Un an après le coup d'Etat, et deux mois après l'intervention militaire française, la sécurité reste encore précaire dans plusieurs régions du Mali. Plusieurs attaques impliquant des jihadistes ont eu lieu notamment à Gao. Mais il y a aussi les exactions pointées du doigt par de nombreux témoins ainsi que par les organisations internationales. Des exactions commises parfois par l'armée malienne, comme l'a d'ailleurs déploré mi-mars le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.
À 140 km au sud de Gao, dans la région d'Intilit, de nombreux témoignages ont pu être recueillis. Des exactions auraient eu lieu et se poursuivraient encore ce vendredi 22 mars. Selon cet élève de 17 ans du village d'Ossadja, dans l'arrondissement d'Intillit, des militaires ont enlevé des hommes, détruit des maisons en banco, emporté du bétail.
Paniqués, des femmes et des enfants ont pris la route vers le Burkina. C'est le cas de ce jeune homme joint par RFI, et qui raconte ce qu'il a vu dans son village, jeudi matin : « Il y avait des véhicules d’une armée, des pick-ups et des blindés qui sont rentrés dans les villages. Tout de suite, ils ont commencé à prendre les hommes. Des simples nomades. Ils ont commencé à les terrasser, à attacher leurs pieds et à attacher leurs mains avec les jambes. Ils les ont jetés dans les voitures, et puis ils sont partis avec eux ».
Plus tard, les tirs ont commencé et les femmes ont pleuré. « Bien sûr ! Ce sont les militaires maliens ! Ils parlaient même en bambara. Ils sont en train d’insulter, en train de tabasser les hommes, là. Mais je vois aussi d’autres personnes, là. Ils ont des armes noires. Ils ne portent pas de treillis », a-t-il poursuivi.
Pour le général Camara, ministre malien de la Défense , les exactions ont bien lieu mais ce sont des éléments déserteurs qui ont quitté l'armée qui se prêtent à de tels actes. Pour le reste, selon lui, tout n'est que ragots et intoxications.
Interrogé par RFI, il livre son point de vue de la situation : « Ce que je peux dire, c'est que dans le Gourma et dans d'autres parties du pays, notamment proches de la Mauritanie, il y a des groupes armés indépendants qui sont en quête de moyens de survie et qui se livrent à toutes sortes d'exactions sur nos populations. Il y a des groupes qui sont particulièrement actifs dans le Gourma. Nous avons un pays très étendu. Nos moyens sont ce qu'ils sont. On ne peut pas être partout à la fois. On essaye dans la mesure de nos moyens de déployer nos forces pour assurer la sécurité de nos populations. C’est notre vocation ».
Les témoignages sur le terrain recueillis par RFI confirment pourtant que les exactions se poursuivent et notamment les arrestations.