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Mali – Education : cinq (5) propositions pour lutter contre la fraude au D.E.F.
Publié le dimanche 4 juin 2017  |  sahelien.com
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© aBamako.com par A.S
Examen du DEF 2016
Bamako, le 06 juin 2016 les épreuves du DEF 2016 ont débuté
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Le ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues nationales du Mali a organisé en 2008 le « forum national sur l’éducation », avec plus de 600 participants qui ont pris part aux travaux pour faire des recommandations qui constituent un instrument de référence pour les autorités politiques en matière d’éducation. Le forum était une bonne chose en son temps, permettant d’une part de faire l’état des lieux de la mise en œuvre du Programme de développement de l’éducation (PRODEC), mais aussi de se projeter pour le futur. De 2008 à nos jours, le ministère de l’Education est confronté à un problème majeur, à savoir la fraude dans l’organisation des examens de fin d’année dans l’enseignement secondaire comme celui du fondamental.

Pour pallier ce problème dans l’enseignement fondamental, voici cinq propositions concrètes qui peuvent réduire sérieusement, si elles sont mises en œuvre, la fraude lors de l’organisation de l’examen du D.E.F. (Diplôme d’études fondamentales).

1- Numériser les notes des candidats

Le constat est très clair, et tous les études le prouvent, la fraude a pris une place non négligeable dans notre système éducatif. Le phénomène est favorisé par l’absence de contrôle rigoureux des autorités hiérarchiques sur le travail des chefs d’établissement. La numérisation des notes a pour avantage de lutter a priori contre toute falsification des moyennes annuelles des candidats à l’approche des examens. Cette mesure s’accompagne par l’envoi des notes au C.A.P. (Centre d’animation pédagogique) après chaque composition. De ce fait, le C.A.P. et les établissements établissent ensemble les moyennes annuelles non falsifiables.

2- Revoir la politique de mobilité des enseignants surveillants

Si au début, nous pouvons concevoir cette mesure comme luttant contre la fraude, la pratique montre une autre réalité. En effet, la mobilité des enseignants surveillants pose aujourd’hui plus de problèmes que de solutions. Le nouveau code des collectivités territoriales donne compétence aux collectivités communes d’organiser le D.E.F. ; le service technique, en l’occurrence le C.A.P., fait la proposition des enseignants chargés de la surveillance au chef de l’exécutif régional, acheminés par l’A.E. (Académie d’enseignement), qui prend une décision finale. On trouve dans la décision le nom des surveillants résidents, c’est-à-dire ceux qui restent au sein de leur propre établissement ou dans la commune où ils résident et les non-résidents, ceux qui se déplacent pour aller surveiller dans d’autres établissements (cas des enseignants qui quittent leurs collectivités pour d’autres collectivités). Les enseignants en déplacement sont confrontés au problème d’hébergement, d’alimentation, de transport…

Pour corriger ce problème, les Comités de gestion scolaire (CGS) s’organisent pour accueillir les surveillants dans des conditions optimales voire, des fois, de façon peu orthodoxe, qui a pour corollaire une générosité clairement assimilable à de la corruption. Au tour de ces accueils s’organisent des systèmes d’attente entre les accueillants et les accueillis pour frauder dans les salles d’examen.

La mobilité des surveillants doit être revue. D’une part, on doit réunir toutes les conditions pour permettre aux surveillants de bien faire leur travail notamment en revalorisant leur per diem qui prendra en compte tous les facteurs de la mobilité. D’autre part, il faut réduire de façon drastique le nombre de surveillants en déplacement pour alléger la charge financière de l’organisation.

3- Doter les centres d’examen d’un dispositif permettant d’imprimer les sujets sur place

Modernité oblige, le Mali doit songer sérieusement à introduire les nouvelles technologies dans l’organisation matérielle des examens. Le plus grand défi du département de l’Education dans l’organisation de l’examen dans le fondamental reste sans nul doute la fuite des sujets.

Dans l’organisation actuelle des examens, il y a beaucoup d’intervenants dans l’acheminement des sujets dans les salles d’examens ; des sujets très peu protégés, logés dans des enveloppes sous plis fermés.

Pour lutter contre la fuite des sujets, le gouvernement doit doter tous les centres d’examen d’ordinateur et d’imprimante. Le système consiste à envoyer le sujet directement depuis Bamako (la capitale du Mali) une heure avant le début de chaque épreuve au président du centre qui procède au tirage trente minutes avant les épreuves.

4- Faire alterner les copies entre les différentes académies d’enseignement lors de la correction

« Ce sont vos frères et sœurs, vos élèves et sachez aussi que vous vous notez », sont des mots entendus très souvent dans les centres de correction pour influencer les correcteurs. La recherche de rang dans le taux de réussite national aussi joue un rôle négatif sur la bonne marche de la phase des corrections, car les chefs des services techniques perdent leur poste en cas de mauvais de taux de réussite.

L’alternance des copies entre les différentes académies est un moyen peu coûteux pour lutter contre la fraude lors des corrections. La réintroduction de cette mesure est très nécessaire dans la mesure où les académies sont moins rigoureuses dans le contrôle dans la phase des corrections.

5- Renforcer le dispositif juridique contre la fraude lors des examens

Pour dissuader les élèves, les parents d’élèves et le corps professoral, la politique répressive envers les fraudeurs doit être à la hauteur. Le gouvernement doit légiférer en la matière pour pouvoir sanctionner les personnes qui s’adonnent à cette pratique peu glorieuse dont nul ne devrait s’enorgueillir. Bruno Lussato disait en 1981 que « l’amélioration des techniques de fraude est beaucoup moins coûteuse, en temps et en argent, que celle des moyens de prévention ». Donc, c’est au gouvernement de chercher les moyens de sa politique.

Yacouba Dramé (Enseignant à Mopti)
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