À l’appel du mouvement « Trop c’est Trop », ils étaient quelques dizaines de manifestants à vouloir battre le pavé pour dire Non au référendum constitutionnel prévu pour le 9 juillet prochain, hier jeudi, à partir de la Bourse du travail. Mais la marche a été empêchée par les forces de l’ordre au motif d’état d’urgence. Dès le matin de bonheur, les lieux avaient été investis par les forces de sécurité qui ont empêché toute forme de regroupement, créant autour de la Bourse, une ambiance électrique entre policiers et manifestants.
Les premiers manifestants ont été tout de suite confinés dans les locaux de la Bourse du travail par la police qui avait préalablement bouclé tous les accès.
Cantonnée, sans issu, la petite foule a décidé de passer par la force les barricades érigées la police antiémeute. La réaction de ces derniers ne s’est pas fait attendre et la petite foule a été repoussé Mani-militari dans la cour de la Bourse du travail devant une marée de spectateurs amassés aux alentours de la Bourse du travail.
Sékou TOURE, sympathisant du mouvement « Trop c’est Trop », a souligné que l’objectif de cette manifestation était de montrer le mécontentement du mouvement « Trop c’est Trop », face au projet de révision constitutionnelle.
« Ce matin, on avait prévu de marcher de la Bourse du travail à la cité ministérielle. Depuis qu’on a commencé à se regrouper, on a compris très tôt la volonté de police de nous empêcher de marcher. Nous nous sommes confinés ici à la Bourse du travail, avec des policiers menaçants, qui sont prêts à en découdre avec nous. Nous sommes en train de se concerter, d’ici quelque temps, nous allons prendre une décision. Mais ce qui est important, c’est que cette marche n’est que le début d’une série d’initiatives. Ce n’est que partie remise », a-t-il expliqué.
Selon son porte-parole, Amara SIDIBE, le mouvement « Trop c’est Trop » pense que l’Etat n’est pas présent dans le tiers du territoire national. Donc, selon lui, vouloir organiser un référendum sur l’ensemble du territoire est impossible vu le fait que l’Etat ne peut pas mettre le pied ici dans la région de Ségou, à plus forte raison aller à Gao, à Kidal. Donc, pour ce mouvement, il est impossible d’organiser un référendum dans un contexte pareil.
Selon Amara SIDIBE, le contexte sécuritaire ne permet pas aujourd’hui d’organiser ce référendum.
En plus, a-t-il dénoncé, le contenu du document n’est pas bon. Dans une démocratie, a-t-il fait savoir, on ne peut pas donner un pouvoir monarchique au président de la République.
« Nous n’accepterons pas que le président de la République nomme : le président du Sénat, des Sénateurs, le président de la cour constitutionnelle, de la Cour suprême, le président de la Cour des comptes », a-t-il dit.
« Ces choses ne sont pas de nature à faire avancer la démocratie dans notre pays », a-t-il poursuivi.
De l’avis des responsables de ce mouvement, c’est purement et simplement une dérive autocratique et monarchique.
« Le président est en train de tout mettre en œuvre pour contrôler tout l’appareil juridique, législatif, et exécutif du Mali. Nous disons non à l’accaparement de la sphère publique par un seul homme », s’est insurgé M. SIDIBE.
Face à l’interdiction de la manifestation pour des raisons d’état d’urgence, le parole-parole du mouvement « Trop c’est Trop », s’est dit indigné.
« C’est inacceptable dans une démocratie qu’on nous parle aujourd’hui de l’état d’urgence parce qu’ils veulent diviser le pays. Ils ont autorisé ici le Maouloud qui a regroupé des milliers de personnes ; la majorité a marché ici pour soutenir le gouvernement ; mais quand tu veux marcher pour dire non, ils te parlent d’état d’urgence », a-t-il regretté.
Avant d’ajouter : « quoi qu’ils fassent, nous allons sortir pour revendiquer nos droits ».
De même, M. SIDIBE s’est dit indigné par le comportement de la police. « Ils ne sont pas dignes de porter la tenue nationale. Ce comportement de la police est une honte nationale », a-t-il conclu.
Si la marche a été empêchée par la police, les responsables du mouvement ont pu livrer leur déclaration à la presse.
De cette missive lue par son porte-parole, Amara SIDIBE, il ressort que : « Le mouvement Trop c’est Trop dit NON au projet de révision de la constitution, car le Gouvernement veut imposer un referendum qui ne concernera, non seulement, pas tous les Maliens, mais qui va s’organiser dans la précipitation, et cela avant la fin de la nouvelle révision de la loi électorale. Nous mettons en garde, le Président de la République et le Gouvernement du Mali, des conséquences désastreuses de cette révision sur la gouvernance, la cohésion sociale et la sécurité d’une générale.
Le mouvement Trop C’est Trop appelle tous les citoyens maliens à prendre leurs responsabilités en votant NON à la révision de la constitution le 09 juillet 2017 ».
À la fin de la déclaration, les responsables du mouvement ont donné rendez-vous à leurs militants, ce samedi 10 juin 2017, cette fois-ci au monument de l’indépendance.