BAMAKO- Après plusieurs semaines d’accalmie, Gao, la grande ville du nord du Mali, a vécu dimanche de nouveaux accrochages entre l’armée malienne et des combattants islamistes, qui ont fait sept morts selon des sources concordantes.
Au même moment, la télévision algérienne Ennahar TV a annoncé que Djamel Okacha a été désigné comme successeur d’Abdelhamid Abou Zeïd, l’un des principaux chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont Paris vient de confirmer la mort au Mali.
A Gao, "un militaire malien, quatre islamistes et deux civils ont été tués dimanche au cours des échanges de coups de feu entre l’armée malienne et les islamistes", a déclaré à l’AFP une source sécuritaire africaine présente dans la ville (1.200 km au nord-est de Bamako).
La situation est désormais "calme" à Gao, où l’armée malienne, "appuyée par les militaires français et africains, contrôle la situation", a-t-elle affirmé.
Une source militaire malienne à Gao a confirmé ce bilan, précisant que trois "terroristes" ont été en outre "gravement blessés".
Selon deux habitants interrogés par l’AFP, des militaires français et nigériens, qui épaulent l’armée malienne sur place, étaient présents au moment des accrochages avec les jihadistes, survenus dans le nord-ouest de la ville.
L’armée malienne avait annoncé auparavant qu’elle procédait à un "ratissage" après un "incident" ayant opposé des militaires maliens et des islamistes infiltrés durant la nuit, qui avaient tiré près d’un camp militaire dans le sud de Gao.
Le Mujao revendique
Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes islamistes armés ayant occupé le nord du Mali avec Aqmi de la mi-2012 jusqu’à l’opération militaire franco-africaine lancée en janvier, avait revendiqué une "attaque".
"Samedi à minuit (heure locale et GMT), neuf moudjahidine sont arrivés à Gao. Ils ont attaqué un camp de l’armée malienne à Gao même. Les moudjahidine vont continuer jusqu’à la victoire finale", a dit à l’AFP Oumar Wahab, membre de l’ex-direction du Mujao à Gao.
Ancien fief de ce mouvement islamiste, Gao a été libérée en janvier mais a subi en février des attentats-suicides - les premiers de l’histoire du Mali - et a été le théâtre de violents accrochages entre les armées malienne et française, d’un côté, et les jihadistes, de l’autre.
Dans les alentours de Gao, des affrontements entre troupes alliées et islamistes ont lieu encore régulièrement.
Ce regain de violences dans Gao survient au lendemain de la confirmation par la France de la mort de l’Algérien Abou Zeïd, 46 ans, précédemment annoncée par le Tchad.
Désigné "il y a quelques jours" comme son successeur, un autre Algérien, Djamel Okacha, 34 ans, doit encore être confirmé dans ses fonctions lors d’une réunion de la direction d’Aqmi, a précisé à l’AFP le patron d’Ennahar TV, Mohamed Mokeddem. Djamel Okacha, dont le pseudonyme est Yahia Aboul Hammam, est un proche du chef d’Aqmi Abdelmalek Droukdel.
Selon la présidence française, Abou Zeïd a trouvé la mort fin février "lors des combats menés par l’armée française dans l’Adrar des Ifoghas", massif montagneux de l’extrême nord-est du Mali, voisin de l’Algérie, où les soldats français bénéficient de l’appui des troupes tchadiennes.
"Je suis heureux de sa mort", a réagi dimanche le chef de la diplomatie malienne, Tiéman Coulibaly, souhaitant que "tous les chefs d’Aqmi et tous les chefs terroristes soient détruits".
Dans un communiqué publié par l’Agence Nouakchott Information (ANI), un site mauritanien, Aqmi a menacé de tuer ses otages français. Dans ce message adressé aux familles et au "peuple français", il a appelé les proches des otages à "faire pression" sur le gouvernement français pour qu’il cesse son intervention au Mali.
Les hommes d’Abou Zeïd détiennent toujours au moins cinq ressortissants français.
Un sixième otage, Philippe Verdon, enlevé en novembre 2011 au Mali, a été exécuté le 10 mars par ses ravisseurs, selon un porte-parole d’Aqmi. Sa mort n’a toujours pas été confirmée par Paris. Il s’agirait du premier otage français exécuté depuis le début de l’opération française au Mali.