Faisant le bilan de la structure après un an d’activité, les responsables de la BCEAO ont déploré la faiblesse du volume de données fournies et de la consultation de la base de données par les banques et établissements financiers avant l’octroi de crédit aux clients
«Partage des données sur le crédit dans l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) pour l’amélioration de l’inclusion financière ». Tel est le thème central débattu, la semaine dernière, lors d’une visioconférence, organisée par la BCEAO, à son siège à Dakar. La visioconférence a été conjointement organisée avec la Société financière internationale (SFI). L’ouverture a été présidée par le vice-gouverneur de la Banque, Jean-Baptiste M. P. Compaoré. L’évènement a réuni plus d’une centaine de dirigeants d’établissements de crédit, de systèmes financiers décentralisés, d’opérateurs de téléphonie mobile et de sociétés de distribution d’eau et d’électricité. Cette conférence intervient après un an de fonctionnement du Bureau d’information sur le crédit (BIC) de l’Union.
Rappelons que le BIC recense, sur une plateforme électronique, les informations liées aux antécédents de crédits et aux demandeurs de crédits bancaires. Il collecte auprès des organismes financiers, des sources publiques et des grands facturiers (eau, électricité et téléphone) des données disponibles sur les antécédents de crédit ou de paiement d’un emprunteur. Ces informations sont exploitées pour fournir aux établissements de crédit des rapports de solvabilité détaillés. Ainsi, il assure la disponibilité d’informations économiques et financières sur les clients pour faciliter la mise en place des crédits et l’analyse des risques. Le constat, après cette première année de fonctionnement du BIC, est variable, selon les responsables de la banque centrale. Il ressort qu’à la date du 12 mai dernier, 129 établissements assujettis sur les 181 concernés (soit 71,3%) ont été jugés aptes à participer au système de partage d’informations sur le crédit, à la suite de tests de qualification.
Par ailleurs, le nombre de clients sur lesquels des informations sont disponibles dans la base du BIC est passé de 30 694 fin février 2016 à 805 630 au 12 mai 2017. Sur ce nombre, on compte 7 864 pour les personnes morales et 797 766 pour les personnes physiques. Un taux de consultation de 8,3%. Ces résultats encourageants ne doivent pas cacher les faiblesses constatées, prévient la Banque centrale. Qui révèle comme difficulté la faiblesse liée à la non consultation des rapports de crédit par les établissements assujettis. Cette situation fait peser un risque majeur sur l’impact du projet de promotion des BIC en termes de développement du marché du crédit et d’assainissement du portefeuille de crédit des établissements assujettis de l’Union, a-t-elle souligné. A titre illustratif, au 12 mai 2017, suivant les statistiques fournies par la Société CREDITINFO-VOLO (agréée en qualité de BIC dans l’Union), pour 395 786 prêts déclarés par les établissements financiers assujettis des Etats membres de l’Union où la loi uniforme est en vigueur, seuls 32 872 rapports de crédit ont été consultés, soit un taux de consultations de 8,3%.
Toute chose qui justifie la tenue de cette séance dont l’un des objectifs est de partager davantage d’informations sur le crédit, en approfondissant les connaissances des acteurs concernés sur les enjeux de ce système, tout en les édifiant sur l’apport important de cette industrie au développement du marché du crédit dans d’autres juridictions. En organisant cette conférence, la BCEAO entendait aussi contribuer à l’amélioration significative de la qualité de la participation des assujettis au système d’échange de données avec le BIC qui est aujourd’hui opérationnel dans les huit pays de l’Union. Pour atteindre cet objectif, des experts internationaux ont été sélectionnés pour entretenir l’assistance sur six sous thèmes. Ceux-ci ont porté sur, notamment, l’expérience de la BCEAO en matière de mise en place d’un BIC régional, l’exploitation des informations du BIC par le secteur bancaire et financier ainsi que dans le cadre de la mise en œuvre de la supervision bancaire, la régulation et la coordination des activités de partage d’informations sur le crédit, la décentralisation du crédit : nouvelles frontières pour accroître l’inclusion financière… Intervenant à l’ouverture des travaux, le vice-gouverneur confirmera que plus de 70% des établissements assujettis sont en mesure de communiquer des informations au BIC avant de déplorer la faiblesse du volume de données fournies et de la consultation de la base de données du BIC par les banques et établissements financiers avant l’octroi de crédit à un client.
Interrogé sur le sujet, le directeur général de l’Agence principale de Bamako, Konzo Traoré a expliqué que le BIC a un triple avantage : pour le client, il permet une meilleure accessibilité au crédit à un taux d’intérêt assez bas et une baisse des garanties exigées. Il contribue aussi à une amélioration de la qualité du service et de la relation avec les institutions financières. Pour les établissements de crédit et systèmes financiers décentralisés, il est un outil efficace d’analyse, d’évaluation et de gestion des risques. Pour ce qui est de l’économie nationale, le BIC contribue à l’amélioration du financement des agents économiques et à amoindrir les coûts.
Par ailleurs, il aide les pays à améliorer leur notation dans le classement du Doing Business, une évaluation de la Banque mondiale sur l’attractivité du climat des affaires, à travers le ratio d’adultes couverts par le BIC. Ce ratio est de 0,6% pour le Mali au 15 février 2017. Même si le taux d’inclusion financière a atteint les 50%, a indiqué le directeur national de la BCEAO.
C. M. TRAORE