Vendredi 2 juin dernier, le président de la commission spéciale chargée de la rédaction de la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale, Baba Hakib Haïdara, a fait le point de l’état d’avancement des travaux de rédaction du projet au Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga (lire L’Essor du lundi 05 juin). A sa sortie d’audience, il avait annoncé que des missions allaient partir sur le terrain pour présenter et expliquer le projet de texte à tous nos compatriotes. Ces missions ont débuté, hier, leurs travaux de vulgarisation à travers tout le pays. L’étape du District de Bamako à laquelle participent des directeurs régionaux, des responsables des collectivités, des maires et des notables, s’est ouverte dans la salle de conférence du gouvernorat et durera deux jours.
La rencontre a pour objectif d’expliquer aux participants les trois parties constitutives du projet de Charte que sont le préambule, les fondamentaux et les mesures. Il s’agit aussi de recueillir en retour les propositions et recommandations éventuelles des participants réunis en groupes de travail en vue d’enrichir le document.
Intervenant à l’ouverture des travaux, Mme Cissé Fatoumata Aly, chef de la mission de la Commission spéciale au niveau du district, a souligné que le préambule du projet de Charte rappelle l’historique du Mali indépendant avec sa devise. Le préambule souligne également les événements douloureux qui ont marqué la marche de notre pays, au nombre desquels les coups d’Etat militaires, les rebellions armées, la mauvaise gouvernance… En parlant des fondamentaux du texte dont une partie traite de la question de l’Azawad, Mme Cissé Fatoumata Aly a expliqué que le terme Azawad ne renvoie plus à aucun projet politique et que son appellation, au plan administratif, ne peut englober toutes les régions du Nord. Le projet de Charte précise que l’appellation Azawad, conformément à l’esprit et la lettre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, recouvre une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique partagée par certaines populations du Nord du Mali. A ce titre, les aspirations et prétentions légitimes liées aux aspects socioculturels, mémoriels et symboliques doivent être réglées dans le cadre de la libre administration des collectivités territoriales de la République du Mali, prévue par la loi.
En évoquant la vision commune, qui est aussi une des parties du chapitre sur les fondamentaux, Mme Cissé Fatoumata Aly a rappelé l’indivisibilité, l’unité, le caractère pluriel de la nation malienne ainsi que sa pluralité culturelle, linguistique et religieuse. La République du Mali est même définie dans la Constitution comme un Etat démocratique, social et laïc avec comme valeurs partagées la justice, l’équité, la tolérance et la solidarité.
Le projet de Charte traite ainsi de la paix, de l’unité et de la réconciliation nationale. Concernant la paix, il est prévu la mise en place de mécanismes de prévention et de gestion des conflits, la condamnation et le rejet de toute forme de violence et d’intolérance comme moyen d’expression politique, syndicale, sociale, identitaire, économique ou religieuse.
A propos de l’unité nationale, Mme Cissé Fatoumata Aly a noté que le projet de texte insiste sur la prise de mesures urgentes destinées à créer la confiance et à assurer la restauration de l’unité de l’Etat, le respect des principes d’éthique et de justice sociale avec un renforcement des bases de l’Etat de droit. Un autre principe souligné par le projet de Charte est l’application des principes de transparence et la reddition des comptes dans la gestion des affaires publiques. L’objectif est de mettre fin à la mauvaise gouvernance considérée comme l’une des causes des conflits récurrents dans notre pays. Concernant la réconciliation, le projet de Charte recommande la présence de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. En vue, selon le texte, de la protection de l’ensemble des citoyens, de la moralisation de la vie publique, du respect de la diversité…
Après avoir invité les participants à plus de rigueur lors des travaux de la présente session, le conseiller aux affaires administratives et juridiques du gouvernorat du District de Bamako, Sékou Samaké, dira que l’élaboration d’une Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation est très importante dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Une raison de plus pour les participants d’être ponctuels et de faire des propositions d’amélioration.