Et c’est pour imposer un copier-coller qu’on réprime la jeunesse malienne.
Avec de telles réformes, nous atteindrons le fond de l’indignité et de la paresse intellectuelle. Le combat de nos pères, pour l’indépendance du Mali et pour l’émergence d’une nouvelle génération de maliens capables d’assurer notre indépendance économique et notre développement, n’a finalement accouché que d’une génération de pseudos intellectuels paresseux préférant assurer leur propre confort à la défense des intérêts du peuple malien. Analyse de Maître Tidiani Guindo.
Aux lendemains de l’indépendance, nos pères, après avoir obtenu le départ des colons français, se sont attelés à la construction intellectuelle de notre jeune Etat.
Des réformes dans tous les domaines pour nous distinguer d’autres anciennes colonies françaises qui, justement par paresse intellectuelle ou par manque de cadres, ont maintenu l’organisation administrative laissée par le colonisateur.
Nos pères ont doté le jeune Etat malien d’institutions nouvelles, une nouvelle école qui tenait compte de nos besoins en termes de cadres, des nouveaux codes pour la justice et pour gérer nos ressources naturelles.
Le Mali avait aussi mis en place une nouvelle organisation administrative et judiciaire, distincte de celle laissée par le colonisateur.
Le gouvernement du Président Modibo KEITA était allé plus loin, car il a pensé à notre indépendance monétaire, d’où la création du franc malien.
Tous ces efforts intellectuels sont aujourd’hui réduits à néant par les gouvernements successifs issus du mouvement dit démocratique.
Si le régime militaire, de par son incapacité à résoudre les problèmes économiques, nous a ramenés dans le giron de la monnaie coloniale qu’est le Franc CFA, c’est bien nos fameux démocrates, pourtant sensés être intellectuellement mieux dotés, qui sont à l’origine d’un recul intellectuel jamais observé dans notre pays.
Un ramassis de vieilles recettes françaises
Ce qu’on nous présente aujourd’hui comme des innovations majeures ne sont en réalité que des vieilles recettes françaises.
C’est ainsi que j’apprends un jour qu’on allait transformer nos cercles et nos arrondissements en Préfectures et Sous-préfectures. Je me suis dit que c’est une bonne blague. Hélas j’ai vite déchanté aujourd’hui on a des Préfets et des Sous-préfets comme en France.
La liste de nos réformes qui consistent à faire du copier-coller de l’organisation administrative de la France ne fait que s’allonger d’année en année, de régime à régime.
Le plus ridicule jusqu’ici fut la création de l’ANPE au Mali. Quelle honte ! Je comprends pourquoi, peu de temps après, le gouvernement français a dissout l’ANPE en France pour la remplacer par une nouvelle entité appelée « POLE EMPLOI », en attendant que dans quelques mois, puisqu’on a cessé de réfléchir par nous-mêmes et pour nous, le gouvernement malien ne crée aussi « POLE EMPLOI ».
Le pire à venir c’est bien évidement cette fameuse réforme constitutionnelle.
Sans mettre en avant la nécessité ou pas de cette réforme, je remarque d’emblée des propositions qui me mettent hors de moi-même en tant qu’héritier de nos vaillants pères de l’indépendance du Mali.
D’abord comment peut-on proposer la création d’un Sénat, au moment où, la France elle-même, qu’on voudrait copier, se pose la question sur l’utilité de cette institution ?
Le Sénat serait une exigence de l’Accord d’Alger, donc on veut nous expliquer que les représentants des ex rebelles rêvent de vivre tranquillement sur le dos du peuple malien, alors que l’argent public, qui sera gaspillé pour les entretenir, pourrait servir à financer des projets de développement dans les régions du Nord et à créer des emplois pour les jeunes de ces régions. On sait bien que cette rébellion du Nord se nourrit de la misère alors une amélioration des conditions de vie des populations de ces régions sonnera le glas des rébellions.
Face au refus de la majorité des maliens, à la place du Sénat, nous n’avons qu’à leur réserver quelques sièges à l’Assemblée Nationale et le problème serait réglé.
Quand d’autres pays africains, friands des solutions françaises, ont fini par abandonner l’idée d’un Sénat, le gouvernement malien a en fait un cheval de bataille, faisant fi du gaspillage inutile de nos deniers publics, le pays manquant de tout : pas d’assez d’infrastructures scolaires, sanitaires ni de routes et la capitale Bamako restant loin derrière la plupart des capitales africaines. Au lieu de réfléchir à la construction d’une capitale digne de ce nom et doter notre pays d’infrastructures à la hauteur de nos attentes, et réduire surtout le chômage des jeunes, le gouvernement préfère mettre en place une institution de confort, qui ne sera qu’une seconde chambre d’enregistrement à l’instar de notre fameuse, et hélas célèbre budgétivore, Assemblée Nationale.
Tout comme en France, en cas de vacance du pouvoir, la Cour constitutionnelle sera ainsi saisie conjointement par les Présidents du Sénat, de l’Assemblée Nationale et le Premier Ministre.
De plus, les futures révisions seront faites, sans consultation du peuple, par le Sénat et l’Assemblée Nationale réunis en Congrès, comme le Président HOLLANDE avait voulu faire à Versailles dans sa tentative d’inscrire la déchéance de la nationalité dans la constitution française.
Le comble sera la disparition de la Cour Suprême pour la remplacer par la Cour de Cassation, le Conseil d’Etat, etc., exactement comme chez notre ancienne puissance coloniale.
On veut aussi des Députés Ministres ou des Ministres Députés, encore comme en France.
Quelles innovations !
Et c’est pour imposer un copier-coller qu’on réprime la jeunesse malienne.
Avec de telles réformes, nous atteindrons le fond de l’indignité et de la paresse intellectuelle. Le combat de nos pères, pour l’indépendance du Mali et pour l’émergence d’une nouvelle génération de maliens capables d’assurer notre indépendance économique et notre développement, n’a finalement accouché que d’une génération de pseudos intellectuels paresseux préférant assurer leur propre confort à la défense des intérêts du peuple malien.
Et on veut se faire respecter par la France. Le Ridicule ne tue pas !