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Armée amputée, France déclassée
Publié le mardi 26 mars 2013  |  LeMonde.fr


© Autre presse par EMA
Les forces maliennes (FAMA) appuyées par les soldats français de l’opération Serval
Le 21 janvier 2013, les forces maliennes (FAMA) appuyées par les soldats français de l’opération Serval ont repris aux terroristes les villes de Diabaly et de Duentza. Cette conquête permet désormais, en complément du dispositif en place aux alentours des villes de Mopti et de Sévaré depuis le 19 janvier 2012, de couvrir l’accès vers la capitale malienne et d’empêcher les groupes terroristes de menacer le Sud du Mali.


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L’affaire est paradoxale. Au moment où il vante les performances de l’armée française au Mali, et ailleurs, le gouvernement s’apprête à démanteler ladite armée ou à en réduire considérablement le potentiel. Ce que la France réalise aujourd’hui au Sahel, il y a peu de chances qu’elle puisse encore le faire dans cinq ans. Elle n’en aura plus les moyens.
Du moins si François Hollande ne revient pas sur les coupes qui se préparent dans le budget militaire, et qui devaient être présentées, mardi 26 mars, en conseil de défense à l’Elysée. Elles sont plus que déraisonnables. Elles entérinent le déclassement militaire du pays.

M. Hollande est arrivé au pouvoir en demandant la rédaction d’un nouveau Livre blanc sur la défense. Le président entend actualiser la carte des besoins stratégiques de la France. Le document sera bientôt prêt. Il devrait servir de base à la prochaine loi de programmation budgétaire militaire, qui couvre la période 2014-2019.
On peut comprendre que l’armée participe à la cure d’austérité imposée à l’Etat pour ramener le déficit budgétaire sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB). Encore que les militaires aient déjà subi un régime impitoyable – et abusif – du temps du président Nicolas Sarkozy. Mais, cette fois, la logique financière l’emporte sur toute autre considération : appliquées telles quelles, les propositions de coupes qui sont sur la table reviendraient à amputer terriblement l’outil militaire.
Deux hypothèses sont soumises au président : l’une est inacceptable, l’autre à peine moins. Dans un cas comme dans l’autre, toutes les armes sont touchées. Le budget de la défense passe en dessous du seuil de 1,3 % du PIB – très en deçà des 2 % demandés par l’OTAN pour maintenir les capacités de l’Alliance. Le nombre d’hélicoptères, de Rafale, de blindés diminue considérablement, les effectifs aussi, les grands programmes d’armement du futur sont réduits à la portion congrue.
En un mot, la France changerait de rang.
Au moment où la Grande-Bretagne choisit, hélas, le même chemin, la France renoncerait à appartenir au club des puissances militaires qui comptent encore et placerait de facto sa sécurité sous le parapluie américain. C’est absurde stratégiquement : les menaces ne diminuent pas, les Etats-Unis se retirent d’Europe, seule région à désarmer quand toutes les autres – Russie, Brésil, Chine– accroissent leur effort de défense.
C’est une bêtise économique et sociale, tant seraient touchés l’emploi ou le savoir-faire technologique. C’est injuste politiquement : plus qu’aucun autre secteur de l’Etat, l’armée a su se réformer pour devenir l’un des services publics les plus efficaces. A bien des égards, elle est même un modèle de formation professionnelle et d’intégration.
Il y a une solution. Renoncer à de pareilles coupes et obtenir ceci au sein de l’Union européenne : Londres et Paris assurant l’essentiel de la défense de l’Europe, leurs dépenses militaires devraient être largement défalquées dans le décompte des fameux 3 % de déficit budgétaire. Ce serait de bonne guerre, si l’on peut dire.

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