Christian Rouyer, ambassadeur de France au Mali, vient d’être relevé de ses fonctions. Il est remplacé par Gilles Huberson, diplomate passé par Saint-Cyr et décrit comme proche des « services ». Cette décision prise par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, intervient après la mise à l’écart brutale, ces dernières semaines, de plusieurs hauts diplomates en charge du dossier malien au Quai d’Orsay. Le limogeage de tous ces diplomates pourrait s’expliquer par la gestion du «dossier du nord Mali», sous Nicolas Sarkozy qui s’était appuyé sur le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, pour mener (à travers le Mnla) une guerre par procuration au nord du Mali. L’heure est aux sanctions à Paris.
Dernière victime en date, le sous-directeur en charge de l’Afrique de l’Ouest, Laurent Bigot, avait été démis de ses fonctions fin février. Peu auparavant, le représentant spécial pour le Sahel nommé en juin 2012, Jean Félix-Paganon, avait été écarté.
S’agissant de Christian Rouyer, en poste à Bamako depuis mars 2011, il peut bien s’agir d’une sanction, puis qu’il n’était pas arrivé au terme de sa mission dans notre pays. Aussi, son départ pourrait s’expliquer par son «jeu trouble» au Mali, sous l’ère Sarkozy. En effet, le désormais ex ambassadeur français était souvent sorti de son rôle de diplomate à Bamako. Il n’hésitait pas à s’immiscer dans les affaires intérieures du pays. C’est pourquoi M Rouyer a eu souvent des rapports difficiles avec les autorités maliennes, sous le pouvoir du Président ATT, dont la gestion (surtout au nord) était l’objet de critiques de la part du diplomate français. Aussi, certains proches de l’ancien Président confessaient en privé leur désaccord avec Christian Rouyer. Celui-ci était qualifié de diplomate « hors normes » qui, selon eux, était en mission de déstabilisation du régime en place, surtout que M. Rouyer est un proche de Sarkozy. Cet ancien Consul à Munich et à Barcelone, a longtemps servi à la place Beauvau (siège du ministère de l’Intérieur) avant d’être nommé Préfet de l’Aube, en remplacement du Beur Nacer Meddah. C’est de la région Champagne-Ardenne que Sarkozy l’a dirigé sur le Mali.
Au lendemain de la disparition des deux « géologues » français, à Hombori, dans la nuit du 23 au 24 novembre 2011, l’ambassadeur Rouyer a publié le message que voici : «L’enlèvement des deux ressortissants français dans un hôtel de Hombori, au sud du fleuve Niger, me conduit à rappeler que les mesures de sécurité préconisées par l’ambassade répondent à un danger réel et non à un risque hypothétique ou surévalué. Une grosse pierre furieusement jetée à l’époque dans le jardin de ATT…».