Bamako, 19 juin 2017 (AFP) - Cinq suspects ont été arrêtés dans l'enquête
concernant l'attaque jihadiste visant des étrangers près de Bamako dimanche,
au cours de laquelle quatre assaillants ont été tués, a annoncé lundi le
ministre malien de la Sécurité, le général Salif Traoré.
Les réactions de solidarité internationale se succédaient au lendemain de
ce premier attentat anti-occidental depuis plus d'an dans la capitale
malienne, qui a fait deux morts, outre les assaillants, mais dont une
quarantaine de civils ont réchappé.
Selon les premiers bilans, parmi les tués figure une cliente
franco-gabonaise. Mais le ministère français des Affaires étrangères n'a pas
confirmé, faisant état de "vérifications pour déterminer la présence
éventuelle de ressortissants français parmi les victimes" et ajoutant qu'un
Français était "porté disparu".
Une vingtaine de membres des forces spéciales maliennes se trouvaient lundi
dans le campement Kangaba, un vaste "ecolodge", site de détente en périphérie
de Bamako prisé des expatriés et fondé par un Français, dont l'accès était
interdit à la presse, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cette cible en évoque d'autres visées par les groupes jihadistes du Sahel
ces dernières années, notamment la station balnéaire ivoirienne de
Grand-Bassam (mars 2016, 19 morts, dont huit étrangers).
Le Mali est sous état d'urgence quasiment sans interruption depuis
l'attentat contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui
avait fait 20 morts, outre ses deux auteurs. Cet attentat avait été revendiqué
par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en coordination avec le groupe
jihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, rallié à Aqmi.
Le bilan moins lourd dimanche que lors d'attaques similaires s'explique
notamment par l'étendue du site, offrant des possibilités de cachette aux
victimes, a indiqué à l'AFP un employé du campement, Lancina Traoré.
"Quand j'ai vu les terroristes, tout de suite j'ai indiqué un trou où se
sont cachés les clients. Après ils sont sortis" de leur abri, a-t-il dit,
précisant que les assaillants étaient de "peau claire".
"Quatre assaillants ont été tués et cinq autres faits prisonniers. C'est le
nouveau bilan", a déclaré à l'AFP le ministre de la Sécurité, sans autre
précision.
- Appui à la force du G5 Sahel -
Selon le ministère, une quarantaine de personnes ont pu être sauvées par
l'intervention des forces de sécurité, dont 14 Maliens, 13 Français, deux
Espagnols, deux Néerlandais et deux Egyptiens.
La présence parmi les clients de militaires de la mission européenne de
formation de l'armée malienne (EUTMMali) et de la force de l'ONU, la Minusma,
qui ont pu offrir une première riposte, a pu également jouer, selon des
témoins.
Le président français Emmanuel Macron est attendu à Bamako le 2 juillet
pour le prochain sommet du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger,
Tchad), qui doit porter sur le déploiement d'une force conjointe de ces pays,
une initiative qui se heurte à des réticences au Conseil de sécurité de l'ONU,
en particulier des Etats-Unis.
"On est ensemble dans cette lutte contre le terrorisme", a déclaré lundi la
chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Federica Mogherini,
soulignant la contribution de l'EUTMMali et l'appui financier de 50 millions
d'euros promis le 5 juin à la force conjointe du G5 Sahel lors de sa visite à
Bamako.
Les forces spéciales maliennes ont été soutenues dans leur intervention par
les militaires de l'opération française antijihadiste Barkhane et de la
Minusma.
Par ailleurs, dans le nord du pays, une attaque contre un poste de l'armée
à Bamba lundi a fait un tué et deux blessés parmi les soldats, ainsi qu'un
mort chez les assaillants, a-t-on appris de source militaire.
La dernière attaque jihadiste visant des Occidentaux à Bamako remonte à
mars 2016, contre un hôtel abritant l'EUTMMali. Un assaillant avait été tué.
Le 9 juin, l'ambassade des Etats-Unis avait publié une consigne de sécurité
à l'intention des citoyens américains les informant d'une "menace d'attaques
accrue" à Bamako dans les lieux fréquentés par les Occidentaux.
Dans une tribune publiée en janvier lors du sommet Afrique-France à Bamako,
le propriétaire du campement Kangaba, Hervé Depardieu, s'était insurgé contre
les alertes de sécurité des chancelleries occidentales, dont il dénonçait les
incohérences.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont été en grande partie chassés de
cette région par une intervention militaire internationale lancée en janvier
2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et
étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières malgré la
signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement
les jihadistes, dont l'application accumule les retards.
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