En 2002, alors qu’il venait d’arriver pour la première fois à l’Assemblée nationale comme député, il fut coopté par l’Adéma/PASJ pour être son candidat au perchoir contre le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita. Il se désistera par la suite pour raison de consensus à la ATT. En 2007, réélu sous la bannière du RND et seul député de ce parti, il voulut récidiver, mais se désistera encore à la dernière minute. En 2012, alors que le RND s’est fondu dans la Ruche, il cherchait à être porté au perchoir après le départ de son titulaire à Koulouba. Là aussi il échouera mais deviendra 4e vice-président de l’institution parlementaire. En 2013, il veut être le porte-étendard du PASJ à la présidentielle de juillet prochain. Me Kassoum Tapo est-il un ambitieux ou un prétentieux ?
Kassoum Tapo est un homme politique, né en1956 à Mopti. Après des études de droit à l’Université de Nanterre (France), il ouvre un cabinet d’avocat à Paris, exerce dix ans au Barreau parisien avant de rentrer en 1989 auMali. Il est élu en 1995 bâtonnier et est chargé par le président de la République Alpha Oumar Konaré de diriger la Commission électorale nationale indépendante (Céni), chargée d’organiser des élections boycottées par l’opposition en 1997.
Pour le compte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), il a participé comme observateur à plusieurs élections en Afrique et à Haïti.
En 2001, il coordonne la campagne du candidatAmadou Toumani Touré à l’élection présidentielle de 2002. En 2002, il est élu député de Mopti sur une liste indépendante. Alors qu’il avait été démarché par l’Adéma pour être sur sa liste, Me Kassoum Tapo, ragaillardi par l’aura qu’il avait drainée dans sa région natale pour avoir été coordonnateur de la campagne du candidat Touré à l’élection présidentielle de 2002, boude la Ruche et crée une liste indépendante qui a fini par remporter les 3 sièges devant des grosses pointures de la scène politique.
Mais comme si c’était une affaire de « je t’aime moi non plus », Me Kassoum Tapo sera démarché par la même Adéma en 2002 pour être son candidat au perchoir contre Ibrahim Boubacar Kéita, président du RPM. Il accepta avant de se désister à la dernière minute pour cause de consensus que le président Amadou Toumani Touré prônait, surtout que IBK et son « Espoir-2002″ avaient soutenu ATT au second tour de la présidentielle contre le candidat de la même Adéma, Soumaïla Cissé. Il se désistera, mais deviendra quand même un vice-président de l’Assemblée nationale.
C’est depuis lors que le vrai destin politique de l’homme a commencé à se dessiner, parce que fidèle parmi les fidèles du général-président, Me Kassoum Tapo n’éprouvera aucune difficulté à renouveler son bail au Parlement aux législatives de 2007 qu’il a brillamment remporté sur une liste composée de RND, devenu son parti, l’Adéma et le PDES (à l’époque Mouvement citoyen).
Unique député de son parti à l’hémicycle en 2007, l’honorable Tapo se lance de nouveau dans la conquête du perchoir, en concurrence avec Dioncounda Traoré, président de l’Adéma, et candidat d’une alliance Adéma-URD, et Me Mountaga Tall, président du Cnid/Faso yiriwa ton lequel se prévalait du soutien de plus de 80 députés. Mais comme à l’accoutumée, dans la salle Modibo Kéita de l’Assemblée nationale, à l’heure de vérité, Me Tapo se désistera et optera apparemment pour la candidature de Me Mountaga Tall contre le Pr. Dioncounda Traoré.
A-t-il été suivi dans ses consignes de vote par ses partisans ce jour-là ? Difficile de répondre par l’affirmative eu égard à la Bérézina de Me Tall face au candidat de l’alliance Adéma-URD, Pr. Dioncounda Traoré (11 voix contre 33).
En 2008, sur conseil du même Tapo, le RND se fondra dans l’Adéma et lors du congrès ordinaire de la Ruche, tenu la même année, il devient secrétaire chargé des affaires juridiques de l’Adéma/PASJ alors que Abdoulaye Garba Tapo, précédemment président du RND, est élu 8e vice-président des Ruchers.
C’est dire qu’entre l’honorable Kassoum Tapo et l’Adéma ce fut une vraie histoire de « je t’aime moi non plus ». Tantôt opposés, tantôt ensemble. Mais depuis 2008, l’honorable Tapo est devenu Adémiste bon teint et quand est intervenu le coup d’Etat du 22 mars 2012, l’élu de Mopti s’est beaucoup révélé aux côtés de son parti pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, souvent au prix de sa vie.
C’est ainsi qu’il devient même porte-parole du front anti-putsch, le FDR, avant de démissionner de ce poste pour incompréhension avec certains camarades de lutte. La bataille du retour à l’ordre constitutionnel remportée, Dioncounda, précédemment président de l’Assemblée nationale, devient de facto président de la République par intérim, laissant donc son siège vacant à l’hémicycle.
Toujours ambitieux, honorable Tapo décide de se lancer dans la conquête du perchoir face à Younoussi Touré et bénéficie du soutien du groupe parlementaire de son parti avant de voir faucher l’herbe sous ses pieds par la Cour constitutionnelle qui, à travers un avis, optera pour la continuité dans l’ordre de préséance. Ce qui par conséquent confirmait Younoussi Touré, précédemment 1er vice-président de l’institution. A défaut de la présidence, Tapo est quand même bombardé à la 4e vice-présidence.
Une année plus tard, vu que Dioncounda ne pourra plus être candidat, Tapo décide de briguer la candidature de la candidature du parti à la présidentielle de juillet 2013 et dépose son dossier un certain 8 mars 2013 en signe d’hommage au combat des femmes.
Quels peuvent être les atouts d’une telle candidature ? D’abord comme on peut le constater, l’homme est très ambitieux et s’est généralement donné les moyens de son ambition. Il bénéficie du soutien du groupe parlementaire de l’Adéma, selon ses dires. Toutes choses qui avaient pesé lourd dans la désignation de Dioncounda l’année dernière. Sa candidature, selon des sources, bénéficie de l’onction de la région de Mopti. Il est connu dans l’histoire récente du pays surtout en matière de la lutte pour les droits de l’Homme et est même militant engagé pour l’abolition de la peine de mort au Mali. L’autre chance est que l’Adéma n’est un parti patrimonial.
Mais ses détracteurs pourront dire de lui qu’il est prétentieux, puisque arrivé récemment dans le parti, il cherche à devenir plus royaliste que le roi. Autre argument que certains pourront aussi avancer : il a plusieurs fois trahi l’Adéma dans le temps.