Pour être efficace en politique, il faut savoir se salir les mains. Surtout que Voltaire, précise, que «la politique est le premier des arts et le dernier des métiers». Une réalité qui s’est traduite entre le juge de paix à compétence étendue de Kolokani et le députe élu de la même circonscription, le jeudi 08 juin 2017.
Un véritable contentieux opposait le juge de Kolokani et l’un des députés de la ville : la clôture du cimetière de la localité ! Au lendemain des élections communales et à la veille des élections régionales, même si aucune date n’est encore fixée, les hommes politiques tentent de garder ou de grossir les rangs de leurs potentiels électeurs. Les deux hommes voulaient chacun avoir un honneur tombé du ciel par la bénédiction des populations.
Le juge est le garant et gardien de la loi avec une autorité judiciaire toute compétente lui permettant de se faire valoir. Le député est le représentant du peuple qui l’a élu, donc plus proche du peuple par affinité politique. Et arrive, comme dans «les contes» de la Fontaine, un troisième larron : le préfet, ou l’exécutif !
A cause de la clôture d’un cimetière, un long bras de fer commence entre les deux hommes le magistrat et l’élu. Le député voulait par cette initiative religieuse et sociale (clôture du cimetière), avoir la reconnaissance de la population et figurer au premier plan lors de l’inauguration comme savent le faire les hommes politiques ambitieux. Et, du coup, séduire l’électorat sur place pour les élections à venir.
Ce qui n’était du goût du juge qui, lui aussi, a son agenda à côté : se rapprocher du justiciable et démontrer que désormais une justice plus équitable est le créneau que prône les magistrats. Ainsi, le juge avait ordonné l’arrêt de la construction du mur clôturant le cimetière.
La réaction du député a été de manipuler une foule de badauds pour une descente musclée sur le bureau du juge et le saccager le jeudi 8 juin 2017. Pour faire baisser la tension le préfet, a demandé au député de revenir à la raison. En guise de réponse, il a eu droit à sa part du venin du député. Il a fallu l’intervention de la gendarmerie pour sécuriser et préserver la vie du juge.
Le juge est actuellement à Bamako en attendant que la situation se décante.
Pierre Bourdieu a peut-être raison d’affirmer que «la morale politique ne peut pas tomber du ciel. Elle n’est pas inscrite dans la nature humaine». Depuis quelques années, nous assistons à l’avènement du type de député qui se rend lui-même justice sans oublier les cortèges d’intimidations, de menaces, d’injures, souvent dans l’enceinte de l’hémicycle en pleine séance plénière.
Une irresponsabilité indigne de la démocratie. Ils ont l’esprit court et oublient qu’ils ont été élus par les mêmes citoyens qu’ils tentent d’intimider. Les élections législatives, c’est pour bientôt. Et le peule est aux aguets et les attendent au tournant !