Au Mali, le mois de Ramadan rime avec la flambée de prix des denrées de première nécessité, l’unique pays au monde peut-être. Cette pratique sans cesse décriée est finalement rentrée par effraction dans les traditions du pays sans qu’aucune solution durable ne soit proposée par les gouvernants.
Le mois de carême de cette année ne fera certainement pas exception car déjà tous les ingrédients d’une hausse vertigineuse commencent à se mettre en place.
Le prix du sucre et du riz sont à bord de l’ascenseur depuis quelque temps. Cédé il y’a peu à 550frsCFA/ kilo, le sucre est à 650Fr/Kilo dans beaucoup des marchés de communes dans la capitale. Le kilo de riz Gambiaka est à 400frs CFA/kilo dans beaucoup de marchés de la capitale.
Comme par enchantement, les autres produits de forte consommation ne tarderont à emboiter le pas. A l’arrivée, le consommateur se trouvera coincé entre les campagnes de sensibilisation et la polémique soulevée par exo consenti par les autorités. La prévention n’étant nulle part inscrite dans l’agenda des associations de défense du droit des consommateurs, le fidèle musulman vivra ce mois sacré dans la douleur comme toujours !
Ne dit-on pas que gouverner, c’est prévoir ? Il est grand temps que les autorités Maliennes s’approprient le dit-on pour briser le cercle vicieux de cette hausse qui pointe à l’approche du mois de Ramadan un mois de forte consommation par excellence. Les mesures d’accompagnement (opération sunakari) initiées par les autorités et certains particuliers ou ONG et les exo ont montrés leur limite et par conséquent ne doivent en aucun cas constituer une recette dont se servira l’Etat pour atténuer la rigueur de la hausse.
Au Mali, il est loisible de constater que la hausse vertigineuse de prix ne rate aucun grand rendez-vous de la population majoritairement confrontée aux difficultés économiques. Les fêtes de fin d’années, la fête de tabaski,
L’Aïd Elkébir donne tout lieu à des hausses de prix que rien ne justifie si ce n’est la volonté de faire le maximum de profit en laps de temps. Pour briser ce cycle, l’Etat au lieu de proposer des mesures circonstancielles doit répondre par une réorganisation du secteur commercial avec en prime de la rigueur. Aujourd’hui, le secteur commercial s’apparente plus à ciel ouvert soumis à l’exploitation anarchique qu’à un secteur vital régie par une loi. Chacun vend ce qu’il veut où il veut et au prix de son choix sans crainte de représailles ou de sanction. Les actions gouvernementales, timides à l’excès sonnent comme un abandon de la population à son sort, et le silence des associations de défense des droits du consommateur est une trahison délibérée. Le contrôle et la stabilisation des prix est un exercice qui permet à l’Etat qui le mène avec constance et efficacité pour asseoir un climat social apaisé dans la durée. Une hausse débridée entraine de facto ou par détour une augmentation des demandes de hausses de salaires qui constitue aujourd’hui l’une des principales portes d’entrée des troubles sociales.
Pour éviter les désagréments éventuels que pourra causer la hausse du prix des denrées de première nécessité à l’approche du mois de carême, l’Etat doit dès à présent mettre à contribution les compétences et les personnes ressources pour mettre en place un mécanisme de prévention des hausses à fin d’atténuer la rigueur du jeun à tous les fidèles musulmans du pays.
Bouba Sankaré