Devenu ces derniers temps un lieu de rassemblement de protestataires, le réseau social Facebook a été interrompu sur toute l’étendue du territoire national le mardi 13 juin 2017. Il a été rétabli mercredi soir. Les accrocs accusent l’Etat de s’en prendre au canal de communication le plus influent du Mali, dominé par les opposants à la révision constitutionnelle.
Après une interruption de Facebook le 17 août 2016 suite à l’affaire Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, causant la mort à une personne au Tribunal de Grande instance de la Commune IV, le Mali était de nouveau sevré Facebook le 13 juin 2017. Il a été rétabli du mercredi soir. Aucun des deux fournisseurs d’accès (Malitel et Orange) ne donnait accès à cette plateforme.
Depuis l’adoption du projet de révision de la Constitution du 25 février 1992 par l’Assemblée générale, le débat est très tendu sur Facebook entre les opposants à la révision et les partisans.
Ce réseau est devenu le lieu idéal pour une mobilisation générale. A chaque mobilisation dans le pays, l’information passe en premier lieu sur Facebook et la population sort massivement pour participer. C’était le même cas dans l’affaire Ras Bath où les manifestants avaient pris d’assaut le Tribunal de la Commune IV pour soutenir le jeune activiste.
En tout cas, une marche des opposants à la révision est prévue aussi pour ce samedi 17 juin 2017. Le pouvoir voulait-il briser ce mouvement : en interrompant l’accès des citoyens à Facebook ?
Toujours est-il que pour Issa Fakaba Sissoko, journalistes, c’est une pratique anti-démocratique. “Dans un pays où la Constitution est en train d’être révisé en violation de la Loi fondamentale en vigueur ne soyez pas surpris par ces genres de pratiques. Les réseaux sociaux sont des outils de travail pour tous les corps socio-professionnels et aujourd’hui interrompre cela, relève d’une pratique inadmissible”, ajoute-t-il.
Volte-face
Malgré cette censure, certains parvenaient à utiliser ce moyen d’information en téléchargeant des applications comme Fly ou VPN. “Ce que les autorités oublient nous sommes dans l’ère numérique. Je vous assure que la communication passe énormément. Tous ceux qui sont au cœur des mouvements et qui sont informés utilisent sans problème Facebook”, révèle Mohamed Dagnoko, journaliste. Il déclare : “Le régime aura du mal à se défaire de cette censure”.
Selon Ali Badra Diakité, activiste, si le régime pense que censurer Facebook réglerait son affaire qu’il le fasse. “Les gens vont se retourner. Ceux-là même qui avaient décidé de voter le oui en voyant leur moyen de communication le plus influent censuré sans justification, pourraient changer de conviction. Nous pouvons dire maintenant que ce référendum est un échec, un échec tout simplement à la censure de notre moyen de communication”, dit-il.
Facebook est-il l’ennemi numéro 1 du régime actuel ? Pourquoi priver la population deux fois en une année de cet outil qui informe en temps réel ?