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Sale temps pour les banques maliennes : Entre gestion fautive et mépris à l’égard des clients déposants
Publié le jeudi 31 mai 2012   |  Le Prétoire




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Depuis le 22 mars 2012, date du coup d’Etat, Les banques maliennes sont dans la tourmente. Face aux conséquences désastreuses de leur propre gestion, elles ont choisi la fameuse tactique de l’autruche : la rupture comportementale dans le but de dissimuler ses propres fautes.
En effet, l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (Apbef) avec à sa tête Moussa Alassane Diallo, Pdg de la Bnda, et par ailleurs non moins ex-courtisan assidu de ATT, n’a eu cesse de défier les nouvelles autorités par des décisions inopportunes et complètement à contre sens de la sacro sainte relation de confiance qu’une banque est censée entretenir avec les déposants. En effet, ces «arrogants argentiers» décident de leur seul impérium et sans préavis ou autre formule de concertation préalable, de la fermeture des banques sur toute l’étendue du pays, arguant le principe de précaution sécuritaire. Cette mesure souvent inconséquente et mal évaluée, prive le public déposant de la disponibilité de ses fonds et ajoute inutilement à la panique générale des populations. Le Premier ministre, en personne, avait pourtant appelé les banques et autres commerces à leur devoir de responsabilité pour éviter de céder à une certaine tendance à la fermeture systématique des stores et sans raison valable. Le gouvernement, a-t-il alors fait remarquer, est garant de la sécurité des biens publics et privés. A cet effet, il a clairement prescrit que les mesures extrêmes d’une telle importance (fermeture générale) ne soient envisagées sans une concertation préalable avec les autorités gouvernementales concernées.
Les clients déposants dans la grogne générale et l’inconfort
Nos banquiers, sous la houlette de M. Diallo, n’ont cure de cette mise en garde et du sentiment général de grogne et d’inconfort de leur clientèle. M. Y. Coulibaly, propriétaire d’une petite unité industrielle et client de la Bnda, s’insurge : «Ils n’en font qu’à leur tête. Ils n’ont aucun respect pour nous qui les faisons vivre. Ils sont à la limite arrogants, choisissant à leur seul gré quand mettre ou pas nos sous à notre disposition. Maintenant, je suis obligé de thésauriser chez moi, avec tout le risque que cela comporte, pour que mon unité reste en fonctionnement».
M. Bathily client de la Bms, ajoute : «Le pire est que même le service de distribution automatique à l’extérieur des banques ne fonctionne pas, faute d’approvisionnement des GAB. La dernière fois, ma fille, gravement malade, en aurait fait les frais si un généreux pharmacien ne m’avait pas arrangé en me fournissant à crédit des médicaments. La banque était fermée et le guichet automatique ne fonctionnait pas».
Mme F. Keita, autre cliente de la Bnda enchaîne : «Ce n’est pas mal de se soucier de la sécurité de nos fonds, mais il faut communiquer préalablement sur la question et éviter de nous mépriser. Je me suis levée tôt ce matin et j’ai commencé, comme je le fais souvent, ma journée par la banque. A ma grande surprise j’ai trouvé que tout était fermé… Ils avaient auparavant pris unilatéralement la décision de suspendre, et ce pendant près d’un mois, les activités de crédit. Est-ce légal ? Je me pose toujours cette question.»

M. Traoré, consultant et client multi-banque fustige «l’attitude ingrate des banques». «Elles ont enregistré des milliards de profits pendant plus de 20 ans sur la clientèle, l’Etat en premier. Elles ont baigné pendant plus de 20 ans dans une situation indécente de surliquidité. A la première difficulté, elles nous lâchent comme des malpropres. Les banques devraient avoir honte de cette attitude», s’est-il exclamé.
Pertes énormes en perspective

En réalité, par cet agissement de défiance entrainant avec lui tout le système bancaire, la Direction Générale de la Bnda cacherait une grave faute de gestion qui a fait perdre à ladite banque 800 millions de F CFA lors des attaques récentes des villes de Tombouctou et Gao. Cette somme a été, dit-on, imprudemment laissée dans les coffres des agences desdites villes et aurait fait le bonheur des bandits armés. Il s’agit là, indubitablement, d’une faute de gestion si grotesque que depuis la prise de Tessalit, des dispositions devraient être prises pour rapatrier ces avoirs, quitte à suspendre provisoirement les activités dans ces zones.

