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Référendum 9 juillet : Comment IBK a piégé les Maliens
Publié le jeudi 15 juin 2017  |  Le Républicain
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© aBamako.com par A.S
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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La Constitution de 1992 apparait comme le dernier rempart contre le passage en force vers le statut de l’Azawad que cachent des passages de l’accord d’Alger. Selon certains opposants au référendum, l’accord ne prévoit pas ce statut mais ses passages problématiques peuvent être introduits dans la Constitution si le peuple n’a plus un mot à dire.




Sauter le verrou constitutionnel ouvrira la voix à une nouvelle Loi fondamentale qui peut être révisée sans l’avis du peuple. Le président de la République pourra alors introduire dans la Constitution la future Charte pour la paix sur laquelle comptent les ex groupes armés indépendantistes pour parvenir à leurs buts.
L’on sait pourtant que le président de la République est influençable par la pression externe comme le montre l’historique du processus d’Alger. Pour comprendre le déphasage de la révision constitutionnelle, il faut remonter à la naissance du processus d’Alger qui a abouti à l’accord.
Décembre 2013, le chef d’Etat malien déclarait à Kayes qu’il ne négocie pas avec des hommes armés, répondant à la pression de ceux qui l’invitaient à prendre langue avec les groupes armés du nord. La volonté du président était que les groupes armés déposent d’abord les armes.
Mais très vite un regain de violences montre les limites militaires du président IBK qui fit appel à l’Algérie voisine pour négocier. Ce choix s’apparente à « un véritable yabé ». En cas de la victoire « du oui », qu’est ce qui va empêcher IBK d’introduire dans la Constitution malienne le statut autonome de l’Azawad face à un éventuel regain de violences? C’est la pire crainte de certains mouvements opposés au référendum.
Le processus d’Alger, c’était un sauve-qui peut. Certains accusent l’Algérie de servir de base-arrière à des mouvements semant la terreur au Mali, mais il devient le chef de file des négociations entre des groupes armés et le gouvernement malien. IBK avait déjà perdu la main en poursuivant en catastrophe, dans un autre pays, le dialogue dont les bases ont été posées à Ouaga en 2013.
Le président de la République qui a agi au nom des Maliens n’était pas maître du jeu. Il fallait renoncer au terrorisme pour être fréquentables, mais les terroristes vont peser de tout leur poids sur le processus d’Alger à travers de « combattants repentis» réunis au sein de groupes armés dont les éléments sont issus de certains mouvements djihadistes ayant occupé les régions nord du pays en 2012.
IBK a mis les pieds et les mains pour que les groupes armés dits d’auto-défense (qui étaient en veille au plus fort de la crise) soient entendus à Alger. Mais le président de la République a raté le tir à partir du moment où la majorité silencieuse des Maliens qui est invitée au référendum était sous représentée quand il s’est agi de rédiger les différentes moutures du texte devenu l’accord d’Alger.
Le problème est que personne n’était totalement satisfait de la dernière mouture de l’accord d’Alger que la médiation internationale a fait signer aux parties à Bamako en 2015. On se souvient des réserves émises par plusieurs personnalités, qu’elles soient de la société civile ou des partis politiques.
L’on se demande encore au sein de la société civile malienne d’où est venue l’idée de créer un sénat pour caser des leaders religieux et traditionnels. Pour l’ancien Premier ministre Soumana Sacko, elle n’a d’utilité que faire de la place à des groupes anti-démocratiques faisant tout pour mettre en cause la République chèrement acquise par le sang des Maliens.
IBK et le gouvernement devraient se réjouir de l’existence d’une nouvelle société civile, des mouvements de jeunes et des partis politiques qui se battent contre le référendum. A terme, tout l’avenir du Mali dépendra de la volonté d’un seul homme susceptible de céder face au lobby indépendantiste.
Les conséquences d’une telle abdication ne tarderont pas à se manifester dans un pays dont l’unité est déjà mise à mal par ces communautés. Le pouvoir que la nouvelle Constitution entend donner au président de la République est en réalité un piège capable de déchainer le désordre latent dû aux fractures ethniques.
Soumaila T. Diarra
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