On prête à Emile Zola, célèbre écrivain et pamphlétaire, d’avoir eu cette saillie à propos d’un de ses contemporains assez imbu de lui-même : « Quand il regarde son miroir, il croit voir l’océan ». Pendant longtemps, le Malien lambda, dans son incurable naïveté, a pensé qu’à chaque fois que le président IBK se mirait dans une glace, cette dernière lui renvoyait l’image de l’Etat, un Etat organisé.
Rarement, pour ne pas dire jamais, homme politique malien n’a autant parlé de l’Etat avec talent et voracité. À l’épreuve du réel après quatre années de tâtonnements et de décisions catastrophiques, nous réalisons, à notre dépens, qu’il ne suffit pas de faire profession d’homme d’Etat pour en être. Notre président ne sait même pas qu’il faut saisir la Cour constitutionnelle avant de convoquer le Collège électoral pour le référendum. Le bricolage d’un avis au pied levé par les 9 dits « sages » ne change rien à l’affaire. Cet épisode vient s’ajouter à l’insoutenable légèreté du décret portant nomination du dernier gouvernement et qui viole allègrement la loi portant sur le quota genre, au détriment de la représentation des femmes. L’on peut encore remonter à plus loin, pour fustiger l’absence de déclaration de biens du président élu IBK dans les délais constitutionnels, s’il l’a d’ailleurs fait à ce jour. On peut se demander à bon droit si l’actuel président de la République, en dépit des multiples fonctions qu’il a habitées, ne reste pas parmi les leaders maliens de premier plan, celui qui méconnaît le plus l’Etat et son fonctionnement. À moins qu’au plus haut sommet de la République, on ne confonde la stature d’homme d’Etat à la taille du cortège et au cri strident des sirènes.
À la même aune, l’homme d’Etat se mesurerait à l’éclat de l’écarlate du tapis rouge. Chez nous, et seulement chez nous, le signe distinctif de l’homme d’Etat deviendrait le nombre incalculable de voyages dans le monde pour des choses utiles et surtout futiles. On peut le moquer ou en éprouver de la gêne, mais l’exercice de l’Etat sous IBK est carrément caractérisé par un dilettantisme sidérant. Une grande confiance prêtée, en 2013, qui se relève au final une vaste tromperie. Une situation qui pourrait bien résumer le bon mot de Clemenceau contre son rival Raymond Poincaré : « Poincaré sait tout, mais rien d’autre ». Honni soit qui mettrait IBK à la place de Poincaré. Pour un président qui ne développe aucune compétence sur les questions économiques, éducatives ou sociales depuis le temps qu’il est à Koulouba, ce énième manquement au processus constitutionnel et référendaire nous enlève nos dernières illusions.
Pauvre Etat du Mali cherche Homme d’Etat !
Tiefing
Post-scriptum : la Cour suprême, sans panache, a couvert le scandale de la non déclaration de biens du chef de l’Etat. Elle rendra sans doute son verdict sur la saisine contre le décret de nomination du dernier gouvernement à la Saint glinglin. S’agissant de la Cour constitutionnelle, le nouveau Collège montre une inquiétante propension à devancer les désirs de l’Exécutif, là où ses devanciers nous avaient habitués à retoquer des décisions des présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré ? L’histoire jugera !