Trois mois de prison avec sursis ont été requis ce mercredi contre le directeur de publication de l'hebdomadaire privé malien « Le Sphinx ». Il était poursuivi pour diffamation par le président de la commission Défense de l'Assemblée nationale, Karim Keïta, fils du chef de l'Etat Ibrahim Boubacar Keïta. Le procureur de la République ne s'est pas prononcé sur la demande de dommages intérêts de Karim Keïta, qui réclame 4 milliards de francs CFA s'en remettant à la décision de la Cour.
Un important dispositif de sécurité était déployé à l'intérieur et autour du tribunal, en l'absence du plaignant, représenté par quatre avocats.
Les réquisitions ont été prononcées en l'absence des avocats de la défense. Ces derniers avaient menacé de ne pas revenir à la reprise de l'audience après la suspension de la mi-journée, estimant que les conditions d'un procès équitable n'étaient pas réunies, eu égard au « statut du plaignant ». Le directeur de la publication du « Sphinx », Adama Dramé, était présent mais ne s'est pas exprimé.
Le procureur a requis contre lui trois mois de prison avec sursis et une amende de 100.000 FCFA. « Le Sphinx » avait accusé dans deux éditions, le 31 mars et 7 avril, Karim Keïta d'avoir aidé un homme d'affaires malien à échapper à la justice. Il avait aussi affirmé dans un article publié le 14 avril que le fils du chef de l'Etat avait acheté un hôtel à Bamako et acquis un terrain à proximité pour y faire construire une station-service. Le procès a été mis en délibéré au 20 juin prochain.
Les avocats de la défense, qui ont donc quitté hier la salle d'audience, refusent de commenter les réquisitions du procureur. Mais ils préviennent qu'ils feront appel si leur client est condamné. Le conseil du journal « Le Sphinx » dénonce un vice de procédure qui ne permet pas au juge de mener une enquête judiciaire avant de rendre son verdict.
Me Abdourahamane Ben Mamanta Touré est l'un des avocats du « Sphinx » :