L’Adema, ce grand parti politique est malade. C’est ce qu’ont affirmé certains observateurs de la scène politique nationale, selon qui, le parti de l’Abeille doit chercher d’abord à panser ses plaies avant de retourner dans l’arène.
L’ADEMA PASJ est-il encore cette machine politique infernale tant redoutée et redoutable ? En posant cette question, l’on se souviendra que ce parti, a remporté les premières élections démocratiquement organisées après la chute du régime de Moussa Traoré, en 1992, et a ensuite réédité l’exploit, en 1997, exécutant ainsi deux mandats successifs à la tête du pays. Les déboires ont commencé vers la fin du dernier quinquennat lorsqu’il a fallu choisir le dauphin du Président Alpha Oumar Konaré, « candidat naturel » du parti à l’occasion des élections 92 et 97 pour l’élection du président de la République.
Les fils héritiers, se sont déchiré puis ont fini par se séparer, les uns allant rejoindre d’autres rangs politiques, les autres, faisant cavalier seul… Bref ! Les ambitions personnelles et souvent individualistes, ont eu raison de la cohésion du parti ADEMA comme tout grand parti politique qui arrive à une fin générationnelle. Le défi aujourd’hui est bien la transition entre « anciens », ceux-là qui, depuis la création du parti, le gèrent et profitent des bonis liés à leur position et la « jeunesse » du parti qui, demeure dans l’ombre mais qui aimerait bien s’affirmer au grand jour.
Ce n’est pas fortuit la déclaration de Dramane Dembélé expliquant qu’il incarnait (comme candidat au nom du parti) ce changement générationnel au sein du parti ADEMA. Ce qui constitue la force de l’ADEMA, pourrait finalement se présenter comme son Tallon d’Achille : la pluralité des avis que ses dirigeants ont toujours brandi comme étant la preuve d’une maturité politique respectant le jeu démocratique.
Loin de la « pensée unique » et du « candidat naturel » qu’on pourrait découvrir dans d’autres partis politiques, à l’ADEMA, dit-on, l’avis de chacun compte et chaque responsable du parti peut prétendre être candidat à l’investiture du parti pour l’élection du président de la République. L’ADEMA, n’est-il pas le premier parti au Mali, a expérimenté les « Primaires » pour désigner son candidat à l’élection présidentielle ! Mais qu’est ce que cela a apporté ou apporte au parti de l’Abeille au regard des nombreuses turbulences dont il fait à chaque échéance électorale et qui lui faut parfois des cassures ?
On constate que depuis 2002, avec le départ de celui qui œuvrait et qui en avait la capacité de maintenir l’unité du parti, en la personne du Pr Alpha Oumar Konaré, l’ADEMA PASJ a perdu sa légendaire cohésion, son unité et s’est affaibli à chaque épreuve électorale. Si la remise du flambeau a mal fonctionné avec le départ d’Alpha Oumar Konaré, qu’ont fait les cadres du parti pour limiter la casse ? Pas grand-chose, en tout cas, puisqu’aujourd’hui et plus que jamais, la Ruche est divisée, dispersée et n’arrive visiblement pas à tirer la meilleure leçon de ses échecs passés.
En cette veillée électorale (celle pour 2018), la sérénité est loin de gagner les Abeilles et leurs responsables pourraient être amenés, encore, à prendre des décisions qui, au lieu de renforcer l’unité et la cohésion du parti, contribueraient davantage à diviser.
La question qui demeure sans réponse est la suivante : l’ADEMA avait-il bien fait de rester dans la majorité présidentielle après sa défaite électorale en 2002 et d’y rester jusqu’à nos jours ? La réponse à cette question éviterait, aujourd’hui et à l’heure actuelle, au parti de trop réfléchir quant à l’option politique à prendre pour 2018. Car, il est bien question au sein de la Ruche de choisir entre : soutenir le président « IBK » dès le premier tour des élections pour un second et dernier mandat et/ou présenter son propre candidat pour les gagner par lui-même.
Ceux qui soutiennent cette dernière option avancent comme motifs de justification que leur parti n’a pas été récompensé à hauteur de son poids politique par le président « IBK ». Rappelons qu’en 2013, l’ADEMA n’a pas soutenu « IBK » dès le premier tour et a même présenté un candidat. Le parti, fidèle à son choix politique de ne pas s’essayer dans l’opposition, décida de se rallier au candidat qui arriva en tête au premier tour et qui était « IBK ». L’analyse serait différente si le parti avait, dès le premier tour de cette élection (2013), choisi de ne pas présenter un candidat et de soutenir « IBK ». Peut-être que le président élu aurait été bien obligé de confier la Primature à l’ADEMA. L’ADEMA, a été, à l’instar de tous ces partis qui se sont ralliés au second tour, récompensé à juste titre. Peut-il prétendre mieux ?
Le parti de l’Abeille, à moins qu’il décide, de ne plus jamais s’aligner à la majorité présidentielle quelle que soit l’issue des élections, peut jouer son avenir politique à partir de cette élection présidentielle de 2018. Et comment ?
Mais, avant, il (ADEMA) devra répondre à la question suivante : dispose-t-il aujourd’hui des ressources suffisantes pour gagner les élections présidentielles de 2018 ? Si la réponse est « oui » et qu’il en est certain, il doit se trouver, à l’interne, le candidat qui gagnera ces élections.
Si la réponse est « non », il va falloir, pour l’ADEMA, d’élaborer une stratégie qui amènerait le parti vers un retour au sommet du pouvoir. 2023 peut être une bonne perspective. Et la stratégie serait une « alliance » avec le président « IBK » en quête d’une machine électorale pour pouvoir l’emporter en 2018 quitte à faire un « deal politique » pour 2023. Lequel deal verrait une fusion politique « RPM-ADEMA » pour barrer la voie au candidat de l’URD qui n’est autre que l’ennemi « commun » : Soumaïla Cissé. On assisterait alors à la constitution d’un pôle politique constitué du RPM et de l’ADEMA pour contrer l’alliance des partis d’opposition dont le chef de file est l’URD de Soumaïla Cissé.
Ceci reste un schéma possible pour l’ADEMA et qui l’éviterait de se diviser pour une élection (2018) dont il n’est pas certain de l’emporter. Autant se poser dès à maintenant comme la tête de proue d’une alliance autour du président « IBK » dont la victoire lui assurerait un probable retour au sommet du pouvoir. Utiliser la période de Transition (le dernier quinquennat du président IBK) pour panser ses plaies afin de revenir plus fort pour gagner et non plus pour perdre comme il en a, de plus en plus, l’habitude.