Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS


Accueil
News
Politique
Article



Dernières dépêches


Comment

Politique

Rupture violente de l`ordre constitutionnel au Mali : Jamais deux sans trois
Publié le jeudi 31 mai 2012   |  Le Prétoire




Vos outils
height=28

PARTAGEZ


Le Mali indépendant a connu trois coups de force avec une rupture brutale de l'ordre constitutionnel. Tous les coups de force ont impliqué les forces armées. Ce sont, d’abord, le coup d'Etat du lieutenant Moussa Traore en novembre 1968 contre un civil, le Président Modibo Keita, père de l'indépendance du Mali obtenue en septembre 1960. Adulé par les foules, trahi par ses options économiques dont la création du franc malien, Modibo fut confronté à une crise économique et sociale sans précédent. Il fut un dirigeant visionnaire, en avance sur son temps
Le gros problème de Modibo Kéïta a été de vouloir déconnecter l'économie malienne de la France et ses protectorats et de l'orienter vers les pays émergents du bloc socialiste. La création du franc malien était un acte de souveraineté qui flattait l'égo national, mais elle constituait une entrave au développement de nos échanges avec nos voisins et avec la France qui étaient nos débouchés naturels. Le franc malien représentait 50% de la valeur du CFA et cette parité a conduit à une perte du pouvoir d'achat des ménages maliens de 50% du jour au lendemain, rendant le prix des biens importés hors de la portée des consommateurs, alors que la production nationale était encore balbutiante et insuffisante. Le modèle de consommation étant extravertie, la baisse du pouvoir a influencé négativement la confiance des Maliens au gouvernement socialiste, qui tomba comme un fruit mur après huit ans de gouvernance héroïque, sans corruption, ni gabegie.

Après 23 ans d'un règne sans partage et sans démocratie, le général Moussa Traore fut a son tour renversé par une révolte populaire parachevée par le coup de force de mars 1991, perpétré par le lieutenant colonel Amadou Toumani Toure. Les difficultés économiques et le désir de démocratie sont à l’ origine de la frustration des populations.

Le retour au franc CFA en juin 1984 a lui aussi été concomitant avec une baisse du pouvoir d'achat des travailleurs et des opérateurs économiques. Cette opération a été considérée comme une réévaluation du franc malien divisant les valeurs des avoirs détenus de moitié, ainsi que les revenus salariaux. C'est l'origine des disparités salariales entre le Mali et ses voisins. Bien qu'étant la troisième économie de l'Uemoa, en termes de PIB, il est l'avant dernier en termes de niveau des salaires distribués. C'est cette disparité qui est à l’ origine de certaines revendications salariales des enseignants du supérieur qui demandent un alignement sur les collègues de la sous région.

Ayant été obligé de subventionner les unités industrielles moribondes de l'ère Modibo Keita et de combler certains déficits structurels des filières agricoles, le pays fut mis sous ajustements structurels. Ce qui s'est traduit par une dégradation plus prononcée des conditions de vie des populations et un gel des dépenses publiques non productives. Ces politiques ont freiné les recrutements dans la fonction publique, alors que les grandes écoles produisaient des diplômés chômeurs en masse, accentuant le malaise social. La faillite de l'Etat l'amenait à recourir à l'extérieur pour financer son gap. Le pays s'est retrouvé dans la situation de pays pauvre très endetté dont les efforts étaient orientés vers le règlement du service de la dette, une dette gigantesque, plus de 100% de la nationale mesurée par le PIB. Le pays était obligé, pour garder la confiance des bailleurs de fonds, de s'endetter pour régler la dette. Le déficit de démocratie a poussé la puissance tutélaire et les bailleurs de fonds à pousser le général vers la sortie en fomentant une révolte populaire. Exit GMT.

Après l'intermède Alpha, ATT repris le pouvoir et dut s'enfuir de Koulouba en mars 2012 en dévalant la colline de Koulouba, le siège du pouvoir et sa résidence, poursuivi par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Il se réfugia au Sénégal avec son épouse, ses enfants, petits enfants et ses beaux fils. Ils déposèrent leurs baluchons dans la presqu'île du Sine Saloum, au lieu de la Venise du Mali, comme initialement prévu. Les voies du Seigneur sont impénétrables.
La gouvernance d'ATT fut festive à souhait, et l'argent de la corruption coulait à flots. Ce fut également le temps du narcotrafic, de la rébellion victorieuse au Nord et le temps des rançons versées aux preneurs d'otages et des retro commissions mirobolantes.
En gouvernant le Mali en batifolant, le Général ATT avait banalisé la fonction présidentielle et se conduisait comme n'assumant pas une charge honorable et pleine de respect.

Il prenait des décisions très controversées et se faisait applaudir par ses courtisans et les commentateurs de radios privées qu'il gavait de prébendes. Il croyait que sa popularité se mesurait par les éloges que ceux-ci lui tressaient à «longueur d'ondes».
Il ne prenait pas la bonne mesure des situations grosses de dangers telles que la bonne préparation des élections et l'anticipation de la résurgence de l'irrédentisme touareg, entre autres.
Il se comportait en pompier pour éteindre les incendies qu'il a allumés et il a créé un courant de pensée prédatrice pour les finances publiques. Il sortit de l'histoire du Mali avec fracas, un 21 mars 2012, comme il y était entré il ya 2 décennies, un certain 26 mars 1991. La suite est connue.
Birama FALL

LIENS PROMOTIONNELS