Rarement une question politique aura autant divisé l’opinion nationale, ces dernières années. La tenue, le 9 juillet prochain, du référendum sur la révision de la Constitution du 25 février 1992 ne cesse d’alimenter les débats. Chacun y va de son commentaire que l’on soit partisan du Oui ou du Non. Les contestataires remettent en cause l’opportunité même d’une telle révision.
C’est dans cette atmosphère quelque peu tendue que le mouvement « Trait d’union » s’est inscrit dans une logique de compréhension du texte soumis à l’appréciation du peuple malien. Avec à sa tête sa coordinatrice Oumou Sall Seck, et non moins maire de Goundam, le mouvement a organisé samedi à la Maison de la presse, une conférence débat sur le sujet dont le thème était : « Les femmes veulent comprendre le projet de révision de la constitution de 1992 ». Le principal conférencier n’était autre que le porteur du texte au compte du gouvernement, le ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo.
Dans son discours d’ouverture, Oumou Sall Seck a expliqué que l’initiative vise à la compréhension des enjeux de cette révision tout en prenant en compte les positions des uns et des autres. Rappelant le chemin parcouru depuis la crise de 2012 jusqu’à la signature de l’Accord, Mme Seck a estimé que la division des Maliens sur ce sujet représente un danger sérieux pour le processus de paix en cours.
Il était donc de la responsabilité de son mouvement, dira-t-elle, d’engager de telle initiative pour sauvegarder l’essentiel qui est l’intérêt supérieur de notre nation. Sans prendre position, la coordinatrice du mouvement a invité les uns et les autres à s’interroger si cette révision met en cause les acquis démocratiques tels que l’intégrité territoriale, la forme républicaine ou encore les libertés publiques et les droits humains. Au cours de la rencontre, l’essentiel des débats a porté sur le rôle que joue la Constitution dans la vie d’une nation, les nécessités de la révision, les avancées de la révision et surtout les points de discorde autours de cette révision constitutionnelle.
Pour Me Kassoum Tapo, les nécessités de cette révision s’appuient sur le contexte politique actuel, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix mais aussi sur les engagements internationaux auxquels notre pays a souscrit. Il a égrainé les avancées de cette révision avec la création du Sénat telle que recommandé par l’Accord de paix, la création de la Cour des comptes ou encore l’interdiction du nomadisme politique chez les députés. Il y a aussi la souplesse de la révision qui permettra d’introduire les changements permettant la mise en œuvre intégrale de l’Accord.
Pour ce qui concerne les points de friction sur l’opportunité de cette révision ou encore le renforcement des pouvoirs du président de la République, Me Tapo a soutenu qu’il n’y a pas lieu de s’agiter. Selon lui, la Cour constitutionnelle a déjà tranché la question de l’article 118 estimant que l’insécurité résiduelle dans certaines parties du territoire n’empêche pas la tenue du référendum. Toujours, ajoutera Me Kassoum Tapo, dans la Constitution de 1992, le président de la République aurait pu se prévaloir de cette insécurité en s’arrogeant les pleins pouvoirs prévus par l’article 50.
Comment parler de renforcement de pouvoir quand on sait que dans la nouvelle Constitution il faut l’autorisation du congrès pour les pleins pouvoirs, s’est-il s’interrogé. La nomination du président de la Cour constitutionnelle par le président de la République ne saurait entacher l’indépendance de cette institution car celui-ci est nommé pour un mandat de 9 ans non renouvelable. L’initiative vise juste à empêcher une bataille électorale entre les 9 sages pour l’élection du président de la Cour.... suite de l'article sur L’Essor