Le prétoire: Des rumeurs persistantes font état de votre interpellation par la gendarmerie dans le cadre de l’enquête ouverte sur la tentative d’assassinat du Professeur Dioncounda Traoré. Qu’en est-il?
Moussa Mara: Comme vous le voyez, je suis à la mairie de la commune IV et je vous reçois dans mon bureau. Je ne suis ni de près ni de loin associé à la Copam ni membre de la Copam. Je n’ai jamais été impliqué dans l’organisation ni dans le déroulement des débats de ce qu’on appelle Convention nationale.
En tant que membre de la Convergence pour sauver le Mali (Csm) dont l’objectif est le seul but d’amener les Maliens à s’entendre et à se parler, nous travaillons et nous discutons avec tout le monde. C'est-à-dire écouter tout le monde, participer aux activités de tout le monde. La convergence a été invitée par la Copam à la session inaugurale de la Convention. Nous sommes arrivés sur les lieux de la convention à 10h pour constater que la salle était vide. Les gens étaient dans la cour du Cicb.
Ne comprenant pas ce qui se passait et tirant les conclusions que la convention n’allait plus se tenir, nous sommes retournés et depuis lors nous n’avons plus mis les pieds au Cicb. J’ai entendu certaines personnes ou certains journalistes dire que je suis dans l’organisation de la Convention. Je ne suis pas membre de la Convention et je ne suis pas parmi les rédacteurs des résolutions de ladite Convention. Nous sommes dans la Convergence pour sauver le Mali et nous voulons que les uns et les autres s’entendent, parlent, et que les Maliens s’entendent sur une solution qui puisse aussi agréer nos partenaires à l’extérieur parce qu’aujourd’hui, le Mali sans l’extérieur, ne peut pas se sortir de cette crise.
Il faut que tous les Maliens et Maliennes comprennent et à commencer par les leaders, que sans le soutien de la Cédéao, de l’Union africaine, de la communauté internationale, nous ne pouvons pas sortir de cette crise. Donc il faut que nous allions dans un sens qui puisse réunir la communauté internationale pour nous aider. Il faut aussi que nous allions dans un sens qui puisse unir les Maliens.
Vous comprenez donc que notre position est très éloignée de ce qui serait sorti de cette Convention nationale et que donc nous ne pourront pas être considérés comme membres actifs ou participants à cette Convention nationale. Le parti Yélèma, depuis les évènements du 22 mars dernier, a une ligne qui est celle d’unir les Maliens. C’est pourquoi nous avons déploré le coup d’Etat, mais nous avons pris acte aussi. Il faut que les auteurs du coup d’Etat soient aussi considérés comme des acteurs à part entière de la crise. D’ailleurs, même la communauté internationale les considère comme des acteurs à part entière. Donc pour nous permettre de pouvoir parler à chacun, il faut considérer chacun comme un acteur.
Qu’est-ce qui poussent les gens à se focaliser sur votre personne? Est-ce votre présence aux travaux de la fameuse Convention?
Moussa Mara: Qu’est-ce qui poussent les gens à se focaliser sur ma personne, c’est une bonne question. Moi-même j’aimerais bien le savoir. Nous sommes dans une période ou tout est trouble. Une période ou beaucoup de leaders politiques se sont compromis ou beaucoup de responsables ont beaucoup de choses à se reprocher. Il est souvent mal vu que certains jeunes leaders soient considérés comme étant neufs dans le milieu et qu’ils soient présentés demain comme des hommes politiques crédibles. Peut-être que ce sont ces raisons qui poussent certains à vouloir salir coûte que coûte ma personne. Mais je les rassure tout de suite qu’ils n’y arriveront pas du tout. Ils n’ont qu’à savoir tout simplement que notre position est claire et cohérente.
Donc nous n’avons absolution rien sur la conscience et nous n’avons absolument rien à nous reprocher. Au contraire, nous sommes en train de travailler pour que le pays sorte des difficultés. Je crois qu’aujourd’hui, avec l’entente entre la Cedeao et le Cnrdre qui consacre la direction de la transition par le président par intérim avec le Premier ministre et son gouvernement avec pleins pouvoirs, je pense que nous avons un début de solution. Il faudrait maintenant que tous les Maliens se donnent la main et restent derrière cette solution. Il est temps que nous soyons derrière les propositions pour détailler davantage la feuille de route de la transition pour que, tout ensemble, nous puissions faire face aux défis qui nous attendent au Nord.
Ceux qui voudraient diriger ce pays, ceux qui voudraient exercer des responsabilités comme nous tous, nous n’avons qu’une chose à faire, c’est de travailler avec les autorités de la Transition pour sortir le pays des difficultés. Ceux qui sont en train de faire des calculs de court terme, je pense qu’ils sont en perte de vitesse et de combat.
Avec le recul, comment vous appréciez cet acte odieux qui a terni à jamais l’image du pays ? Et quelle lecture faites-vous de la gestion des deux crises (sécuritaire et institutionnelle) qui frappent aujourd’hui le Mali?
Moussa Mara: Aujourd’hui, la gestion des deux crises, sécuritaire et institutionnelle, ne peuvent pas être qualifiée parce qu’elles n’ont pas véritablement commencé. Aujourd’hui, ce qu’on peut constater, c’est que la crise institutionnelle est en train de retarder notre pays. Elle est en train de retarder notre pays depuis plus de deux mois. Or, il est de notre devoir de nous entendre pour une voie de sortie de crise institutionnelle pour que nous construisions ensemble notre pays.
Donc cette gestion, tout ce qu’on peut en dire, c’est qu’elle a été lente, douloureuse, laborieuse et qu’on a pris du retard. Mais comme on le dit, mieux vaut tard que jamais. Et aujourd’hui, il ne reste plus qu’à accompagner et à souhaiter le meilleur pour les autorités de transition. L’essentiel est qu’ils se mettent au travail pour que le pays sorte de l’ornière le plus rapidement possible. Maintenant, sur l’autre crise, les choses n’ont pas véritablement commencé. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que les négociations sont indispensables. Même s’il y a la guerre, on termine toujours par des négociations. Tout ce qui nous concerne, n’est autre que les négociations pour l’intégrité du territoire. Mais il faut que nos autorités, avec le soutien de la communauté internationale, puissent se mettre ensemble pour que le sang malien ne coule pas. Maintenant, si on n’y arrive pas comme c’est probable malheureusement, il faut le prévoir dans ce sens et qu’on s’organise pour faire la guerre. Mais qu’on sache aussi que ça serait une guerre longue, dure, douloureuse et notre pays doit traverser ces épreuves là pour que demain nous puissions prendre des précautions. Donc aujourd’hui, la gestion de la crise du Nord n’a pas encore véritablement commencé, mais espérons qu’elle puisse être efficace et qu’elle puisse permettre au pays de retrouver rapidement sont intégrité territoriale.
Propos recueillis par Destin GNIMADI