Les journalistes maliens peuvent enfin pousser légitimement un ouf de soulagement. A l’usage, la carte de presse est un sésame de travail indispensable. Mais dans la pratique, elle était devenue un instrument de travail encombrant. Pas commode, pas élégant et difficile de passer inaperçu sans se faire remarquer avec ce gros morceau de carton dans la poche supérieure de sa chemise.
Même là où la profession recommande une certaine discrétion ou prudence, la grosse carte expose l’identité du visiteur. Dans les causeries entre confrères, on en parlait beaucoup. Pour aller plus vite que la réforme, certains avaient déjà pris l’initiative de réduire la taille de leurs cartes de presse par le système de scannage. Une démarche pas légale, mais nécessaire pour avoir un outil de travail fonctionnel et conforme à son goût.
Il en est de même pour la vacuité de la qualité de journaliste du détenteur. Il arrive souvent que la carte de presse du journaliste soit délivrée à des reporters photographes ou même au personnel d’appui du métier. Or, dans une société bien normée, chaque membre a sa place autour de la table. Il est effectivement mieux de préciser sur la carte, le profil du journaliste détenteur de la carte.
Un journaliste sportif n’est plus obligée de présenter une carte de membre d’une association quelconque à la porte du Stade pour se faire reconnaître du policier ou du portier. La carte porte déjà la mention « Journaliste sportif ». Idem pour le journaliste d’investigation qui fait souvent office de détective privé. Pour être efficace, un journaliste d’investigation est parfois obligé de se faire très discret dans la collecte des informations.
Dans ces conditions, il est souvent appelé à opérer avec des flics en civil. Avec la grosse carte en poche sans se rendre compte, il peut faire échouer l’opération. Car souvent, la susceptibilité de certains suspects très avertis est telle qu’ils remarquent très rapidement le bout du carton. Aussitôt aperçu, il y a de forte chance qu’ils débarrassent le plancher. C’est donc la fin de la mission pour le policier et son ami journaliste.
Mais avec cette réforme proposée par le nouveau ministre de l’Economie Numérique et de la Communication, Arouna Modibo Touré, tous ces stress appartiennent désormais au passé. Cette innovation arrive donc au moment le plus attendu. On peut donc dire que le ministre Touré a été encore une fois de plus, bien inspiré en engageant cette réforme. Venant donc de lui, cela ne surprend guère.
Car il s’est toujours singularisé partout où il a passé par son instinct d’innovation. Partout où il passe, il laisse sa touche particulière. Ses ex-collaborateurs de l’Agence Nationale d’Investissement des Collectivités Territoriales (ANICT), de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANEP) et du Pari Mutuel Urbain (PMU-Mali) ne diront pas le contraire.
M.A. Diakité