«Ce qui est en cours n’est pas une révision, c’est un bricolage de la Constitution de 1992. La dernière preuve de bricolage est apportée par l’avis émis par la Cour constitutionnelle le 6 juin. La Constitution, c’est la Loi fondamentale du pays. Elle fixe les règles du jeu politique et institutionnel. Si elle n’est ni le Saint Coran ni la Sainte Bible, elle ne doit pas, elle ne peut pas être révisée sans dialogue politique, sans concertation avec l’opposition et les forces vives du pays. Le président et son gouvernement tentent en ce moment un passage en force qui procède du mépris et de l’arrogance et qui heurte la conscience démocratique. Au moins 500 personnes sont mortes dans notre pays entre le 1er janvier et le 8 juin 2017. Plus de 500 écoles sont restées fermées au nord et au centre. Des dizaines de milliers d'élèves sont restés à la maison à la merci des démons de la rue et des jihadistes. Des centaines d'enseignants craignant pour leur sécurité ont abandonné leurs classes et leurs élèves. Au moins 70 sous-préfets ont été contraints de fuir leurs postes. “Dans ces conditions, vouloir organiser un scrutin référendaire relève de la cécité et du manque de sagesse. Ensuite, cette tentative ne règle aucune des équations relatives à la restauration de la stabilité, de la sécurité et de l’intégrité du territoire national. Dans tous les cas, nos bricoleurs sont obligés de retourner devant le Parlement car malgré leur toute puissance, ils n'ont aucun droit de procéder à des ‘tugutugu-bari-bari’ (retouches) sur la Loi fondamentale. Le président a amplement démontré ces dernières années qu'il est tout sauf un homme de dialogue. On se souvient que c'est seulement après la débâcle militaire et politique, l'humiliation de la nation en mai 2014 à Kidal qu'il s'est rendu à Canossa-en-Alger, soit neuf mois après sa prise de fonction. Avec les résultats que l’on sait.»
Déclaration du CNID- YT sur la révision de la constitution du 25 février 1992
Le Comité Directeur du CNID – FYT ;
- Soucieux de la préservation du climat social dans un contexte particulièrement difficile pour notre pays ;
- Convaincu que le projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992 comporte des avancées considérables pour l'approfondissement de la démocratie au Mali ;
- Constatant aussi que certaines autres dispositions sont fortement contestées par une partie de la classe politique et de la société civile ;
- Rappelant que l'un des objectifs majeurs recherchés par la révision constitutionnelle est de permettre la mise en œuvre de mesures favorisant la paix et la réconciliation entre les Maliens ;
- Constatant cependant que la révision ouvre de nouveaux points de fracture qui risquent de s'approfondir et d'approfondir les clivages entre Maliens au moment où la quête de l'unité nationale est une impérieuse nécessité ;
- Constatant en outre qu'une erreur matérielle porte sur la formule du serment que doit prononcer le Président de la République avant sa prise de fonction ;
- Estimant qu'une telle erreur doit être corrigés par l’Assemblée nationale a travers une deuxième lecture de la loi ;
- Convaincu que cette relecture pourrait offrir l’opportunité de débats plus approfondis, plus inclusifs avec des concessions mutuelles sur les principaux points de divergence ;
- Convaincu qu'un texte consensuel pourrait sortir de tels échanges et que ceux qui refuseraient les concessions indispensables s'auto-marginaliseraient ;
- Estimant enfin que le temps n’est pas à se compter mais plutôt à se rassembler ;
- invite respectueusement monsieur le président de la République à demander à l'Assemblée nationale une deuxième lecture du projet de loi portant révision de la constitution du 25 février 1992.
- invite les Maliennes et Maliens, la société civile et la classe politique, dans cette hypotypose, à rechercher et trouver un compromis dynamique dans l'intérêt supérieur de notre pays.
Fait à Bamako le 17 juin 2017
Le Comité Directeur