C’est aux environs de 3h du matin que les élus de la nation ont adopté le samedi 3 juin le projet de loi portant révision constitutionnelle. Il a été voté par 111 députés contre 35. Ce sont les élus de l’opposition qui ont dit non à ce texte, estimant par la voix de leur porte-parole, Mody N’Diaye, que « la révision constitutionnelle n’est pas opportune et que l’heure est à la recherche de la paix… ». Cet argument tient –il la route ? Que non !
Pour le confort de notre démocratie, la nécessité de la révision de notre Constitution de 1992 est apparue au grand jour en 2001. Le Président Konaré avait même réussi à faire voter une loi constitutionnelle, défendue par le ministre Ousmane Sy, alors chargé de la Décentralisation. Le rapporteur de la commission Loi était un certain Dioncounda Traoré, à l’époque, président du groupe parlementaire ADEMA-PASJ. En raison des tripatouillages opérés à Koulouba, après vote, s’il vous plait, le texte a été attaqué devant la Cour constitutionnelle par des députés démissionnaires de l’ADEMA, sous l’étiquette « d’alternative 2002 ». C’est de ce groupe qu’est né le RPM en juin 2001, avec feu l’honorable Alhousseïny Maiga d’Ansongo et Koungourouma Kodio de Koro, un intellectuel rigoureux, disparu dans la nature.
Voyant venir la sanction des neuf sages, le Président Konaré a anticipé pour surseoir au referendum programmé. Plus tard, la Cour constitutionnelle, dans son arrêt, a bel et bien donné raison aux plaignants. C’est authentique !
Dix ans après, le successeur de Konaté, le Président ATT, a remis ça avec la mise en place du Comité d’appui à la réforme institutionnelle, dirigé par Daba Diawara. L’équipe de ce dernier a fait un bon travail, en proposant un projet de révision constitutionnelle. Celui-ci n’a pas pu aboutir en raison des évènements que nous connaissons tous.
En 2017, le Président IBK, qui depuis la campagne électorale de 2013 a promis une révision constitutionnelle, est en train de gagner son pari. La première manche relative au vote de la loi est dans le sac. Il reste la dernière étape, celle du referendum, annoncée le 9 juillet. IBK est donc en train de réussir là où ses deux prédécesseurs ont raté le coche. C’est donc le Mali qui gagne, puisqu’il s’agit de conforter notre démocratie, de renforcer la cohésion sociale et de consolider la paix, à travers la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger.
La révision constitutionnelle n’est donc pas inopportune. C’est une nécessité pour le Mali d’aujourd’hui et celui de demain. Elle prend en compte, non seulement des difficultés liées au fonctionnement institutionnel, mais aussi, des aspects importants de l’Accord dont la mise en place d’un sénat (voir ci-contre le compte rendu de notre reporter).
Vivement donc que cette loi soit promulguée et que la campagne référendaire débute. D’ores et déjà, tout laisse à croire que l’opposition prônera le « Non », pour la bonne raison qu’elle a refusé de donner son onction au texte, à l’Assemblée.
En clair, nous allons assister au cours de ce vote à un avant-goût de ce que pourrait être la présidentielle prochaine, parce que deux grands camps se dégagent : l’opposition contre la majorité. Ça sera un tournent décisif dans la vie de la nation.