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Marché de condiments durant le Ramadan : Pas de fléchissements dans la hausse des prix
Publié le vendredi 9 juin 2017  |  L’Essor
Sotrama:
© aBamako.com par Momo
Sotrama: le transport urbain de Bamako, la capitale du Mali
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Les mesures gouvernementales et la sensibilisation semblent sans effets sur les commerçants. La tendance à la hausse se poursuit sur les marchés de la capitale

Comme pour les produits de première nécessité (riz, mil, sucre, lait, huile alimentaire), la tendance est également haussière pour les fruits et légumes frais (oignons, tomates, pommes de terres, gombo, carottes) sur les marchés de Bamako. Un tour au marché du « Wonida », situé au quartier Bozola, sur le Boulevard du peuple, suffit pour constater le stress et l’angoisse sur les visages des ménagères. Celles-ci sondent le marché durant des minutes, avant de se décider à faire leurs emplettes. Elles doivent pourtant, malgré cette cherté, offrir des repas copieux pour la rupture du jeûne, comme c’est le cas dans presque toutes les familles en cette période de Ramadan.
Le marché « Wonida » est l’un des centres principaux de commercialisation de produits, fraichement arrivés des zones de production. Il est grouillait de monde malgré la chaleur suffocante. Commerçants et clients marchent, par endroits, dans de la boue, un mélange de déchets et de flaques d’eaux stagnantes provoquées par les récentes pluies abondantes qui ont arrosé la cité des trois caïmans.
Dans ces effluves nauséabonds, nos amazones de la cuisine familiale se démènent qui, pour avoir de la marchandise, qui pour acheter des condiments avant de rentrer vite à la maison. Dans cette ambiance, des braves dames, enfants aux dos, prennent d’assaut une cargaison de gombo frais qui vient d’arriver. Pris de peur ou étouffés par la chaleur, les enfants qu’elles portent aux dos pleurnichent. Les mamans, continuant de guetter la marchandise, telles des lionnes affamées attendant leur proie, dorlotent en même temps les bébés. Oumou Yalkouyé est l’une de ces dames. Cette habitante de Daoudabougou parvient à mettre de côté quelques gombos qu’elle vient d’acheter. Elle transpire. Elle explique, après avoir essuyé sa sueur, que le prix du gombo est difficilement accessible aux ménages à faibles revenus. Ceux-ci, selon elle, semblent bouder ce produit devenu de luxe à cause de la flambée des prix qui a commencé bien avant le Ramadan. « Le sac de 50 kg coûtait 6000 Fcfa, contre 13 500 Fcfa actuellement », révèle Yalkouyé.

DES PRIX DISSUASIFS POUR LA CLIENTELE– La commerçante prie pour une baisse du prix du gombo. « Cette hausse des prix fait fuir la clientèle et constitue un manque à gagner pour les vendeuses de ce produit que nous sommes », argumente Oumou Yalkouyé. « Le petit panier de gombo, qui se vendait à 250 Fcfa, coûte aujourd’hui 500 Fcfa. Celui de 500 Fcfa a aussi doublé de prix », précise-t-elle, ajoutant qu’elle vendait, auparavant, entre 10 et 15 sacs par jour. Son niveau actuel de vente, selon elle, dépasse à peine les cinq sacs par jour, depuis la flambée des prix.
Si Mme Yalkouyé est spécialiste de la vente de gombo, Marie-Claire Niaré est, elle, spécialisée dans celle de la tomate de production locale. Elle tape des deux mains un seau d’eau vide, pour attirer l’attention de la clientèle. Agée d’une trentaine d’années, cette grossiste s’approvisionne dans le fin fond du cercle de Kati, à plus de 150 km de Bamako.
Elle confirme que le panier de tomates, contrairement aux autres produits, est en baisse. Marie-Claire achète le panier de tomate, la variété la plus moins chère, de 20 kg environ à 1500 Fcfa. Elle fait transporter sa marchandise, à raison de 1000 Fcfa le panier, soit 60 000 Fcfa le chargement de 60 paniers. « Je vends le panier de même quantité à 2000 Fcfa au marché de Bamako, soit une perte de 500 Fcfa par panier », lance-t-elle, l’air découragé. « La tomate est très abondante maintenant sur le marché. Cette conjoncture nous oblige à vendre à perte afin de fidéliser la clientèle. Les prix grimperont dans quelques semaines, le produit étant rare en période hivernale. Les bénéfices en période de hausse des prix combleront le gap », argumente-elle, assise sous des parasoleils qui protègent aussi les tomates des rayons du soleil.
A quelques marches d’elle, en direction de l’est, est assise Aminata Fomba dite Mah. Habitante de Bozola, elle fait commerce de la pomme de terre, de l’oignon, du tamarin, du gingembre… « Les prix ont pris l’ascenseur », s’empresse-t-elle de lancer d’une voix timide. La tête voilée à moitié, Mme Fomba écoute un prêche via les écouteurs de son Smartphone. « Vendu entre 300 et 350 Fcfa, le kg de pomme de terre vaut aujourd’hui 450 Fcfa », répond Mah, ajoutant que la production locale (Sikasso et Kati) domine le marché en cette période. Comme la pomme de terre, l’oignon est cédé à 300 Fcfa le kilo, pour la variété produite à Baguineda et 350 Fcfa pour celle du Mandé. Selon cette spécialiste, ces mêmes produits étaient vendus respectivement à 200 et 250 Fcfa le kg, avant le Ramadan. Le kg de gingembre est passé de 600 à 800 Fcfa. Quant au tamarin, son prix est stable à 600 Fcfa, précise notre interlocutrice.
Cette flambée des prix bouleverse quelque peu les ménagères. Rencontrée dans les allées séparent les étals des vendeuses à ciel ouvert, une ménagère déplore la hausse des prix des condiments durant le Ramadan. Comme pour illustrer son désarroi, elle brandit le petit sachet de couleur bleue qu’elle tient à la main. Visiblement presque vide, « le sachet contient 1000 Fcfa de chou, 500 Fcfa de carotte, 1000 Fcfa de tomates et d’autres produits », énumère-t-elle. Ajoutant qu’elle, comme plusieurs ménages à faibles revenus, préfèrent s’approvisionner au niveau de ce marché qui fournit les autres marchés de légumes et de fruits frais de la capitale.
Comment les ménagères font-elles pour s’adapter à cette situation de cherté ? Les époux donnent-ils plus d’argent que par le passé ? « Ce qu’ils donnaient n’a pas évolué d’un franc. Nous complétons les frais de condiment grâce au petit commerce que nous faisons afin d’offrir des mets délicieux à nos enfants », assure notre interlocutrice, tout sourire, tenant fermement son sachet qui balance, sous le coup d’un vent provoqué par ce qu’on espère être une annonce de pluies.
Cheick M. TRAORE
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