En deux décennies de pratique démocratique, le Mali n’est pas parvenu à résoudre le problème du faible taux de participation des citoyens aux élections. De 1992 à 2007, le taux de participation aux élections est resté toujours bas. Pour chercher à savoir les raisons pour lesquelles les maliens ne participent pas massivement et à hauteur de souhait aux différents scrutins, la Fondation Friedrich Ebert a commis Dr Mohamed Traoré, politologue et le Dr Sékou Mamadou Cherif Diaby, consultant politologue, pour la réalisation d’une étude. Le 23 mars 2013, les résultats de cette étude publiés dans l’ouvrage intitulé « Les élections au Mali : Pourquoi le taux de participation est toujours si bas ? », étaient au centre d’une cérémonie au CICB. L’ouvrage fait 10 recommandations aux acteurs du processus électoral pour relever le défi de la problématique du faible taux de mobilisation des électeurs enregistrés lors de nos différentes échéances électorales depuis plusieurs décennies.
Ces vingt dernières années, le taux de participation aux élections s’est révélé de plus en plus faible et cela alimente naturellement le débat sur l’épineuse question de la légitimité des hommes et des institutions issus de ces scrutins. Est-ce l’effet d’une simple crise de croissance démocratique ? Est-ce une crise de civisme, de militantisme ? Est-ce une défiance à l’égard des partis politiques et des hommes politiques? Est-ce une forme de protestation ou le signe d’un malaise profond résultant d’un dysfonctionnement de la démocratie et des institutions démocratiques ? Voilà un certain nombre de questionnements auxquels tentent de répondre les auteurs de cet ouvrage.
L’ouvrage en question est une contribution de la FES à la réflexion sur le système et le processus électoral malien, une analyse des raisons objectives de ce faible taux de participation, avant de formuler des recommandations visant à améliorer le taux de participation des citoyens aux prochaines échéances électorales. La cérémonie de lancement officiel était placée sous la présidence d’Ibrahima Maïga, Chef de cabinet du ministre délégué en charge de la décentralisation et de l’aménagement du territoire avec comme modérateur, Ousmane Issoufi Maïga, ancien Premier ministre. C’était en présence des représentants des partis politiques, de la société civile et de la DGE, de la CENI et un public de scientifiques épris des questions électorales. La présentation était assurée par le Dr Mohamed Traoré et le Dr Sékou Mamadou Chérif Diaby, co-auteurs du livre.
Pour le représentant de la FES, le Dr Salabary Doumbia, le Mali s’apprête à vivre pour la cinquième fois une étape importante de sa vie démocratique dans quelques mois. Il s’agit, en effet, de la désignation par le peuple des femmes et des hommes qui auront la charge de diriger la destinée du pays pour les cinq prochaines années. La FES demeure convaincu qu’une meilleure gestion du processus électoral avec la participation effective de l’ensemble des acteurs pourrait rehausser le taux de participation des citoyens aux élections, garantir la crédibilité et l’acceptation des résultats, réduire le risque de violentes contestations qui pourraient résulter de la qualité des résultats et, de ce fait, contribuer à la consolidation de la démocratie. Les élections représentent un évènement important dans lequel des décisions cruciales concernant l’avenir du pays sont prises.
Le bon déroulement et la bonne gestion du processus électoral assure au pays un climat de stabilité, de paix et de quiétude et assure l’ordre constitutionnel. Surtout quand on sait que les élections présidentielle et législative prévues en juillet 2013 se déroulent dans un contexte difficile caractérisé par la stabilisation des zones libérées de l’occupation des groupes armées, le retour de l’administration, des déplacés, des réfugiés. Dans un récent sondage d’opinion, publié par cette fondation, environ 90% des personnes enquêtées sont insatisfaites de la gestion de la crise du nord par les partis politiques.
Toutefois, 83% de ces mêmes personnes annoncent qu’ils iront voter en 2013, assure le Dr Doumbia. Afin de garantir l’attribution fiable du droit de suffrage et faciliter également son exercice par le plus grands nombre de citoyens, de nombreuses recommandations ont été faites par ces deux éminents chercheurs pour améliorer la qualité du processus électoral par l’implication pleine du citoyen dans la vie politique de la nation.
Ces recommandations visent d’une part à modifier l’architecture institutionnelle des élections, et d’autre part l’accroissement de la participation. Il s’agit entre autres de : la création d’une administration pérenne des élections qui concentre en sein les attributs de l’ensemble des structures actuelles ; l’élaboration de listes électorales sur la base d’un nouveau système d’inscription des électeurs basé sur une identification de ceux-ci sur la base de technologies biométriques ; la mise en place d’un nouveau fichier central et sa communication 2 mois à l’avance dudit fichier aux différents acteurs ; la mise en place d’un nouveau mécanisme de révision des listes qui facilitera l’accès des électeurs aux lieux de vote en établissant le fichier électoral par périmètre géographiques afin que chaque électeur puisse rejoindre son bureau de vote à pied ; la promotion de nouveaux modes de scrutins ; le réaménagement les délais de la période des élections ; la mise en place d’une vaste campagne d’éducation civique et de formation à la citoyenneté pour amener les citoyens à aller voter : la garantie du sens et de la portée du vote de l’électeur.
Abdoulaye Ouattara