La Banque malienne de solidarité (Bms), la voisine de rue de la Bnda, dirigée par M. Babaly Bah (autre non moins célèbre homme lige d’ATT), a subi la même infortune à Kidal pour 600 millions de F CFA. Ces pertes sont dans tous les cas irréversibles et imparables car non couvertes par les assurances.
Certaines mauvaises langues en arrivent même à insinuer que la constatation de ces pertes dues aux casses masquerait des détournements internes perpétrés à dessein. Aucune preuve ne pouvant étayer une telle hypothèse, il demeure toutefois curieux que ce soit ces deux seules banques, naguère traînant des antécédents de mauvaise gestion qui sont concernées par les dégâts d’une telle nature. Nous rappelons qu’au grand dam des autorités d’alors, la Bnda a longtemps fait les choux gras des journaux de la place, suite à la publication du rapport de vérification du Vegal en 2009. La Bms, quant à elle, aurait bien mérité le sigle des 3B («Banque Babaly Bah»). Le microcosme des affaires a longtemps rapporté que les crédits n’y sont jamais accordés avant une troublante entrevue avec le chef et que les déblocages demeureraient lourdement grevés de la part reversée à ce dernier. Il n’y a pas de fumée sans feu, dit-on. Dans tous les cas, nous sommes en présence d’un comportement hautement fautif qui devrait interpeller les autorités publiques qui ont la charge régalienne de protéger les dépôts du public.

Il convient de signaler que ces pertes ne tiennent pas compte d’un important volume de crédits non dénoués dans les zones occupées et dont le remboursement demeure à ce jour compromis aussi longtemps que la situation ne redeviendra pas normale. Dans ces conditions, les dirigeants se doivent de faire amende honorable au lieu de vouloir expier leur faute par la tentation au catastrophisme ambiant. Ils doivent plutôt redoubler d’ardeur pour combler ces pertes au lieu de contribuer à créer un environnement hostile à l’activité. L’heure est déjà à une crise économique sans précédent. Nous attendons donc de nos banques une attitude plus responsable envers leurs déposants, en évitant de contribuer à la panique générale par des fermetures intempestives sans aucune considération pour les clients et les autorités.
Cessation de paiement
La situation de la Banque régionale de solidarité (Brs), quant à elle, se passe de commentaire. Dire qu’elle est singulièrement inquiétante serait un doux euphémisme. Par la mauvaise gestion, les prêts de complaisance, les prêts fictifs à travers des traites tirées en l’air, les opérations frauduleuses sur des comptes de dépôt, cette banque est, aujourd’hui, purement et simplement en situation virtuelle de cessation de paiements. Cette situation chaotique qui dure depuis trois ans n’a pour autant pas empêché que son dirigeant fautif, M. Alfa Bocar Nafo, soit «récompensé» d’un poste ministériel par le Premier ministre de transition. Erreur de casting ou décision véritablement népotique ? Les Maliens ont le droit de savoir.
Ce qui est au demeurant clair, c’est que la relance économique du Mali post coup d’Etat passe nécessairement par une reforme en profondeur du système financier ou en tout cas dans les banques où l’Etat détient encore le pouvoir décisionnel (Bnda, Bms et Brs). Les autorités sont donc interpellées pour insuffler une nouvelle dynamique à un secteur si précieux dans la mise en œuvre de sa politique économique.
Nouhoum DICKO

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