cissé que le tabagisme est l’un des principaux facteurs de risques évitables de maladies non transmissibles, notamment les cardiopathies, le cancer, les affections pulmonaires chroniques et le diabète. Le tabagisme aggrave les inégalités en santé et exacerbe la pauvreté car les personnes les plus pauvres consacrent moins de ressources à la satisfaction de leurs besoins essentiels. La convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac est l’outil le plus puissant au monde pour faire face à l’impact négatif du tabagisme sur le développement.
Selon la vision de l’organisation onusienne, la politique de contrôle du commerce illicite des produits tabac est aussi primordiale pour réduire la charge de tabagisme et ses répercussions sanitaires et économiques. Par ailleurs, le représentant de l’OMS a appelé les États membres à inclure la lutte antitabac dans leurs politiques et plans nationaux, dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable.
Il a notamment invité les individus à œuvrer pour un monde sans tabac, soit en n’utilisant jamais les produits du tabac, soit en arrêtant de fumer. « Protégez votre santé et celles des populations exposées à la fumée secondaire, notamment les enfants », a conseillé le représentant de l’OMS. Selon le conseiller technique, il a été réalisé, dans notre pays, une enquête sur le tabac en milieu scolaire chez les jeunes de 13 à 15 ans avec une prévalence de 12% chez ces jeunes scolaires. Les statistiques ont relevé en 2013 que 12,1 % des adultes de 15 à 64 ans sont des fumeurs.
En outre, Mme Coulibaly Seynabou Touré a précisé que les derniers résultats d’enquêtes publiés par l’OMS au 31 décembre 2016, donnent une prévalence de fumeurs actuels de cigarettes de 10,4 % chez les jeunes et 10,8% chez les adultes.
Pour parvenir à un monde sans tabac, estime-t-elle, les acteurs doivent jouer pleinement leur rôle en rendant leurs actions permanentes. Dans la prévention et la lutte contre le tabagisme, Mme le conseiller technique a souligné que l’école est un relais décisif.
Mais elle pense également qu’il est nécessaire de soutenir les efforts entrepris aux niveaux local, national et international par la société civile pour contrer les stratégies déployées par l’industrie du tabac, pour contourner ou empêcher les interdictions globales de la publicité, du parrainage et de la promotion.
Afin de réduire la prévalence du tabagisme et protéger la santé des populations, le président de RELUTAS-Mali a indiqué que notre pays a adopté la loi n° 10-033 du 12 juillet 2010 relative à la commercialisation et à la consommation du tabac et des produits du tabac et le décret n° 2012-343/P-RM du 27 juin 2012, déterminant les modalités d’application de cette loi.
Mais il a souligné que malgré ce cadre juridique, la prévalence du tabagisme demeure préoccupante dans notre pays. Cette tendance est confirmée par l’enquête globale sur le tabagisme réalisée à Bamako en octobre 2001 chez les jeunes élèves des écoles fondamentales avec une participation de 2 156 élèves.
L’étude révèle que plus du tiers des élèves de 13 à 15 ans consommaient du tabac sous une forme ou une autre, 28% fumaient la cigarette et 11% consommaient un autre produit du tabac.
Dans le contrôle du tabac, le Réseau joue pleinement sa partition, notamment en participant à de nombreuses activités de lutte. A ce propos, il a remarqué que le plan d’action national multisectoriel de lutte antitabac qui a été adopté et transmis au ministère, en charge de la Santé, n’enregistre pas d’avancées significatives.
Pour lui, le Comité national de contrôle du traitement (CNCT) tient rarement ses réunions. Ce qui a un impact négatif sur les actions de contrôle du tabac.
Il a aussi exprimé des appréhensions sur la prévision du Fonds monétaire international (FMI) qui risque d’être compromise si l’on ne prend pas de mesures fortes pour contrôler le phénomène.
L’institution financière avait annoncé que notre pays devrait rester fort en 2017 avec une prévision de 5,3% de produit intérieur brut (PIB). Alors pour préserver cela, le président du Réseau invite la population à s’engager dans la lutte contre le tabac pour sauver les générations futures.